Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE 1er
Versets: 1, 2, 3 ,4, 5 &
6,
7, 8,
9
à 11,
12,
14,
15,
16 & 17.
|
Il n'y a rien que les hommes de ce monde
redoutent plus que la solitude et la
réflexion. Ils aimeraient mieux être
surchargés d'invitations et d'affaires que,
d'avoir du temps pour réfléchir. La
conscience mal à l'aise veut, en de tels
moments, Mire entendre sa voix; mais ses
avertissements sont souvent étouffés
par ce mot commode, devoir, et son honnête
discours est bientôt et volontiers
oublié. Il y a là des
péchés, beaucoup de
péchés; et la pensée de Dieu
comme juge du péché est une
pensée redoutable. L'état de
l'âme est tel, qu'elle ne peut supporter la
lumière, c'est pourquoi elle aime les
ténèbres. On saisit avec ardeur
toutes les occasions que présente la vie,
afin d'échapper au poids écrasant de
la réflexion. Les plaisirs du monde servent
aussi, en temps et lieu convenables, à
atteindre le même but.
Ainsi, on prend tout le soin
'possible pour éviter la solitude, et
n'avoir pas l'occasion de réfléchir
dans le calme et d'une manière
sérieuse. On n'accorde ni pensée ni
temps aux solennelles réalités de
l'âme; on néglige entièrement
la plus haute, la plus noble, la meilleure partie
de l'homme; on n'en prend aucun souci, et
on ne pourvoit à rien de
ce qui la concerne, malgré ses profonds, ses
pressants, ses éternels besoins. « Car,
que profitera-t-il à un homme, s'il gagne le
monde entier, et qu'il fasse la perte de son
âme? Ou que donnerait l'homme en
échange de son âme? »
(Marc VIII, 36, 37.)
Hélas ! tel est l'homme -
l'homme sans la connaissance de Dieu - sans la
connaissance de sa condition comme pécheur -
et sans la connaissance de Jésus comme
Sauveur des pécheurs.
Mais détourne pour un moment
ton attention, ô mon âme, d'une
scène si déchirante pour le coeur,
quelque forts, quelque tendres même que
soient les liens qui t'attireraient vers elle et te
pousseraient à en retirer des êtres
chers, et à les gagner à Christ.
Entretiens avec soin un esprit de méditation
dans les douces solitudes de la séparation
de l'âme d'avec le monde; moments
bénis où tout rayonne de la
présence du Sauveur, et où l'on
respire les joies ineffables du « Cantique des
Cantiques ». Plus la séparation d'avec
le monde est large, plus la communion avec
Jésus est profonde, plus aussi la
bénédiction qui en résulte est
riche. Dans l'esprit et le coeur, point de
sympathie pour le monde; et quoique dans le monde,
tenons-nous loin de son agitation et de ses
scènes impies ! Un profond abîme
sépare les croyants de ce présent
siècle mauvais: « Ils ne sont pas du
monde, a dit Jésus, comme moi je ne suis pas
du monde. » La position de Christ en
résurrection détermine la
nôtre, car nous sommes
ressuscités avec lui. Le calme, le repos
réfléchi de l'âme en communion
avec le Seigneur glorifié, sont les moments
les plus doux sur la terre. On peut les trouver
dans une chambre de maladie, au milieu des
scènes champêtres, dans l'exercice
d'une vocation ou dans l'accomplissement des
devoirs de la famille. Tout dépend de
l'état du coeur. Être seul, et
pourtant pas seul, quelle position bénie
!
Mais pourquoi appeler ce
précieux petit livre « Le Cantique des
Cantiques ? » Précisément parce
qu'il est de Salomon. C'est d'après le
même principe qu'il est appelé «
Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». La
prééminence en toutes choses lui
appartient. Il y a plusieurs cantiques dans
l'Écriture. Moïse, Marie et ses
compagnes, Débora et David chantèrent
tous la bonté du Seigneur., Il est dit de
Salomon lui-même « qu'il fit mille et
cinq cantiques »; mais pour celui-ci, il
l'appelle « Le Cantique des Cantiques ».
Il surpasse de beaucoup tous les autres. C'est la
mélodie profonde de coeurs remplis de
l'amour divin et qui trouvent leurs suprêmes
délices dans sa parfaite et libre
expression: « Nous, nous l'aimons parce qu'Il
nous a aimés le premier. » Oh! si
seulement nous étions toujours capables de
chanter le cantique du Sauveur avec le coeur et
aussi avec l'intelligence !
VERS 2. -
« Qu'il me baise des
baisers de sa bouche. »
|
Quelle affection pure, sereine et ardente
ressort de cette remarquable effusion ! C'est comme
l'élan d'affection, simple, et
néanmoins plein de
chaleur, entre les plus proches parents, quand ils
se rencontrent après une longue absence. Le
coeur est tellement plein de son objet, que tout le
reste disparaît complètement : formes,
cérémonies, circonstances ;
l'âme est transportée par l'heureuse
conscience qu'elle a de la place qu'elle occupe
dans le coeur de Jésus. Qu'il y en a peu
dans ce monde auxquels on pourrait s'adresser avec
autant de simplicité et d'affection !
Et cependant c'est là le
langage d'un pécheur sauvé, au saint
et glorieux Sauveur. Comprends-tu cela, ô mon
âme? Le coeur qui peut parler ainsi à
l'époux divin, à Jésus
glorifié dans le ciel, ne connaît ni
doutes ni craintes. De nos jours, plusieurs
traitent de présomption la confiance
entière l'amour parfait, qui exclut toute
crainte. S'ils osent s'aventurer à se
confier en Christ, c'est avec doute et crainte; et
cependant, c'est lui qui les a aimés et qui
s'est donné lui-même pour eux, qui
étaient des impies. Que doivent-ils donc
penser de la hardiesse de l'épouse? Qu'elle
s'est oubliée elle-même, qu'elle a
oublié sa place? Ah ! non, elle ne s'est
point oubliée: la conscience ayant
été purifiée de tout
péché par le sacrifice de
Jésus sur la croix, le coeur est maintenant
libre et heureux dans la présence du Christ
ressuscité et glorifié.
Or, le sang de Christ pour la
conscience, et la personne de Christ pour le coeur,
voilà ce qui est nécessaire à
un pécheur pourqu'il se sente chez lui et
heureux dans la chambre du roi. Ces deux choses
renferment toute bénédiction, et le
chrétien les
possède l'une et l'autre.
Seigneur, aide tous les tiens à le
croire.
Dans ce précieux petit livre,
«le Cantique des Cantiques», remarque-le
bien, ô mon âme, on ne trouve aucune
mention de péché, de pardon ou de
justification. Pourquoi cela? Ces questions ont
été réglées auparavant,
et maintenant le coeur est dans la jouissance d'une
pleine et parfaite liberté dans la
présence du Seigneur. Toutes ces questions
sont réglées lorsque le
pécheur est amené pour la
première fois aux pieds de Jésus;
elles sont réglées sur le solide
fondement de l'oeuvre accomplie et parfaite du
Sauveur, et ne peuvent plus jamais, non jamais,
être soulevées, pour ce qui concerne
Dieu et la foi ! Satan et
l'incrédulité de nos propres coeurs
peuvent bien chercher à agiter la question
pour toujours réglée, mais toutes
pensées semblables devraient être
traitées comme venant de ces sources. «
J'ai connu que tout ce que Dieu fait subsiste
à toujours; il n'y a rien à y
ajouter, ni rien à en retrancher. »
(Eccl. III, 14.) De là vient
que le coeur instruit de ces choses, se sent libre,
heureux et chez lui, dans la présence
immédiate du Seigneur, et cela aussi dans le
sens le plus élevé: « Qu'il me
baise des baisers de sa bouche. »
Ici, le coeur soupire, non par le
besoin de pardon, mais d'une preuve plus directe de
l'amour de Jésus. C'est Christ
lui-même qui l'occupe: ce n'est pas tant
quelqu'une de ses qualités, ou quelque
grâce particulière reçue de
lui, mais Lui-même personnellement. En le
possédant, lui,
l'âme le possède tout entier, toutes
ses bontés, et c'est alors qu'elle
s'écrie: «Qu'Il me baise des baisers de
sa bouche.» Elle ne songe pas à
expliquer de qui elle parle de cette
manière. Il y a dans l'amour une
énergie de condensation, aussi bien qu'une
énergie d'expansion. Cela nous rappelle le
coeur aimant de Marie dépouillé de
son objet, lorsqu'elle dit: « Seigneur, si tu
l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis.
» Jésus était le premier et le
dernier dans sa pensée; il ne s'en trouvait
pas d'autre dans son coeur duquel il fût
nécessaire de le distinguer, et il n'y en
avait point avec qui elle pût le comparer. Sa
pensée n'en connaissait pas d'autres, et
elle ne s'occupait d'aucun autre. Rien ne pouvait
satisfaire son coeur sinon la personne de son
Seigneur, mort ou vivant. Merveilleuse affection !
Oh ! si Jésus avait dans mon coeur une place
pareille ! Encore un peu, et il le possédera
tout entier, et pour toujours. Hâte cet
heureux jour, mon Seigneur, toi le bien-aimé
de l'église, ton épouse !
Dans l'Écriture Sainte, un
baiser est le signe de la réconciliation, le
gage de la paix, l'expression de l'affection. Il
est dit de David et de Jonathan: «Ils se
baisèrent l'un l'autre, et pleurèrent
l'un avec l'autre, jusqu'à ce que les pleurs
de David devinrent excessifs. »
(1 Sam. XX, 41.) Douce image du vrai
David, dépassant de beaucoup tout notre
amour. Joseph aussi, « baisa tous ses
frères et pleura sur eux; et après
cela ses frères parlèrent avec
lui».
(Gen. XLV, 15.) De même, le
père de l'enfant prodigue
le baisa lorsqu'il était encore dans ses
haillons. Et après qu'il eût
été purifié de toutes ses
souillures et revêtu de la plus belle robe,
trouve-t-on que c'eût été trop
pour lui de demander de pareilles
démonstrations d'amour ou de s'y attendre?
Assurément, non ! Est-ce trop pour
l'épouse dans le Cantique des Cantiques -
pour le croyant en Jésus, - de
désirer une expression semblable de l'amour
du Seigneur? Certains sommes-nous qu'elle la
désirait, non point qu'elle nourrît
quelque doute à l'égard de cet amour,
mais parce qu'elle. Prenait ses délices dans
sa manifestation. L'amour seul peut satisfaire
l'amour.
« Car les amours sont plus
agréables que le vin. » Maintenant
l'amour de Jésus est
préféré à toutes les
joies de la terre. Le vin est le symbole des
délices naturelles des hommes, - des joies
et des plaisirs de la terre. Mais que sont
désormais toutes ces choses, sous la forme
la plus attrayante, pour l'âme qui fait ses
délices de l'amour de Jésus? Elles
ont perdu leurs charmes pour les yeux et pour le
coeur, et ne seraient plus désormais que
fatigue et pesant fardeau. Jésus
lui-même est les délices de
l'âme. « Lequel, quoique vous ne l'ayez
pas vu, vous aimez, et, croyant en lui, quoique
maintenant vous ne le voyez pas, vous vous
réjouissez d'une joie ineffable et
glorieuse. »
(1 Pierre I, 8)
La vigne a ses racines dans la
terre. Le nazaréen, tout le temps qu'il
était soumis à son voeu, ne devait
rien goûter du fruit de la vigne, depuis les
pépins jusqu'à la peau du raisin
(Voyez
Nomb. VI).
Il devait être pour le
Seigneur, entièrement séparé
des plaisirs du monde. Tout croyant est un
nazaréen, selon le voeu du Seigneur
bien-aimé. « Je vous dis que
désormais je ne boirai plus de ce fruit de
la vigne jusqu'à ce jour, où je le
boirai nouveau avec vous, dans le royaume de mon
Père.»
(Math. XXVI, 29.) Associés
avec lui comme nous le sommes, nous nous trouvons
sous l'effet de son voeu, et devons être de
vrais nazaréens pour Dieu. Mais cela ne peut
être qu'en trouvant notre joie, nos
délices, notre tout dans l'amour de
Jésus. Maintenant il attend avec patience,
loin des joies de la terre, le brillant matin
millénial, où il sortira de nouveau
dans son caractère de véritable
Melchisédec, pour rafraîchir les
armées victorieuses d'Israël, les
enfants d'Abraham, avec le pain et le vin du
royaume.
(Gen. XIV.) Nous aussi, nous devons
attendre patiemment jusqu'au jour où nous
paraîtrons avec Lui dans la gloire. Alors la
période du voeu sera pleinement accomplie.
Le roi sera de nouveau uni dans Jérusalem
à son peuple terrestre, et toutes les
nations se réjouiront dans leur joie et leur
bonheur. Et la fille de Sion connaîtra alors
le sens de ces paroles prononcées depuis
longtemps aux noces de Cana en Galilée:
« Toi, tu as gardé le bon vin
jusqu'à maintenant. »
VERS. 3. -
« Tes parfums sont
d'agréable odeur; ton nom est un
parfum répandu, c'est pourquoi les
jeunes filles l'aiment. »
|
Elle nous donne maintenant quelque idée
du nom de Celui qu'elle aime,
« ton nom est un parfum répandu ».
Il est pour son coeur une odeur des plus exquises.
Tous les noms de Christ, ses titres, ses attributs
et ses relations diverses, sont un parfum
répandu. Son nom, c'est Lui-même; il
est l'expression de sa nature, de sa souveraine
prééminence en toutes choses, et de
toutes ses grâces. Les expressions lui
manquent pour dire les richesses de la bonté
de Jésus; c'est pourquoi elle dit que son
« nom est un parfum répandu».
L'odeur du parfum de Christ ne
s'arrête point à l'épouse; les
jeunes filles, ses compagnes, participent à
son abondance, attirées et rafraîchies
par l'excellence de son nom. Heureuse pensée
! Ce n'est point un parfum cacheté mais un
parfum « répandu ». Oh! quelle
communion il y a dans l'amour de Jésus !
Arrête-toi un peu ici, ô mon âme,
et médite sur la plénitude du nom de
Jésus; car en lui toute la plénitude
de la Déité habite corporellement.
Quel centre, quelle source est ce nom !
L'assemblée de Dieu est maintenant,
réunie par le pouvoir vivifiant du
Saint-Esprit autour de Christ, son unique centre,
conformément à cette parole:
« Où deux ou trois sont
assemblés en mon nom, je suis là au
milieu d'eux.» Mais, encore un peu de temps et
les cieux et la terre seront unis par sa puissance
et par sa gloire. D'une part, la Jérusalem
terrestre et les villes de Juda avec toutes les
nations d'alentour, et d'autre part la
Jérusalem céleste, et les myriades
d'anges, l'assemblée universelle, et
l'église des premiers-nés,
écrits dans les cieux,
seront en relations étroites, unies par ce
doux et précieux nom, le seul nom à
qui il appartienne d'unir. Le Père a
préparé dans son dessein cette
merveilleuse gloire pour son Fils ; et il arrivera
certainement, «que dans l'administration de la
plénitude des temps (le millenium) il
réunira en un toutes choses dans le Christ,
les choses qui sont dans les cieux, et les choses
qui sont sur la terre, en Lui. »
(Eph. I, 10.) Alors le parfum du nom
de Jésus sera répandu en tout lieu et
toutes les familles et toutes les langues s'uniront
dans ce chant de louange: «Éternel,
notre Seigneur, que ton nom est magnifique par
toute la terre ! »
(Ps. VIII.)
Et lorsque les mille ans de la
bénédiction et de la gloire
milléniales seront accomplis, que les cieux
et la terre de maintenant se seront enfuis, et que
le jugement final sera passé, ce nom n'aura:
rien perdu de son parfum, de sa puissance et de sa
gloire. Il unira alors dans les liens de l'amour le
plus doux, de la sainteté la plus
élevée, les innombrables saints des
nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Christ sera
la source, la puissance, le motif et l'objet de la
joie de tous les coeurs, la mélodie de
toutes les bouches ! La montagne de la myrrhe et la
colline de l'encens, répandront le plein
parfum de son nom; et alors plus que jamais son nom
sera «un parfum répandu»: oui
répandu et répandu à jamais !
« Ce n'est que myrrhe, aloès et casse,
de tous ses vêtements, dans les palais
d'ivoire. Et à mesure que les
âges succéderont aux
âges, les grâces si riches et si
variées de son amour apparaîtront
toujours dans une profusion infinie, faisant
distiller la myrrhe de toutes les mains, de tous
les coeurs et de toutes les lèvres, et
remplissant l'univers entier du parfum
éternel de son nom !
VERS. 4. -
« Tire-moi: nous
courrons après toi. »
|
Plus nous connaîtrons Christ, plus nous
serons rapprochés de Lui, plus nous
désirerons être rapprochés
encore. Comme Paul l'exprime: « pour le
connaître Lui », et nul sur la terre ne
le connaissait aussi bien que lui, et, « afin
que je gagne Christ», et il n'y eut jamais un
saint plus sûr de son prix que Paul. Quoique
prisonnier à Rome dans le
dénûment, il pouvait dire avec
vérité: « Pour moi, vivre, c'est
Christ, et mourir, un gain.» Quelle riche
expérience, quelle paisible assurance,
quelle joie sans bornes, éclatent dans sa
lettre aux Philippiens !
Il y a pour nous en Christ une telle
infinité de bénédictions, que
l'apôtre les nomme les richesses insondables
de Christ. À mesure que nous. goûtons
davantage de la plénitude de son amour, nous
devenons plus véritablement aptes à
dire qu' «il surpasse toute
connaissance». Ce sont des largeurs et des
longueurs, et des profondeurs et des hauteurs que
nous ne sommes jamais en état de comprendre;
et sa présence est la source d'une joie
telle, que, même pendant que nous en
jouissons, le coeur soupire si ardemment
après une proximité plus grande
encore qu'il se sent
comparativement comme à distance. Si je
devais lire dans le coeur aimant de l'épouse
à travers ces paroles: « Tire-moi: nous
courrons après toi», je dirais que son
désir d'être près de son
Seigneur est si grand, que toute proche et toute
chère qu'elle soit, elle éprouve
quelque chose comme le sentiment qu'il y a quelque
distance entre elle et Lui. De là, les
profonds soupirs de son coeur. « Tire-moi.
» Oh ! tire-moi, mon Seigneur, plus
près, tout près de toi. Il y a
croissance en grâce, comparativement au vers.
2, progrès dans son appréciation de
la personne de Christ: elle éprouve un plus
ardent désir d'une communion plus
étroite. Cela ressemble à ce que nous
trouvons dans plusieurs psaumes. « 0 Dieu ! tu
es mon Dieu; je te cherche au point du jour; mon
âme a soit de toi, ma chair languit
après toi dans une terre aride et
altérée, sans eau.... mon âme
s'attache à toi pour te suivre, ta droite me
soutient. »
(Ps. LXIII; vers. 1 à 8.) La
communion la plus bénie avec le Seigneur
s'accorde parfaitement avec le désir
d'être encore plus étroitement
rapproché de lui. Peux-tu dire cela de toi,
ô mon âme? Sais-tu cela par ta propre
expérience ? Examine toutes tes paroles et
toutes tes voies devant le Seigneur, et juge-les.
Le Saint-Esprit nous déclare que « les
paroles de l'Éternel sont des paroles pures,
un argent affiné dans le creuset de terre,
coulé sept fois ».
(Ps. 12, 6.) Et nous, hélas,
combien il nous arrive souvent de parler et
d'écrire, sans même éprouver
une seule fois nos paroles ou nos écrits.
Le Seigneur tire, et nous courons.
Ces deux faits sont magnifiques, liés l'un
à l'autre. « Nous courrons»; mais
remarquez bien ces derniers mots: après toi;
ils contiennent beaucoup plus que nous ne saurions
dire ici. Ils sont de la plus haute importance.
« Après toi » : non pas
après nos propres idées, ni
même après l'homme le meilleur qu'il
puisse y avoir sur la terre, mais «
après toi ». Comme il est dit dans ce
magnifique
psaume XVIme: «Je me suis
toujours proposé l'Éternel devant moi
», non pas de temps à autre seulement,
mais « toujours ». Combien notre marche
serait autre sur la terre, si tel était
notre cas !Combien elle serait
séparée, de. tout ce qui n'est pas
Christ. Certainement, lorsque nous disons au,
Seigneur « tire-moi ». nous devrions,
comme l'épouse et ses compagnes, ajouter en
toute sincérité: « nous courrons
après toi».
Mais remarquez une autre
pensée extrêmement précieuse
que suggère le sujet de notre
méditation. Celui qui tire, marche devant.
C'est ainsi que le Seigneur va devant son peuple
dans le désert, voit lé danger et y
pourvoit avant même que son peuple y arrive.
Nombreux sont les dangers dont nous sommes
délivrés par Lui et desquels nous ne
savons rien. « Et quand Il a mis ses propres
brebis dehors, Il va devant elles, et les brebis le
suivent. » L'ennemi nous a peut-être
tendu un piège dans le chemin que nous, nous
étions disposés à suivre, mais
notre divin conducteur, voyant le piège,
prend un autre sentier, nous mène dans une
autre direction, et nous
échappons ainsi à un danger qui
aurait pu nous être fatal. Et cependant je
puis me montrer désappointé et
mécontent de ce que quelque chose m'a
empêché de poursuivre le chemin que je
m'étais proposé ! Donne-nous,
bien-aimé Sauveur, de pouvoir toujours et
uniquement « courir après toi
».
« Le Roi m'a amenée dans
ses chambres. - Nous nous égayerons, et nous
nous réjouirons en toi, nous nous
souviendrons de tes amours plus que du vin: Elles
t'aiment avec droiture. » Maintenant nous
avons le résultat, le fruit béni, de
l'attrait du Seigneur et de la course du
fidèle. La prière était
l'expression, chez ceux qui l'adressaient, d'une
faiblesse dont ils avaient conscience et d'un
état de dépendance, tout cela se
combinant avec un esprit de sainte diligence. Ils
ont couru comme il faut et ont atteint le but. Et
maintenant ils sont couronnés de joie et
d'allégresse. Mais n'oublie jamais, ô
mon âme, que c'et la grâce qui tire, la
grâce qui fait courir, la grâce qui
couronne, et que tout découle de
l'océan sans rivage de l'amour du Sauveur.
«Nous nous souviendrons de tes amours plus que
du vin. » Elle se sert maintenant du mot
(«se souvenir») ; elle connaissait
l'amour du Christ auparavant, mais elle en jouit
avec un intérêt fort accru. Il est
pour elle comme l'air, cet amour l'environne, elle
est dans cet amour: « Le Roi m'a amenée
dans ses chambres. »
Mais pour quelle raison Christ
est-il appelé ici « le roi » ?
C'est dans une pensée
prophétique, en vue de sa
relation avec Israël après le
rétablissement de celui-ci. Pour ce qui est
de son droit, de son titre à la
royauté, Christ est toujours roi; mais
l'écriture ne lui donne jamais le nom de roi
de l'église. Il est roi, et digne de tout
hommage; mais il est désigné dans
l'écriture comme tête de son corps,
qui est l'église, et comme le roi des Juifs.
Et comme tel, il vint d'abord dans la bassesse et
dans une grâce exquise, et se présenta
à la fille de Sion; hélas ! elle
refusa de le recevoir. Il fut méprisé
et rejeté, crucifié et mis à
mort; mais Dieu le ressuscita et lui donna la
gloire, justifiant ainsi, en le ressuscitant
d'entre les morts, ses droits et ses titres, non
seulement comme le roi des Juifs, mais aussi comme
tête de son corps qui est l'église, et
comme centre de toute la gloire à venir.
(Comp.
Zach. IX,
Jean XII,
Actes II,
Eph. I,
Philip. II.) De la même voix
dont ils avaient crié: « Hosanna;
béni soit le roi d'Israël qui vient au
nom du Seigneur », les Juifs
s'écrièrent aussi: « Ote-le,
ôte-le! Crucifie-le!» Hélas!
telle est la courte durée de la
popularité humaine ! À la fin ils
comblèrent la mesure de leurs
péchés. Leurs relations avec Dieu
furent rompues, le Messie fut retranché; on
méprisa le témoignage du Saint-Esprit
et, pour le moment, c'en est fait de tout ce qui
tient au royaume.
Mais la parole du Seigneur n'en
demeure pas moins ferme à toujours!
«L'incrédulité de l'homme ne
saurait annuler la fidélité de Dieu.
» Dans la rédemption accomplie par
Christ, le fondement fut
posé pour la restauration future
d'Israël, en grâce, selon le dessein
immuable de Dieu, et pour la mine des enfants en
pleine possession de toutes les
bénédictions promises aux
pères. «Car je dis que
Jésus-Christ a été serviteur
de la circoncision, pour la vérité de
Dieu, pour la confirmation des promesses faites aux
pères.
(Rom. XV, 8.) Rien de plus clair que
les prédictions que contiennent la parole de
Dieu sur le règne futur du seigneur
Jésus, en rapport avec le trône de
David et toute la maison d'Israël. Il est vrai
que son règne et sa gloire ne seront pas
limités aux tribus restaurées et au
pays d'Israël: Jérusalem et les villes
de Juda constitueront le centre terrestre de son
royaume millénaire, absolument comme la
Jérusalem céleste, la cité du
Dieu vivant, sera le centre de sa gloire
céleste dans tout l'univers.
(Héb. XII, 22-24.)
Mais comme c'est « le roi
» qui est l'objet de notre méditation,
nous nous arrêterons un peu aux
prophéties qui nous le
révèlent et nous le montrent dans ce
caractère. « Car un enfant nous est
né, un fils nous a été
donné et le gouvernement sera sur son
épaule; et on appellera son nom Merveilleux,
Conseiller, Dieu fort, Père du
siècle, Prince de paix. À
l'accroissement de son empire et à la paix,
il n'y aura point de fin sur le trône de
David et dans son royaume, pour l'établir et
le soutenir en jugement et en justice, dès
maintenant et à toujours. La jalousie de
l'Éternel des armées fera cela.»
(Es. IX, 6, 7.) Cette ancienne
prédiction que la jalousie
de l'Éternel des armées « fera
cela» au temps convenable, fut en substance
répétée à Marie par
l'ange. « Tu enfanteras un fils et tu
appelleras son nom JÉSUS. Il sera grand et
sera appelé le Fils du Très-haut; et
le Seigneur Dieu lui donnera le trône de
David son père; et il régnera sur la
maison de Jacob à toujours, et il n'y aura
pas de fin à son royaume.»
(Luc, 1, 31-33.) Les
prophéties sur ce sujet, non encore
accomplies, sont nombreuses.
Mais, est-ce que jadis
Jéhovah n'était. pas roi dans
Jérusalem? Oh oui, très certainement,
il l'était! Depuis le temps où
Israël fut délivré
d'Égypte jusqu'aux jours de Samuel,
Jéhovah était leur roi. Alors ils
désirèrent un roi comme en avaient
les nations, et rejetèrent Jéhovah
comme leur roi. Mais cela aboutit à une
chute complète, comme toute chose avec
Israël sous la loi. Des rivages de la mer
Rouge, jusqu'à la cime du calvaire et
à la lapidation d'Étienne. nous ne
trouvons qu'une histoire continuelle de chutes, et
non pas dans une position seulement, mais dans
toutes les positions successives où le
peuple fut placé. Que nous envisagions
Israël sous la loi, ou comme une vigne qui a
été transportée hors
d'Égypte et plantée dans le pays
promis, ou comme la femme que Jéhovah avait
épousée, ou comme le témoin de
Dieu sur la terre: partout nous trouvons non
seulement qu'il manqua sans cesse, mais que
toujours il fut incurable dans son
péché. En conséquence, les
justes jugements de Dieu
tombèrent sur lui à
la fin: Jérusalem fut environnée
d'armées, leur temple et la cité
furent rasés jusqu'à terre, et ceux
du peuple qui échappèrent au
tranchant de l'épée fuirent
dispersés par Panier déplaisir du
Seigneur aux quatre vents des cieux.
Dès cette époque
jusqu'à aujourd'hui, la condition
d'Israël a été «
délaissée et en désolation
» ; mais elle ne le sera pas toujours. Il est
bon de remarquer dans un sujet tel que celui-ci, la
différence qu'il y a entre les voies de Dieu
en gouvernement à l'égard de son
peuple et ses voies en grâce. Selon le juste
gouvernement de Dieu, les Juifs ont
été et sont encore sous le
châtiment de sa main, à cause de leurs
péchés et de leur impénitence,
mais la grâce et l'amour de son coeur pour
eux demeurent invariablement les mêmes.
Remarquez les propres termes de l'alliance:
«Et j'humilierai la semence de David, à
cause de cela, seulement pas à
toujours.»
(1 Rois XI, 39.) C'est là un
principe d'une importance immense, non pas
seulement pour Israël et pour l'église,
mais pour tout chrétien individuellement.
L'apôtre fait allusion au même grand
principe quand il traite de la rejection et du
rétablissement d'Israël: « Elles
ont été arrachées à
cause de... mais ils sont bien-aimés selon
l'élection, à cause des pères.
Car les dons et l'appel de Dieu sont sans repentir.
»
(Rom. XI, 20,
28,29.)
Le prophète Osée
(III, 4) décrit d'une
manière touchante l'état actuel et la
future restauration des Juifs. « Car les fils
d'Israël resteront beaucoup
de jours sans roi, et sans prince, et sans
sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni
théraphim. Ensuite', les fils d'Israël
retourneront et rechercheront l'Éternel,
leur Dieu, et David, leur roi; ils
vénéreront l'Éternel et sa
bonté à la fin des jours. »
Précieuse pensée ! Ils «
rechercheront encore L'ÉTERNEL, leur Dieu,
et David, leur roi». Et qu'est-ce que le livre
du Cantiques des cantiques? N'est-il pas pour le
résidu, l'assurance et la réassurance
de l'affection immuable du roi? Les
Israélites, les fidèles des derniers
jours, peuvent lire ici l'amour, l'infatigable, le
patient amour, l'amour qui ne fait jamais de
reproches, de « l'Éternel, leur Dieu,
et de David, leur roi». Dans le passé,
en tout ils faillirent sous la loi; ils
étaient là sur le fondement de
l'alliance conditionnelle, sur le pied de
l'obéissance. Dans l'avenir, ils seront sur
le fondement de l'alliance inconditionnelle de
Dieu, et leur bénédiction aura pour
mesure la valeur du sacrifice de Christ, jadis
rejeté, et la plénitude de l'amour de
Dieu. Mais qui peut mesurer ce qui est
incommensurable? Tel sera l'amour du roi pour son
épouse juive.
Le livre de Ruth est comme
l'illustration de la manière la plus simple
et la plus touchante du passé, du
présent et de l'avenir d'Israël. Il ne
resta pas de fruit de la vie d'épouse de
Nahomi. «Ne m'appelez pas Nahomi »,
dit-elle, (ce nom signifie mon plaisir), mais
« appelez-moi Mara», amertume, «car
le Tout-Puissant m'a remplie d'amertume. » Son
mari, Eli-Mélec (nom qui
signifie: Mon Dieu est roi), et ses deux fils
étaient morts au pays de Moab. Nahomi
était maintenant veuve, abandonnée,
sans enfants, et, naturellement, sans ressources.
« Appelez-moi Mara... Je m'en allai
comblée, et l'Eternel me ramène
à vide. » Image frappante de la nation
juive qui, ayant perdu Dieu comme son roi et son
mari, est maintenant comme veuve et
abandonnée; mais un faible résidu,
dans la personne de l'humble et débonnaire
Ruth, s'attache à Nahomi, et, virtuellement,
s'abrite sous les ailes du Dieu d'Israël.
«Bienheureux les débonnaires, car ils
hériteront de la terre.» Les champs
dans lesquels elle entra d'abord comme une
glaneuse, devinrent sa propriété;
Mais le plus proche parent, qui a droit de rachat,
refuse de racheter l'héritage s'il faut
qu'en même temps il prenne pour femme Ruth:
et cela est constaté en présence de
dix témoins. Ces dix hommes de la ville
peuvent représenter les dix commandements
qui furent donnés avant la venue du Christ;
mais il n'y eut pas de fruit pour Dieu sous la loi.
(Voyez
Rom. VII, 14.)
Désormais, Booz (ce nom
signifie : en Lui est la force) épouse de
tout son coeur la cause du faible résidu de
la maison d'Eli-Mélec. Il est type de Christ
ressuscité, qui a été «
déterminé Fils de Dieu, en puissance,
par la résurrection des morts ».
(Rom. I, 4.) Une circonstance qui
donne à ce tableau une si parfaite
beauté, c'est que Ruth n'avait directement
aucun droit sur Booz. Il n'était pas le plus
proche de la parenté;
ainsi ce n'était
absolument que grâce. Il faut
désormais que, tant Israël que les
Gentils, parviennent à l'héritage sur
le fondement de la grâce pure. «Et Ruth
enfanta un fils... Alors Nahomi prit l'enfant, et
le mit dans son sein, et elle lui tenait lieu de
nourrice.» et les voisins dirent: «Un
fils est né à Nahomi.»
Scène touchante! Aimable esprit de
grâce! Le coeur de la veuve est mis à
même de chanter comme aux jours de sa
jeunesse. La délaissée est devenue,
pour ainsi dire, une mère d'enfants; le sein
qui avait perdu tous ses enfants possède de
nouveau un héritier: tout est joie et
allégresse ! Quelle délicieuse image
nous avons là du plein retour d'Israël
à l'honneur, à la gloire et à
sa haute position dans le pays ! Avant longtemps,
le véritable Booz prendra en main la cause
du résidu fidèle, et rétablira
Israël dans sa terre sur un pied
complètement nouveau. Tel est le radieux
sujet de nombreux passages de
l'Écriture.
En voici un exemple: «Et les
nations verront ta justice, et tous les rois, ta
gloire; et on t'appellera d'un nom nouveau que la
bouche de l'Éternel désignera. Tu
seras une couronne de beauté dans la main de
l'Éternel, et une tiare royale dans la main
de ton Dieu. On ne te dira plus la
délaissée, et on n'appellera plus ta
terre la désolée; car on t'appellera
Hephtsi-bah (c'est-à-dire mon plaisir en
elle), et ta terre; Beulah (c'est-à-dire, la
mariée); car le plaisir de l'Éternel
est en toi, et ton pays sera marié »
(Es. LXII). Et encore: « C'est
pourquoi voici ; moi, je
l'attirerai, et je la mènerai au
désert, et je lui parlerai au coeur. Et
là, je lui donnerai ses vignes, et la
vallée d'Acor pour une porte
d'espérance; et là elle chantera
comme dans les jours de sa jeunesse et comme
lorsqu'elle monta du pays d'Égypte... Et je
te fiancerai à moi pour toujours; et je te
fiancerai à moi, en justice et en jugement,
et en bonté et en miséricorde. Et je
te fiancerai à moi en vérité;
et tu connaîtras l'Éternel. »
(Osée II.) Merveilleuse,
incomparable grâce ! La grâce de Dieu
au premier des pécheurs ! L'amour est la
source, la grâce coule, le perdu est
retrouvé. L'amour est toujours le
même, Le Seigneur aime Israël - Il aime
l'église - Il aime individuellement le
croyant - Il aime d'un amour parfait toute
âme qui est attirée à Lui.
L'amour le plus profond, c'est le sien, et ses
joies sont les joies les plus profondes. Oh! amour
sans pareil! - grâce illimitée,
céleste joie et éternelles
délices ! - « Le roi m'a introduite
dans ses chambres!»
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