Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Méditations sur le Cantique de Salomon



CHAPITRE 1er

Versets: 1, 2, 3 ,4, 5 & 6, 7, 8, 9 à 11, 12, 14, 15, 16 & 17.

VERS. 5-6. -
«O filles de Jérusalem, je suis noire, mais je suis agréable comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon. Ne me regardez pas parce que je suis noire, car le soleil m'a regardée; les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m'ont mise à garder les vignes, et je n'ai point gardé la vigne qui était à moi. »

L'épouse a parlé des embrassements du Roi, de son amour, de son nom et de ses chambres. Maintenant, remuée par quelque chose qui s'est présenté, elle rappelle et confesse sans réserve ce qu'elle est en elle-même. Mais en même temps, elle affirme avec bonheur ce qu'elle est aux yeux de Christ! Vérité nécessaire dans tous les temps, si nous voulons nous conserver dans un bon équilibre d'esprit. Plus nous connaîtrons complètement l'indignité, le caractère incurable de la chair, plus nous apprécierons l'excellence de Christ, et plus nous comprendrons l'oeuvre du Saint-Esprit. Tant que la dépravation totale de la nature humaine ne sera pas reconnue dans l'âme comme une réalité, il y aura de la confusion dans notre expérience, quant aux vaines prétentions de la chair et aux divines opérations de l'Esprit.

Il n'y a absolument rien de bon dans l'homme naturel. Le plus avancé dans la vie divine a dit: «En moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien.» Comme c'est absolu, sans exception! «Point de bien.» Mais ne pourrait-on pas l'améliorer par des soins constants, par la prière et la vigilance? Non, jamais, elle est incurable. Il y a longtemps, que cela à été affirmé par le Dieu de vérité. (Lisez Gen. VI.) «Et Dieu vit que la malice des hommes était très grande sur la terre, et que toute l'imagination des pensées de leur coeur n'était que mal en tout temps... Et Dieu dit à Noé: la fin de toute chair est venue devant moi.» La chair n'est capable que du mal, et du mal en tout temps. Il est vrai que chez quelques-uns, il se trouve une nature polie, cultivée, des moeurs douces, des manières élégantes; tandis que chez d'autres, la nature est rude, inculte, grossière; mais chez les uns comme chez les autres, c'est la chair de laquelle il est écrit « qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas ». Il est possible que nous ne soyons pas capables de plier une barre de fer, cependant elle peut être étendue sous le marteau de telle sorte qu'elle devienne tout à fait flexible, mais c'est encore le même fer. Son apparence a changé, quoique sa nature soit la même. En admettant que tout cela soit vrai de notre triste nature morale, pourquoi l'appeler «une vérité nécessaire à un bon équilibre d'esprit». Parce qu'elle nous rend capables de distinguer entre la chair et l'Esprit, et de savoir d'où peut venir telle pensée, telle suggestion, ou tel penchant. Il est de toute importance de voir qu'ils sont tous les deux en nous, et que l'un est le bien sans mélange, et l'autre, le mal, sans mélange aussi. Une confusion inextricable, le trouble, l'angoisse, et, dans certain cas, une mélancolie profonde, sont les malheureux résultats de l'ignorance où l'on est sur ce point, je veux dire sur le sujet des deux natures. Il ne saurait provenir rien de bon de notre nature charnelle.
Supposez que je rencontre une personne profondément inquiète à l'égard de son âme, et ardemment désireuse de connaître Christ et le salut. Je sais d'une manière certaine que le Saint-Esprit est à l'oeuvre dans cette âme. De semblables désirs pour Christ et le salut sont bons et ne sauraient jamais provenir d'une nature qui hait à la fois Dieu et Christ, et qui aime mieux ce monde que le ciel. Il est possible sans doute que l'âme éprouve beaucoup d'angoisse, et soit. remplie d'incertitudes et de craintes quant à l'issue, et même qu'elle refuse d'être consolée: mais dans la pensée de Dieu, elle est sauvée déjà; elle se réjouira lorsqu'elle croira la vérité. La bonne oeuvre était commencée dans l'âme du fils prodigue, lorsque, pour la première fois il dit en lui-même: « Je me lèverai et je m'en irai vers mon père. » L'Esprit de Dieu satisfera pleinement tout désir qui procède de lui. Christ lui-même est la parfaite réponse à tous les désirs du coeur, renouvelé par l'Esprit de sainteté.

L'Écriture Sainte nous enseigne trois points d'une importance journalière, pratique, savoir: que la chair est opposée à l'Esprit, que Satan est opposé à Christ, et que le monde est opposé au Père. (Gal. V; Gen. III; 1 Jean II.) Ce sont là nos trois grands ennemis, et il en résulte qu'il importe beaucoup de savoir de quel côté nous sommes. C'est ainsi, par exemple, qu'au lieu de me mettre en perplexité pour rechercher où commence le monde, et où il finit, en quoi consiste la mondanité, je n'ai qu'à me demander simplement: « Cela est-il du Père? » Dans des centaines de cas, il serait impossible de dire où la mondanité commence, où elle finit, en regardant à la chose elle-même; mais vous pouvez bientôt reconnaître si. une chose « est du Père ». Et quand nous voyons qu'elle n'est pas du Père, elle est du monde.

L'Écriture ne connaît pas de principe intermédiaire, de principe neutre. La même règle s'applique aux deux autres points que nous avons indiqués. Tout ce qui n'est pas de l'Esprit est de la chair, et tout ce qui n'est pas de Christ est de Satan.
Mais, quoique nous soyons entrés dans ces détails pratiques en méditant les paroles de l'épouse, nous ne pensons nullement que de semblables pensées aient occupé son esprit. l'expérience de l'âme, chez les Juifs, étant plutôt d'un caractère plus extérieur, temporel et typique.

«Je suis noire. » Ces paroles sont relatives à son aspect extérieur, à son teint; elle est brûlée par le soleil. Et à cause de cela, elle ressent vivement le curieux regard des filles de Jérusalem. «Ne me regardez pas parce que je suis noire, car le soleil m'a regardée.» Il fut un temps où la fille de Sion était belle et glorieuse, un sujet de louange sur la terre. «Ta renommée, dit le prophète, se répandit parmi les nations à cause de ta beauté; car elle était parfaite à cause de ma magnificence que j'avais mise sur toi, dit le Seigneur, l'Éternel. » (Ezéch. XVI, 14.) Mais, pour son ingratitude et son infidélité, elle fut réduite à la triste condition d'une pauvre esclave brûlée par le soleil. Le prophète Jérémie dans ses « Lamentations» sur la ruine de Jérusalem, décrit aussi de la manière la plus touchante, non seulement ce qu'elle fut jadis, mais ce qu'elle est devenue à la suite de l'affliction et de la souffrance: « Ses Nazaréens étaient plus purs que la neige, plus blancs que le lait; leur corps était plus vermeil que des rubis, leur taille un saphir. Leur figure est plus sombre que le noir, on ne les connaît point dans les rues; leur peau s'attache à leurs os; elle est sèche comme du bois. » (IV v. 7.) Certes, il peut bien s'écrier dans l'amertume de son âme: « Comment l'or est-il devenu obscur, et l'or fin a-t-il été changé? » 0 mon âme, si les fruits du péché sont redoutables, amers et tristes, dans ce monde où cependant «la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement », quels ne seront-ils pas dans le monde à venir où il n'y a plus d'espérance, et où le désespoir s'empare de l'âme coupable? Peux-tu reporter tes regards sur la croix, et y voir tes péchés, tous tes péchés, jugés, expiés, lavés dans le sang de Christ? Dieu et la foi, connaissent seuls la puissance du sang de Jésus versé sur la croix, et se glorifient dans son éternelle efficace. Juge donc pleinement, aujourd'hui, le mal qui se trouve en ton coeur ainsi que tes voies, et rappelle-toi que Christ en a porté tout le poids à la croix. Ce qui a été imputé à Christ ne te sera jamais imputé. « Bienheureux est l'homme à qui l'Éternel ne compte pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude. » (Ps. XXXII, 2.)

Lorsque je vois que Christ a porté et a ôté pour toujours, par le sacrifice de Lui-même, tel péché sur lequel je pleure, toute fraude s'en va; je n'ai aucun désir de cacher, d'atténuer, ou d'excuser mon péché. Il fut ôté à la croix, et maintenant il est pardonné sur ce fondement. En présence d'un tel amour et d'une bonté pareille, la crainte est bannie; je suis dans une entière liberté et le coeur au large devant mon Dieu et ne puis que célébrer le Seigneur pour la grâce infinie dont il a usé envers moi.

Le terme « noire » sert généralement dans l'Écriture à exprimer un état d'affliction, de souffrance et de persécution. «Ma peau, dit Job, devient noire et se détache de dessus moi et mes os sont brûlés par la sécheresse. » (Chap. XXX, 30.) Il en est particulièrement ainsi d'Israël rebelle. Mais dans notre passage, la confession que fait l'épouse est rattachée avec beaucoup de charme à la foi en Christ et devient ainsi moralement la fidèle expression de tous les croyants. « Je suis noire, mais je suis agréable. » En moi-même, noire comme le péché; - en Christ, plus blanche que la neige.

Tel sera, dans le dernier jour, le langage du résidu craignant Dieu, qui aura passé par les profondeurs de la détresse de Jacob, et que l'ardeur de « la grande tribulation » aura, à vrai dire, douloureusement noirci. Non seulement ces Juifs pieux seront persécutés sous l'Antéchrist, le grand oppresseur, mais même leurs frères selon la chair se tourneront contre eux: «Écoutez la parole de l'Éternel, vous qui tremblez à sa parole; vos frères qui vous haïssaient et qui vous rejetaient à cause de mon nom, disaient: Que l'Éternel soit glorifié: et que nous voyions votre joie ! Mais eux ils seront confus. » (Es. LXVI, 5.)

C'est là, croyons-nous, ce à quoi fait allusion l'épouse maintenant joyeuse: « Les fils de ma mère se sont irrités contre moi: ils m'ont mise à garder les vignes. » Comme une autre Ruth, les vignes auxquelles elle fut forcée de travailler sont devenues siennes. Et heureuse désormais dans l'amour de son grand libérateur et de son riche Seigneur, elle peut parler librement de ce à travers quoi elle a passé, et de ce qu'elle était encore à ses propres yeux: « noire comme les tentes de Kédar - gracieuse comme les tentures de Salomon. »

Les fils d'Ismaël, à ce qu'on rapporte, se servent des peaux rudes, velues, de leurs boucs noirs pour la couverture extérieure de leurs tentes, qui ont ainsi dans le désert, à l'oeil du voyageur, un aspect extrêmement noir sous les rayons d'un brillant soleil. Et très certainement, placé, dans sa meilleure condition, sous les rayons du soleil de justice bien autrement brillant, l'homme serait de beaucoup plus noir que la tente de l'Arabe sauvage. Mais, ô pensée trois fois heureuse ! si le sentiment de notre laideur peut nous troubler encore, il ne trouble plus le bien-aimé Seigneur: notre laideur tout entière est éloignée de ses yeux, et pour toujours. Le jugement de Dieu et celui de la foi sont toujours les mêmes. tes péchés qui étaient en grand nombre sont pardonnés: « Le sang de Jésus-Christ, le fils de Dieu, nous purifie de tout péché. »

L'expression «tentures de Salomon», peut avoir trait au magnifique voile du temple de Salomon, type de la sainte humanité de Jésus. Tous les croyants, cependant, seront rendus semblables à l'Homme parfait, maintenant dans le ciel, le chef de la nouvelle création. « Comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste. » (1 Cor. XV, 49.) Les «filles de Jérusalem » introduites ici, sont évidemment distinctes de l'épouse, quoique étroitement unies avec elle, ainsi que le montre la place importante qu'elles occupent dans cette magnifique scène. Si l'épouse représente la cité bien-aimée, Jérusalem, la capitale terrestre du grand roi, les filles de Jérusalem peuvent représenter les villes de Juda, circonstance qui nous explique leur présence et leur place en maintes occasions, quoiqu'elles n'atteignent jamais dans la faveur du roi la position de l'épouse. Selon la parole du Seigneur, Jérusalem doit avoir toujours la prééminence: « Car maintenant j'ai choisi et sanctifié cette maison, afin que mon nom y soit à jamais; et mes yeux et mon coeur seront toujours là. » (2 Chron. VII, 16.)

VERS. 7. -
Dis-moi, toi qu'aime mon âme, où lu pais ton troupeau, où tu le fais reposer à midi; car pourquoi serais-je comme une femme voilée auprès des troupeaux de les compagnons?

Maintenant un changement béni a eu lieu dans l'occupation de l'épouse. L'époux remplit son coeur et ses regards. Le moi a disparu! Quelle grâce ! Il ne s'agit plus maintenant du moi noir, ni du moi gracieux. C'est toujours malheureux, en définitive, d'être occupé du moi. Si les regards se portent sur le moi, an dedans, au lieu de se porter au dehors, sur Christ, il en résulte des angoisses et des douleurs sans nombre.
Ce magnifique verset, ô mon âme, renferme trois choses qui méritent bien que tu les médites sérieusement.

I.
L'affection ardente du coeur. Elle ne dit point, remarque-le, «ô toi que mon âme » doit aimer, ou même désire aimer, mais «ô toi qu'aime mon âme.» Il y a dans son coeur une brillante flamme d'amour pour son Seigneur et Sauveur. Elle L'aime Lui-même. «Dis-moi, toi.» C'est là l'étroite intimité, «moi » « toi » - « toi » «moi». Condition heureuse pour une âme! Qu'est-ce, ô mon âme, que tu en connais?
Le mot appréciation me semble plus propre à exprimer le peu que je 'connais de ce sujet béni, que l'idée d'une vive et ardente affection réellement sentie. Qu'y a-t-il parmi tout ce qui existe, je le demande, dont je me soucie plus que de mon Sauveur? - que je voulusse lui préférer? Qu'est-ce que cela? Est-ce de l'amour? Quel autre - quoi d'autre - est aimé davantage?
Mais, perspective radieuse ! le jour approche où mes yeux « verront le roi dans sa beauté ». Et alors ce coeur si froid, si paresseux, sera ravi de sa beauté, et brûlera à jamais pour Lui seul de la flamme pure d'un amour parfait. (Esaïe 33, 17.)

Il.
C'est de Lui-même directement qu'elle désire recevoir sa nourriture. « Déclare-moi... où tu pais ton troupeau. » Elle ne va point aux pasteurs d'Israël qui se souciaient plus de la toison que du troupeau, mais au Souverain Pasteur lui-même. Elle avait été amenée à Lui dans son caractère de roi, maintenant elle fait appel à Lui comme berger. Comme David jadis, il est le roi-berger; et avec quelle. bonté, quel amour et quelle tendresse, ne rassemblera-t-il pas encore les brebis d'Israël maintenant dispersées! Peut-on voir rien de plus miséricordieux et de plus beau que les versets que voici: « Car ainsi, dit le Seigneur, l'Éternel: Me voici moi, et je rechercherai mes brebis, et je prendrai soin d'elles. Comme un berger prend soin de son troupeau, au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées au jour de la nuée et de l'obscurité profonde. Et je les retirerai d'entre les peuples, et je les rassemblerai des pays et les ramènerai dans leur terre; et je les paîtrai sur les montagnes d'Israël, auprès des ruisseaux, et dans toutes les habitations du pays. Je les ferai paître dans un bon pâturage, et leur pare sera dans des hautes montagnes d'Israël; elles seront là couchées dans un bon parc, et paîtront dans de gras pâturages, sur les montagnes d'Israël. Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur, l'Éternel. » (Ezéch. XXXIV, v. 11-16.)

III.
Son coeur soupire après le repos que le troupeau goûte à midi: Dis-moi... où tu fais reposer ton troupeau à midi. » Communion personnelle, nourriture divine, et tranquille repos, telles sont les riches bénédictions après lesquelles maintenant son âme soupire avec ardeur. Fatiguée d'avoir vainement cherché la nourriture et le repos loin de Dieu, elle soupire après les verts pâturages et les eaux paisibles de son amour et de sa grâce. Ceux qui ont erré sur les sombres montagnes que ne réjouit jamais la lumière de la face de Dieu, connaissent leur terrible stérilité. Mais lorsque le rétablissement est complet et heureux, l'herbe fraîche et tendre est plus douce que jamais. L'église ayant goûté le bonheur qui se trouve dans la communion avec le Seigneur, tout son désir, maintenant, est que celle-ci croisse et ne s'interrompe plus.

La pensée que les autres peuvent douter de sa sincérité la trouble extrêmement. « Car pourquoi, ajoute-t-elle, serais-je comme une femme voilée auprès des troupeaux de tes compagnons? » Quels sont ces « compagnons », c'est ce qu'il est peut-être difficile de dire, à moins qu'ils ne soient des sous-bergers qui pourraient ne pas la comprendre, ou ne pas sympathiser avec elle comme le berger royal lui-même. Lui connaissait son coeur; elle pouvait se confier à Lui. Le terme « voilée » semble suggérer l'idée d'une personne suspecte (Gen. XXXVIII, 15). C'est quelque chose de très blessant pour une âme honnête, une âme droite, mais ce n'est pas extraordinaire. Plusieurs de ceux qui font profession d'être les pasteurs des brebis de Dieu, sont peu en état de comprendre la voie d'une âme qui marche avec le Seigneur en dehors de toutes prescriptions, de toutes règles d'homme, et qui désire plaire au Seigneur, quand même il lui faudrait pour cela déplaire à tout le reste. Il existe une énergie de l'amour qui élève bien au-dessus de tous les arrangements humains, et qui met en communion immédiatement avec le Seigneur, et non pas médiatement: une énergie qui ne peut s'accommoder de la lente routine des formes humaines. Une personne animée d'un esprit semblable sera très vraisemblablement mal comprise, et représentée comme suspecte par ceux qui suivent des chemins plus battus : comme Anne, la mère de Samuel, qui priait avec une énergie intérieure, spirituelle, qu'Héli, le sacrificateur de Dieu, ne comprit point. Le Seigneur seul, connaît le motif du coeur, et la source de l'énergie.

Mais voilà que juste au moment où la bien-aimée souffrait dans son âme des bas soupçons des autres, le bien-aimé apparaît pour sa consolation. C'est la première fois que nous entendons la voix de l'époux. Mais quelle grâce en découle pour elle ! quelles paroles que celles qui tombent de ses lèvres ! « 0 la plus belle des femmes ! » est la première expression de son coeur, et elle suffit certainement pour adoucir la plus grande amertume d'âme.

L'épouse pouvait ressentir du trouble de sa propre apparence, et de l'indignité des pensées des autres ; mais une pareille assurance de l'amour et de l'estime de Christ est bien propre à éloigner tout son chagrin, et à remplir son coeur d'une joie sans bornes. Au lieu de la voir comme elle est elle-même «noire comme les tentes de Kédar - comme une esclave du dehors flétrie par le soleil » Christ lui assure qu'il l'estime non seulement, belle et gracieuse, mais la plus belle parmi les femmes.

VERS, 8. -
Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes ! sors sur les traces du troupeau, et pais les chevreaux, près des habitations des bergers.

La réponse de l'époux est prompte et nette, mais rien de plus. Elle n'exprime aucune approbation quant aux questions faites par l'épouse, questions fort importantes assurément. Pourquoi en est-il ainsi? Le bien-aimé ne prend-il pas plaisir à entendre de telles questions de la part de sa bien-aimée? Il ne le dit pas, quelle que soit? leur importance. Il prend son plaisir en elle-même, et lui en donne l'assurance dans les termes les plus forts. « 0 la plus belle parmi les femmes ! » Son amour est invariablement le même. Heureuse pensée ! Rien de ce qui peut se trouver dans ses foies, rien de tout ce que les autres peuvent dire à son sujet, ne saurait jamais altérer l'affection de son coeur pour son épouse, quoique, hélas, il y ait, dans ce qu'elle dit et ce qu'elle fait, bien des choses qu'il ne saurait approuver. Le croyant est, personnellement, parfait en Christ et aux yeux de Christ. Il est «justifié de toutes choses », mais, dans la pratique, sa vie est pleine de manquements.

Dans ce cas-ci, la manière dont il s'adresse à elle, et sa réponse à ses questions, respirent un esprit différent. Pourquoi cela? demandé-je encore. Mon âme voudrait savoir la pensée du Maître. Que ne m'est-il accordé de voir un brillant rayon de la lumière du Saint-Esprit illuminer la page sacrée! Je connaîtrais alors, non pas simplement la lettre de l'écriture, mais les pensées et les sentiments de l'Esprit d'où elle découle. Apprends donc, ô mon âme, que jamais l'écriture n'exprime d'approbation, excepté quand elle est compatible avec la vérité et la sainteté. Combien souvent ne nous arrive-t-il pas de prier pour des choses que nous avons? Qu'il nous arrive souvent de demander lumière et direction quant à notre marche, lorsque la lumière d'un ciel sans nuage brille sur le chemin que nous devions suivre ! Naturellement la brebis est, de toutes les créatures des champs, la plus facile à s'égarer.

N'y a-t-il pas dans ce petit mot « si », quelque chose qui semble impliquer que Christ s'attendait à ce qu'elle eût connu le sentier de son troupeau? Comme s'il avait dit - sûrement tu le sais. Ma pensée sur toutes ces questions, comme pasteur d'Israël, est clairement devant toi: pourquoi toi que j'aime ne lis-tu pas et ne comprends-tu pas ma parole? Il ne peut faire des reproches, cependant son amour est fidèle. C'est de la même manière qu'il dit à Philippe: «Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as connu, Philippe? » Avec qu'elle douceur il conduit ! Quelle bonté même dans les reproches de son amour !

Les jeunes chrétiens, en général, se préoccupent très peu de la communion chrétienne, telle qu'elle est enseignée dans la parole de Dieu. La plupart d'entre eux suivent la marche qui leur convient le mieux ou qui leur est le plus agréable, sans que leur conscience soit travaillée pour savoir s'ils marchent sur les traces du troupeau. Il peuvent avoir raison ou avoir tort quant à la voie qu'ils suivent, mais ils n'ont jamais examiné la parole de Dieu avec prière, pour s'assurer de sa pensée sur ce point. Si l'église eût continué de marcher dans ce qui est bon et droit aux yeux du Seigneur, pour lui plaire à tous égards (Col. I, 9-10; comp. Deut. XII, v. 8 et v. 28), il n'y aurait pas eu lieu à un exercice de conscience et à un examen semblable; mais l'église professante, se trouvant aujourd'hui réprouvée par le Seigneur, il est convenable que tout enfant de Dieu sonde les écritures afin de connaître la volonté du Seigneur, en revenant à ce qui est dès le commencement.

Il est douloureux de voir, néanmoins, tant de chers rachetés du Seigneur considérer ce sujet comme n'étant pas essentiel et n'ayant pas d'importance. Une pareille pensée, qu'il me soit permis de le dire affectueusement à ceux qui la tiennent, n'a jamais procédé de la bible. Elle est très déshonorante pour Dieu et très préjudiciable à l'âme. Les épreuves par lesquelles nous voyons passer l'épouse, dans les diverses parties de ce livre, paraissent entièrement dues à sa négligence des instructions données ici. Nous sommes convaincus que la communion ecclésiastique vient en importance immédiatement après le salut de l'âme. Si le chrétien y est indifférent et n'a pas la conscience exercée sur la pensée du Seigneur à cet égard, il peut être certain de marcher selon sa propre volonté. Et alors quelles en doivent être les conséquences? Dieu est dépouillé de sa gloire ; sa parole est mise de côté; le Maître n'est point suivi ; l'Esprit est contristé, et l'âme perd sa fraîcheur. En de telles circonstances, «le premier amour» décline bientôt, et le prix et la joie font place aux doutes et aux craintes.

Il s'en trouve comparativement bien peu, croyons-nous, qui gardent longtemps leur premier amour dans toute sa fraîcheur divine. Bientôt on ne se souvient que faiblement du sentiment vif que l'on avait d'abord du grand amour » du Seigneur, et de la manière dont Il est venu au devant de toutes nos nécessités. C'est là déchoir de notre premier amour. Et comment cela se fait-il? Au lieu de continuer d'avancer dans une plus parfaite connaissance du Seigneur et de ne chercher qu'à lui plaire, nous choisissons notre propre chemin, nous suivons notre propre volonté, et par là nous contristons le Saint-Esprit: par suite, les ténèbres s'épaississent sur l'âme. la lumière est, pour ainsi dire, repoussée, et nous devenons faibles et incertains en toutes choses.

En Math. Xl, le Seigneur fait mention de deux sortes de repos que nous pouvons bien signaler ici; « Venez à moi vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. » Ce repos-là est le don immédiat de son amour par la foi en lui: tous les croyants, sans exception, le possèdent. Dès que nous venons à Jésus, tous nos pénibles et vains efforts pour le salut prennent fin, et le lourd fardeau de péchés sous lequel nous gémissions est enlevé pour toujours. Mais le Seigneur dit ensuite: «Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur; et vous trouverez le repos de vos âmes.» Quant au repos de la conscience, Il le donne au moyen du pardon de nos péchés, du moment que nous croyons en lui pour ce qui est du repos du coeur, nous le trouvons dans l'obéissance et la soumission à sa volonté: « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi... et vous trouverez le repos » - repos et paix en toutes circonstances, quelque difficiles qu'elles soient. Ce passage fait comprendre pourquoi, chez tant de chrétiens, des inquiétudes d'âmes suivent de si près les joies de la conversion, et pourquoi, lorsque des difficultés surviennent, tout eu connaissant le pardon des péchés, ils sont inquiets et agités. La soumission à Christ, dans les détails de la vie, tant sociale qu'ecclésiastique, et le devoir d'apprendre de Lui sont, hélas! perdus de vue par la généralité des enfants de Dieu. Être sous le même joug avec Christ, c'est marcher côte à côte et pas à pas avec Lui: « Prenez mon joug sur vous. » Ce serait là en vérité marcher étroitement avec le Seigneur, et de cette manière nous trouverions à coup sûr le repos de nos âmes, car toute notre faiblesse retomberait sur Lui. Lorsque deux êtres sont ensemble sous un même joug, le fort peut constamment donner assistance au faible; et sûrement le plus faible, chrétien placé sous le même joug avec Christ, le Puissant, n'a rien à redouter: il ne saurait y avoir une difficulté pour Lui. Toutes nos vaines frayeurs s'évanouiraient devant Christ, et les roues de notre chariot se mouvraient légèrement à travers les sables les plus profonds du désert.

Mais on objectera peut-être que tout cela est assez clair quant à la marche et à la sainteté individuelles, mais que ce qui tient à notre marche et à notre position ecclésiastiques n'est pas aussi clairement révélé. Rien ne serait aussi peu convenable que de voir de jeunes chrétiens s'ériger en juges des diverses dénominations sous lesquelles se sont rangés ceux qui font profession de christianisme. Mais il est permis à tous, et c'est notre devoir à tous, jeunes et vieux, de nous enquérir de la pensée du Seigneur sur cet important sujet. Nous sommes placés sous une responsabilité collective, aussi bien que sous une responsabilité individuelle: et la parole du Seigneur nous parle aussi clairement de l'une que de l'autre.

Rien de plus clair, assurément, sur la communion ecclésiastique, que Matth. XVIII, 20: « Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » Ces paroles posent nettement la base de toute communion chrétienne - Christ pour centre, et les croyants rassemblés autour de lui par le Saint-Esprit. Remarquez que le Seigneur ne dit pas, où deux ou trois se rencontrent, ni où deux ou trois s'assemblent, mais, où deux ou trois sont rassemblés: faisant allusion par là à une énergie qui rassemble, et non pas simplement au choix ou à l'exercice de la volonté humaine. Le Saint-Esprit, nous le savons, est celui qui rassemble, mais la puissance qui agit sur la foi, c'est le nom de Jésus. (Jean XIV, XVI.) Christ est le centre donné de Dieu; oui, son nom est la puissance de rassemblement autour de ce centre, et les membres de son corps ceux qui «sont rassemblés », ses saints. C'est là l'église ou l'assemblée de Dieu ; et c'est ce que tout racheté doit rechercher, non pas dans les mots ou dans l'esprit seulement, mais dans un corps réellement existant.

« Et moi, je prierai le Père», dit le Seigneur bien-aimé, comme il était sur le point de quitter ses disciples, «et il vous donnera un autre Consolateur, pour être avec vous éternellement, savoir, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas, et ne le connaît pas; mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous, et qu'il sera en vous». (Jean XIV, 16, 17.) Tous les croyants sont rassemblés au nom de Christ, comme leur centre unique, constitués en un seul corps, et maintenus en une vivante unité par la demeure du Saint-Esprit. Remarquez particulièrement trois choses par rapport à la présence du Saint-Esprit dans l'église:
1° « Pour demeurer avec vous éternellement. » Non pas un temps limité, comme il en avait été du Seigneur lui-même, mais éternellement;
2° Il demeure avec vous ; envisagés comme formant une assemblée, Il sera avec vous;
3° et sera en vous; habitant en chaque croyant personnellement. Plus tard les apôtres enseignèrent clairement dans leurs épîtres ces précieuses vérités: «Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous?» (1 Cor. VI, 19.) « En qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l'Esprit. » (Eph. II, 22.)

Oh, la merveilleuse vérité ! Vérité précieuse et bénie ! L'Esprit « en vous» « avec vous,» «éternellement». Quel riche douaire que celui de l'Épouse de l'Agneau!

Maintenant, arrêtons-nous un peu à un fait qui illustre d'une manière pratique le passage Matth. XVIII, 20. « Le soir donc étant venu, ce jour-là, le premier de la semaine, et les portes du lieu où les disciples étaient, par crainte des Juifs, étant fermées, Jésus vint, et se tint au milieu d'eux. Et il leur dit : Paix vous soit ! Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur. Jésus donc leur dit encore; Paix vous soit! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit; Recevez l'Esprit Saint. »
(Jean XX, 19-22.) Nous trouvons là un vrai et délicieux tableau de l'Église de Dieu. *Christ au milieu, comme centre, et les disciples réunis autour de Jésus ressuscité. La paix, le culte, le service et l'esprit d'adoption les caractérisent. -
Une assemblée réunie sur cette divine base reconnaîtra la présence de Christ au milieu d'elle, et le Saint-Esprit comme conducteur suprême et comme source de l'édification et de la consolation. On s'attendra au Seigneur, pour être guidés par son Esprit, à la gloire de Dieu. (l Cor. XII, XIV.)

Ayant ainsi devant moi le précepte et l'exemple d'une manière aussi claire, ai-je besoin encore de venir au Seigneur et de lui demander où il paît son troupeau? Que peut-il dire de plus qu'il n'a dit? Je puis être complètement incapable de dire en quoi diffèrent les diverses sections de l'église professante, et ne pas être pour cela embarrassé pour m'assurer si l'une ou l'autre est en harmonie avec l'enseignement aussi clair de la Parole de Dieu. Ce que j'ai à demander au Seigneur, c'est donc plutôt qu'il me garde de tout chemin de traverse, qu'il me garde de suivre ma propre volonté, et qu'il daigne me conduire par son Saint-Esprit dans la voie de la vérité. Mais n'oublie jamais, ô mon âme, qu'Il s'est engagé lui-même à être là où ses disciples sont rassemblés en son nom. C'est là qu'ils paissent, c'est là qu'ils se reposent. Sa présence suffit pour remplir l'âme jusqu'à la faire déborder. « Ta face est un rassasiement de joie. » Le plus attrayant ministère, les observances les plus séduisantes, les plus chères associations, ne sont pas Christ. Sa sanction peut ou non leur manquer. ce que je désire, ce dont j'ai besoin, c'est de me trouver la où la foi peut dire avec certitude: Christ lui-même y est.

Quand c'est ton coeur, Jésus, qui nous rassemble,
Autour de toi, dans ton fidèle amour,
Oh ! quel bonheur d'adorer tous ensemble,
Et d'annoncer ta mort et ton retour.
 
Quelle douceur dans ce culte de frères,
Où l'Esprit Saint est le seul directeur,
Dans ce concert de chants et de prières,
Par tous offert d'un accord et d'un coeur,
 
Oui, là, Seigneur, ta présence se trouve,
Mettant le coeur en joie, en liberté,
Et dans la paix, tout fidèle en éprouve,
Et le pouvoir et la réalité.

« Pais les chevreaux près des habitations des bergers. » Avant appris de la parole de Dieu le vrai fondement et le vrai caractère de la communion chrétienne, nous sommes sous la responsabilité de guider dans ces sentiers, sur les traces du troupeau de Dieu, les jeunes chrétiens qu'il y a parmi nous. C'est là que sera trouvée la nourriture divine. qui convient aux vieux et aux jeunes. L'agneau apprend vite à suivre les traces de sa mère, et à se nourrir de la même pâture. Le royal berger d'Israël prend soin des agneaux de son troupeau. «Il paîtra son troupeau comme un berger; par son bras, Il rassemblera les agneaux et les portera dans son sein; il conduira doucement celles qui allaitent. » (Es. XL, 11.) Les plus faibles du troupeau étaient l'objet de ses tendres soins, quand il conduisit son peuple hors d'Égypte et par le milieu de la mer. «Il n'en demeura pas un ongle. », Et le matin, il se trouvait autour de leurs tentes de la nourriture pour tous, tout le temps qu'ils voyagèrent à travers le sombre et aride désert.

Notre miséricordieux Seigneur veut qu'il en soit ainsi maintenant, dans les assemblées de ses saints. Et là où le Saint-Esprit est libre dans ses opérations, il fournira sûrement du lait aux petits enfants, et de la viande solide aux hommes faits. L'Église est mentionnée comme « l'habitation » la tente ou le tabernacle de Dieu. (Eph. II, 22.) Avec quelle ardeur et quelle affection ne devrions-nous pas prier pour que tous les agneaux de Jésus fussent rassemblés là, où Dieu lui-même daigne habiter ! Puisse le nom de Jésus avoir plus d'attraits pour nos coeurs que tout autre nom!

Écoute-le, ô mon âme, ce bon Sauveur, disant, « Je suis là au milieu d'eux ». Quel autre, quoi d'autre, pourrait remplacer son absence? Que serait sur la terre la plus belle assemblée sans lui et le ciel même sans sa présence? Que devient le désert par l'effet de sa présence? le paradis de Dieu. De lui seul découlent la bénédiction, la joie, la félicité. Oh! que Dieu daigne rassembler tous les précieux agneaux de Jésus, dans le véritable troupeau du berger et du surveillant de nos âmes !


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