Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Méditations sur le Cantique de Salomon



CHAPITRE 1er

Versets: 1, 2, 3 ,4, 5 & 6, 7, 8, 9 à 11, 12, 14, 15, 16 & 17.
 

Il n'y a rien que les hommes de ce monde redoutent plus que la solitude et la réflexion. Ils aimeraient mieux être surchargés d'invitations et d'affaires que, d'avoir du temps pour réfléchir. La conscience mal à l'aise veut, en de tels moments, Mire entendre sa voix; mais ses avertissements sont souvent étouffés par ce mot commode, devoir, et son honnête discours est bientôt et volontiers oublié. Il y a là des péchés, beaucoup de péchés; et la pensée de Dieu comme juge du péché est une pensée redoutable. L'état de l'âme est tel, qu'elle ne peut supporter la lumière, c'est pourquoi elle aime les ténèbres. On saisit avec ardeur toutes les occasions que présente la vie, afin d'échapper au poids écrasant de la réflexion. Les plaisirs du monde servent aussi, en temps et lieu convenables, à atteindre le même but.

Ainsi, on prend tout le soin 'possible pour éviter la solitude, et n'avoir pas l'occasion de réfléchir dans le calme et d'une manière sérieuse. On n'accorde ni pensée ni temps aux solennelles réalités de l'âme; on néglige entièrement la plus haute, la plus noble, la meilleure partie de l'homme; on n'en prend aucun souci, et on ne pourvoit à rien de ce qui la concerne, malgré ses profonds, ses pressants, ses éternels besoins. « Car, que profitera-t-il à un homme, s'il gagne le monde entier, et qu'il fasse la perte de son âme? Ou que donnerait l'homme en échange de son âme? » (Marc VIII, 36, 37.)

Hélas ! tel est l'homme - l'homme sans la connaissance de Dieu - sans la connaissance de sa condition comme pécheur - et sans la connaissance de Jésus comme Sauveur des pécheurs.

Mais détourne pour un moment ton attention, ô mon âme, d'une scène si déchirante pour le coeur, quelque forts, quelque tendres même que soient les liens qui t'attireraient vers elle et te pousseraient à en retirer des êtres chers, et à les gagner à Christ. Entretiens avec soin un esprit de méditation dans les douces solitudes de la séparation de l'âme d'avec le monde; moments bénis où tout rayonne de la présence du Sauveur, et où l'on respire les joies ineffables du « Cantique des Cantiques ». Plus la séparation d'avec le monde est large, plus la communion avec Jésus est profonde, plus aussi la bénédiction qui en résulte est riche. Dans l'esprit et le coeur, point de sympathie pour le monde; et quoique dans le monde, tenons-nous loin de son agitation et de ses scènes impies ! Un profond abîme sépare les croyants de ce présent siècle mauvais: « Ils ne sont pas du monde, a dit Jésus, comme moi je ne suis pas du monde. » La position de Christ en résurrection détermine la nôtre, car nous sommes ressuscités avec lui. Le calme, le repos réfléchi de l'âme en communion avec le Seigneur glorifié, sont les moments les plus doux sur la terre. On peut les trouver dans une chambre de maladie, au milieu des scènes champêtres, dans l'exercice d'une vocation ou dans l'accomplissement des devoirs de la famille. Tout dépend de l'état du coeur. Être seul, et pourtant pas seul, quelle position bénie !

Mais pourquoi appeler ce précieux petit livre « Le Cantique des Cantiques ? » Précisément parce qu'il est de Salomon. C'est d'après le même principe qu'il est appelé « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». La prééminence en toutes choses lui appartient. Il y a plusieurs cantiques dans l'Écriture. Moïse, Marie et ses compagnes, Débora et David chantèrent tous la bonté du Seigneur., Il est dit de Salomon lui-même « qu'il fit mille et cinq cantiques »; mais pour celui-ci, il l'appelle « Le Cantique des Cantiques ». Il surpasse de beaucoup tous les autres. C'est la mélodie profonde de coeurs remplis de l'amour divin et qui trouvent leurs suprêmes délices dans sa parfaite et libre expression: « Nous, nous l'aimons parce qu'Il nous a aimés le premier. » Oh! si seulement nous étions toujours capables de chanter le cantique du Sauveur avec le coeur et aussi avec l'intelligence !

VERS 2. -
« Qu'il me baise des baisers de sa bouche. »

Quelle affection pure, sereine et ardente ressort de cette remarquable effusion ! C'est comme l'élan d'affection, simple, et néanmoins plein de chaleur, entre les plus proches parents, quand ils se rencontrent après une longue absence. Le coeur est tellement plein de son objet, que tout le reste disparaît complètement : formes, cérémonies, circonstances ; l'âme est transportée par l'heureuse conscience qu'elle a de la place qu'elle occupe dans le coeur de Jésus. Qu'il y en a peu dans ce monde auxquels on pourrait s'adresser avec autant de simplicité et d'affection !
Et cependant c'est là le langage d'un pécheur sauvé, au saint et glorieux Sauveur. Comprends-tu cela, ô mon âme? Le coeur qui peut parler ainsi à l'époux divin, à Jésus glorifié dans le ciel, ne connaît ni doutes ni craintes. De nos jours, plusieurs traitent de présomption la confiance entière l'amour parfait, qui exclut toute crainte. S'ils osent s'aventurer à se confier en Christ, c'est avec doute et crainte; et cependant, c'est lui qui les a aimés et qui s'est donné lui-même pour eux, qui étaient des impies. Que doivent-ils donc penser de la hardiesse de l'épouse? Qu'elle s'est oubliée elle-même, qu'elle a oublié sa place? Ah ! non, elle ne s'est point oubliée: la conscience ayant été purifiée de tout péché par le sacrifice de Jésus sur la croix, le coeur est maintenant libre et heureux dans la présence du Christ ressuscité et glorifié.
Or, le sang de Christ pour la conscience, et la personne de Christ pour le coeur, voilà ce qui est nécessaire à un pécheur pourqu'il se sente chez lui et heureux dans la chambre du roi. Ces deux choses renferment toute bénédiction, et le chrétien les possède l'une et l'autre. Seigneur, aide tous les tiens à le croire.

Dans ce précieux petit livre, «le Cantique des Cantiques», remarque-le bien, ô mon âme, on ne trouve aucune mention de péché, de pardon ou de justification. Pourquoi cela? Ces questions ont été réglées auparavant, et maintenant le coeur est dans la jouissance d'une pleine et parfaite liberté dans la présence du Seigneur. Toutes ces questions sont réglées lorsque le pécheur est amené pour la première fois aux pieds de Jésus; elles sont réglées sur le solide fondement de l'oeuvre accomplie et parfaite du Sauveur, et ne peuvent plus jamais, non jamais, être soulevées, pour ce qui concerne Dieu et la foi ! Satan et l'incrédulité de nos propres coeurs peuvent bien chercher à agiter la question pour toujours réglée, mais toutes pensées semblables devraient être traitées comme venant de ces sources. « J'ai connu que tout ce que Dieu fait subsiste à toujours; il n'y a rien à y ajouter, ni rien à en retrancher. » (Eccl. III, 14.) De là vient que le coeur instruit de ces choses, se sent libre, heureux et chez lui, dans la présence immédiate du Seigneur, et cela aussi dans le sens le plus élevé: « Qu'il me baise des baisers de sa bouche. »

Ici, le coeur soupire, non par le besoin de pardon, mais d'une preuve plus directe de l'amour de Jésus. C'est Christ lui-même qui l'occupe: ce n'est pas tant quelqu'une de ses qualités, ou quelque grâce particulière reçue de lui, mais Lui-même personnellement. En le possédant, lui, l'âme le possède tout entier, toutes ses bontés, et c'est alors qu'elle s'écrie: «Qu'Il me baise des baisers de sa bouche.» Elle ne songe pas à expliquer de qui elle parle de cette manière. Il y a dans l'amour une énergie de condensation, aussi bien qu'une énergie d'expansion. Cela nous rappelle le coeur aimant de Marie dépouillé de son objet, lorsqu'elle dit: « Seigneur, si tu l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis. » Jésus était le premier et le dernier dans sa pensée; il ne s'en trouvait pas d'autre dans son coeur duquel il fût nécessaire de le distinguer, et il n'y en avait point avec qui elle pût le comparer. Sa pensée n'en connaissait pas d'autres, et elle ne s'occupait d'aucun autre. Rien ne pouvait satisfaire son coeur sinon la personne de son Seigneur, mort ou vivant. Merveilleuse affection ! Oh ! si Jésus avait dans mon coeur une place pareille ! Encore un peu, et il le possédera tout entier, et pour toujours. Hâte cet heureux jour, mon Seigneur, toi le bien-aimé de l'église, ton épouse !

Dans l'Écriture Sainte, un baiser est le signe de la réconciliation, le gage de la paix, l'expression de l'affection. Il est dit de David et de Jonathan: «Ils se baisèrent l'un l'autre, et pleurèrent l'un avec l'autre, jusqu'à ce que les pleurs de David devinrent excessifs. » (1 Sam. XX, 41.) Douce image du vrai David, dépassant de beaucoup tout notre amour. Joseph aussi, « baisa tous ses frères et pleura sur eux; et après cela ses frères parlèrent avec lui». (Gen. XLV, 15.) De même, le père de l'enfant prodigue le baisa lorsqu'il était encore dans ses haillons. Et après qu'il eût été purifié de toutes ses souillures et revêtu de la plus belle robe, trouve-t-on que c'eût été trop pour lui de demander de pareilles démonstrations d'amour ou de s'y attendre? Assurément, non ! Est-ce trop pour l'épouse dans le Cantique des Cantiques - pour le croyant en Jésus, - de désirer une expression semblable de l'amour du Seigneur? Certains sommes-nous qu'elle la désirait, non point qu'elle nourrît quelque doute à l'égard de cet amour, mais parce qu'elle. Prenait ses délices dans sa manifestation. L'amour seul peut satisfaire l'amour.

« Car les amours sont plus agréables que le vin. » Maintenant l'amour de Jésus est préféré à toutes les joies de la terre. Le vin est le symbole des délices naturelles des hommes, - des joies et des plaisirs de la terre. Mais que sont désormais toutes ces choses, sous la forme la plus attrayante, pour l'âme qui fait ses délices de l'amour de Jésus? Elles ont perdu leurs charmes pour les yeux et pour le coeur, et ne seraient plus désormais que fatigue et pesant fardeau. Jésus lui-même est les délices de l'âme. « Lequel, quoique vous ne l'ayez pas vu, vous aimez, et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyez pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse. » (1 Pierre I, 8)

La vigne a ses racines dans la terre. Le nazaréen, tout le temps qu'il était soumis à son voeu, ne devait rien goûter du fruit de la vigne, depuis les pépins jusqu'à la peau du raisin (Voyez Nomb. VI).
Il devait être pour le Seigneur, entièrement séparé des plaisirs du monde. Tout croyant est un nazaréen, selon le voeu du Seigneur bien-aimé. « Je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu'à ce jour, où je le boirai nouveau avec vous, dans le royaume de mon Père.» (Math. XXVI, 29.) Associés avec lui comme nous le sommes, nous nous trouvons sous l'effet de son voeu, et devons être de vrais nazaréens pour Dieu. Mais cela ne peut être qu'en trouvant notre joie, nos délices, notre tout dans l'amour de Jésus. Maintenant il attend avec patience, loin des joies de la terre, le brillant matin millénial, où il sortira de nouveau dans son caractère de véritable Melchisédec, pour rafraîchir les armées victorieuses d'Israël, les enfants d'Abraham, avec le pain et le vin du royaume. (Gen. XIV.) Nous aussi, nous devons attendre patiemment jusqu'au jour où nous paraîtrons avec Lui dans la gloire. Alors la période du voeu sera pleinement accomplie. Le roi sera de nouveau uni dans Jérusalem à son peuple terrestre, et toutes les nations se réjouiront dans leur joie et leur bonheur. Et la fille de Sion connaîtra alors le sens de ces paroles prononcées depuis longtemps aux noces de Cana en Galilée: « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant. »

VERS. 3. -
« Tes parfums sont d'agréable odeur; ton nom est un parfum répandu, c'est pourquoi les jeunes filles l'aiment. »

Elle nous donne maintenant quelque idée du nom de Celui qu'elle aime, « ton nom est un parfum répandu ». Il est pour son coeur une odeur des plus exquises. Tous les noms de Christ, ses titres, ses attributs et ses relations diverses, sont un parfum répandu. Son nom, c'est Lui-même; il est l'expression de sa nature, de sa souveraine prééminence en toutes choses, et de toutes ses grâces. Les expressions lui manquent pour dire les richesses de la bonté de Jésus; c'est pourquoi elle dit que son « nom est un parfum répandu».

L'odeur du parfum de Christ ne s'arrête point à l'épouse; les jeunes filles, ses compagnes, participent à son abondance, attirées et rafraîchies par l'excellence de son nom. Heureuse pensée ! Ce n'est point un parfum cacheté mais un parfum « répandu ». Oh! quelle communion il y a dans l'amour de Jésus ! Arrête-toi un peu ici, ô mon âme, et médite sur la plénitude du nom de Jésus; car en lui toute la plénitude de la Déité habite corporellement. Quel centre, quelle source est ce nom ! L'assemblée de Dieu est maintenant, réunie par le pouvoir vivifiant du Saint-Esprit autour de Christ, son unique centre, conformément à cette parole: « Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux.» Mais, encore un peu de temps et les cieux et la terre seront unis par sa puissance et par sa gloire. D'une part, la Jérusalem terrestre et les villes de Juda avec toutes les nations d'alentour, et d'autre part la Jérusalem céleste, et les myriades d'anges, l'assemblée universelle, et l'église des premiers-nés, écrits dans les cieux, seront en relations étroites, unies par ce doux et précieux nom, le seul nom à qui il appartienne d'unir. Le Père a préparé dans son dessein cette merveilleuse gloire pour son Fils ; et il arrivera certainement, «que dans l'administration de la plénitude des temps (le millenium) il réunira en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux, et les choses qui sont sur la terre, en Lui. » (Eph. I, 10.) Alors le parfum du nom de Jésus sera répandu en tout lieu et toutes les familles et toutes les langues s'uniront dans ce chant de louange: «Éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre ! » (Ps. VIII.)

Et lorsque les mille ans de la bénédiction et de la gloire milléniales seront accomplis, que les cieux et la terre de maintenant se seront enfuis, et que le jugement final sera passé, ce nom n'aura: rien perdu de son parfum, de sa puissance et de sa gloire. Il unira alors dans les liens de l'amour le plus doux, de la sainteté la plus élevée, les innombrables saints des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Christ sera la source, la puissance, le motif et l'objet de la joie de tous les coeurs, la mélodie de toutes les bouches ! La montagne de la myrrhe et la colline de l'encens, répandront le plein parfum de son nom; et alors plus que jamais son nom sera «un parfum répandu»: oui répandu et répandu à jamais ! « Ce n'est que myrrhe, aloès et casse, de tous ses vêtements, dans les palais d'ivoire. Et à mesure que les âges succéderont aux âges, les grâces si riches et si variées de son amour apparaîtront toujours dans une profusion infinie, faisant distiller la myrrhe de toutes les mains, de tous les coeurs et de toutes les lèvres, et remplissant l'univers entier du parfum éternel de son nom !

VERS. 4. -
« Tire-moi: nous courrons après toi. »

Plus nous connaîtrons Christ, plus nous serons rapprochés de Lui, plus nous désirerons être rapprochés encore. Comme Paul l'exprime: « pour le connaître Lui », et nul sur la terre ne le connaissait aussi bien que lui, et, « afin que je gagne Christ», et il n'y eut jamais un saint plus sûr de son prix que Paul. Quoique prisonnier à Rome dans le dénûment, il pouvait dire avec vérité: « Pour moi, vivre, c'est Christ, et mourir, un gain.» Quelle riche expérience, quelle paisible assurance, quelle joie sans bornes, éclatent dans sa lettre aux Philippiens !

Il y a pour nous en Christ une telle infinité de bénédictions, que l'apôtre les nomme les richesses insondables de Christ. À mesure que nous. goûtons davantage de la plénitude de son amour, nous devenons plus véritablement aptes à dire qu' «il surpasse toute connaissance». Ce sont des largeurs et des longueurs, et des profondeurs et des hauteurs que nous ne sommes jamais en état de comprendre; et sa présence est la source d'une joie telle, que, même pendant que nous en jouissons, le coeur soupire si ardemment après une proximité plus grande encore qu'il se sent comparativement comme à distance. Si je devais lire dans le coeur aimant de l'épouse à travers ces paroles: « Tire-moi: nous courrons après toi», je dirais que son désir d'être près de son Seigneur est si grand, que toute proche et toute chère qu'elle soit, elle éprouve quelque chose comme le sentiment qu'il y a quelque distance entre elle et Lui. De là, les profonds soupirs de son coeur. « Tire-moi. » Oh ! tire-moi, mon Seigneur, plus près, tout près de toi. Il y a croissance en grâce, comparativement au vers. 2, progrès dans son appréciation de la personne de Christ: elle éprouve un plus ardent désir d'une communion plus étroite. Cela ressemble à ce que nous trouvons dans plusieurs psaumes. « 0 Dieu ! tu es mon Dieu; je te cherche au point du jour; mon âme a soit de toi, ma chair languit après toi dans une terre aride et altérée, sans eau.... mon âme s'attache à toi pour te suivre, ta droite me soutient. » (Ps. LXIII; vers. 1 à 8.) La communion la plus bénie avec le Seigneur s'accorde parfaitement avec le désir d'être encore plus étroitement rapproché de lui. Peux-tu dire cela de toi, ô mon âme? Sais-tu cela par ta propre expérience ? Examine toutes tes paroles et toutes tes voies devant le Seigneur, et juge-les. Le Saint-Esprit nous déclare que « les paroles de l'Éternel sont des paroles pures, un argent affiné dans le creuset de terre, coulé sept fois ». (Ps. 12, 6.) Et nous, hélas, combien il nous arrive souvent de parler et d'écrire, sans même éprouver une seule fois nos paroles ou nos écrits.

Le Seigneur tire, et nous courons. Ces deux faits sont magnifiques, liés l'un à l'autre. « Nous courrons»; mais remarquez bien ces derniers mots: après toi; ils contiennent beaucoup plus que nous ne saurions dire ici. Ils sont de la plus haute importance. « Après toi » : non pas après nos propres idées, ni même après l'homme le meilleur qu'il puisse y avoir sur la terre, mais « après toi ». Comme il est dit dans ce magnifique psaume XVIme: «Je me suis toujours proposé l'Éternel devant moi », non pas de temps à autre seulement, mais « toujours ». Combien notre marche serait autre sur la terre, si tel était notre cas !Combien elle serait séparée, de. tout ce qui n'est pas Christ. Certainement, lorsque nous disons au, Seigneur « tire-moi ». nous devrions, comme l'épouse et ses compagnes, ajouter en toute sincérité: « nous courrons après toi».

Mais remarquez une autre pensée extrêmement précieuse que suggère le sujet de notre méditation. Celui qui tire, marche devant. C'est ainsi que le Seigneur va devant son peuple dans le désert, voit lé danger et y pourvoit avant même que son peuple y arrive. Nombreux sont les dangers dont nous sommes délivrés par Lui et desquels nous ne savons rien. « Et quand Il a mis ses propres brebis dehors, Il va devant elles, et les brebis le suivent. » L'ennemi nous a peut-être tendu un piège dans le chemin que nous, nous étions disposés à suivre, mais notre divin conducteur, voyant le piège, prend un autre sentier, nous mène dans une autre direction, et nous échappons ainsi à un danger qui aurait pu nous être fatal. Et cependant je puis me montrer désappointé et mécontent de ce que quelque chose m'a empêché de poursuivre le chemin que je m'étais proposé ! Donne-nous, bien-aimé Sauveur, de pouvoir toujours et uniquement « courir après toi ».

« Le Roi m'a amenée dans ses chambres. - Nous nous égayerons, et nous nous réjouirons en toi, nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin: Elles t'aiment avec droiture. » Maintenant nous avons le résultat, le fruit béni, de l'attrait du Seigneur et de la course du fidèle. La prière était l'expression, chez ceux qui l'adressaient, d'une faiblesse dont ils avaient conscience et d'un état de dépendance, tout cela se combinant avec un esprit de sainte diligence. Ils ont couru comme il faut et ont atteint le but. Et maintenant ils sont couronnés de joie et d'allégresse. Mais n'oublie jamais, ô mon âme, que c'et la grâce qui tire, la grâce qui fait courir, la grâce qui couronne, et que tout découle de l'océan sans rivage de l'amour du Sauveur. «Nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin. » Elle se sert maintenant du mot («se souvenir») ; elle connaissait l'amour du Christ auparavant, mais elle en jouit avec un intérêt fort accru. Il est pour elle comme l'air, cet amour l'environne, elle est dans cet amour: « Le Roi m'a amenée dans ses chambres. »

Mais pour quelle raison Christ est-il appelé ici « le roi » ? C'est dans une pensée prophétique, en vue de sa relation avec Israël après le rétablissement de celui-ci. Pour ce qui est de son droit, de son titre à la royauté, Christ est toujours roi; mais l'écriture ne lui donne jamais le nom de roi de l'église. Il est roi, et digne de tout hommage; mais il est désigné dans l'écriture comme tête de son corps, qui est l'église, et comme le roi des Juifs. Et comme tel, il vint d'abord dans la bassesse et dans une grâce exquise, et se présenta à la fille de Sion; hélas ! elle refusa de le recevoir. Il fut méprisé et rejeté, crucifié et mis à mort; mais Dieu le ressuscita et lui donna la gloire, justifiant ainsi, en le ressuscitant d'entre les morts, ses droits et ses titres, non seulement comme le roi des Juifs, mais aussi comme tête de son corps qui est l'église, et comme centre de toute la gloire à venir. (Comp. Zach. IX, Jean XII, Actes II, Eph. I, Philip. II.) De la même voix dont ils avaient crié: « Hosanna; béni soit le roi d'Israël qui vient au nom du Seigneur », les Juifs s'écrièrent aussi: « Ote-le, ôte-le! Crucifie-le!» Hélas! telle est la courte durée de la popularité humaine ! À la fin ils comblèrent la mesure de leurs péchés. Leurs relations avec Dieu furent rompues, le Messie fut retranché; on méprisa le témoignage du Saint-Esprit et, pour le moment, c'en est fait de tout ce qui tient au royaume.

Mais la parole du Seigneur n'en demeure pas moins ferme à toujours! «L'incrédulité de l'homme ne saurait annuler la fidélité de Dieu. » Dans la rédemption accomplie par Christ, le fondement fut posé pour la restauration future d'Israël, en grâce, selon le dessein immuable de Dieu, et pour la mine des enfants en pleine possession de toutes les bénédictions promises aux pères. «Car je dis que Jésus-Christ a été serviteur de la circoncision, pour la vérité de Dieu, pour la confirmation des promesses faites aux pères. (Rom. XV, 8.) Rien de plus clair que les prédictions que contiennent la parole de Dieu sur le règne futur du seigneur Jésus, en rapport avec le trône de David et toute la maison d'Israël. Il est vrai que son règne et sa gloire ne seront pas limités aux tribus restaurées et au pays d'Israël: Jérusalem et les villes de Juda constitueront le centre terrestre de son royaume millénaire, absolument comme la Jérusalem céleste, la cité du Dieu vivant, sera le centre de sa gloire céleste dans tout l'univers. (Héb. XII, 22-24.)

Mais comme c'est « le roi » qui est l'objet de notre méditation, nous nous arrêterons un peu aux prophéties qui nous le révèlent et nous le montrent dans ce caractère. « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné et le gouvernement sera sur son épaule; et on appellera son nom Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. À l'accroissement de son empire et à la paix, il n'y aura point de fin sur le trône de David et dans son royaume, pour l'établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours. La jalousie de l'Éternel des armées fera cela.» (Es. IX, 6, 7.) Cette ancienne prédiction que la jalousie de l'Éternel des armées « fera cela» au temps convenable, fut en substance répétée à Marie par l'ange. « Tu enfanteras un fils et tu appelleras son nom JÉSUS. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n'y aura pas de fin à son royaume.» (Luc, 1, 31-33.) Les prophéties sur ce sujet, non encore accomplies, sont nombreuses.

Mais, est-ce que jadis Jéhovah n'était. pas roi dans Jérusalem? Oh oui, très certainement, il l'était! Depuis le temps où Israël fut délivré d'Égypte jusqu'aux jours de Samuel, Jéhovah était leur roi. Alors ils désirèrent un roi comme en avaient les nations, et rejetèrent Jéhovah comme leur roi. Mais cela aboutit à une chute complète, comme toute chose avec Israël sous la loi. Des rivages de la mer Rouge, jusqu'à la cime du calvaire et à la lapidation d'Étienne. nous ne trouvons qu'une histoire continuelle de chutes, et non pas dans une position seulement, mais dans toutes les positions successives où le peuple fut placé. Que nous envisagions Israël sous la loi, ou comme une vigne qui a été transportée hors d'Égypte et plantée dans le pays promis, ou comme la femme que Jéhovah avait épousée, ou comme le témoin de Dieu sur la terre: partout nous trouvons non seulement qu'il manqua sans cesse, mais que toujours il fut incurable dans son péché. En conséquence, les justes jugements de Dieu tombèrent sur lui à la fin: Jérusalem fut environnée d'armées, leur temple et la cité furent rasés jusqu'à terre, et ceux du peuple qui échappèrent au tranchant de l'épée fuirent dispersés par Panier déplaisir du Seigneur aux quatre vents des cieux.

Dès cette époque jusqu'à aujourd'hui, la condition d'Israël a été « délaissée et en désolation » ; mais elle ne le sera pas toujours. Il est bon de remarquer dans un sujet tel que celui-ci, la différence qu'il y a entre les voies de Dieu en gouvernement à l'égard de son peuple et ses voies en grâce. Selon le juste gouvernement de Dieu, les Juifs ont été et sont encore sous le châtiment de sa main, à cause de leurs péchés et de leur impénitence, mais la grâce et l'amour de son coeur pour eux demeurent invariablement les mêmes. Remarquez les propres termes de l'alliance: «Et j'humilierai la semence de David, à cause de cela, seulement pas à toujours.» (1 Rois XI, 39.) C'est là un principe d'une importance immense, non pas seulement pour Israël et pour l'église, mais pour tout chrétien individuellement. L'apôtre fait allusion au même grand principe quand il traite de la rejection et du rétablissement d'Israël: « Elles ont été arrachées à cause de... mais ils sont bien-aimés selon l'élection, à cause des pères. Car les dons et l'appel de Dieu sont sans repentir. » (Rom. XI, 20, 28,29.)

Le prophète Osée (III, 4) décrit d'une manière touchante l'état actuel et la future restauration des Juifs. « Car les fils d'Israël resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni théraphim. Ensuite', les fils d'Israël retourneront et rechercheront l'Éternel, leur Dieu, et David, leur roi; ils vénéreront l'Éternel et sa bonté à la fin des jours. » Précieuse pensée ! Ils « rechercheront encore L'ÉTERNEL, leur Dieu, et David, leur roi». Et qu'est-ce que le livre du Cantiques des cantiques? N'est-il pas pour le résidu, l'assurance et la réassurance de l'affection immuable du roi? Les Israélites, les fidèles des derniers jours, peuvent lire ici l'amour, l'infatigable, le patient amour, l'amour qui ne fait jamais de reproches, de « l'Éternel, leur Dieu, et de David, leur roi». Dans le passé, en tout ils faillirent sous la loi; ils étaient là sur le fondement de l'alliance conditionnelle, sur le pied de l'obéissance. Dans l'avenir, ils seront sur le fondement de l'alliance inconditionnelle de Dieu, et leur bénédiction aura pour mesure la valeur du sacrifice de Christ, jadis rejeté, et la plénitude de l'amour de Dieu. Mais qui peut mesurer ce qui est incommensurable? Tel sera l'amour du roi pour son épouse juive.

Le livre de Ruth est comme l'illustration de la manière la plus simple et la plus touchante du passé, du présent et de l'avenir d'Israël. Il ne resta pas de fruit de la vie d'épouse de Nahomi. «Ne m'appelez pas Nahomi », dit-elle, (ce nom signifie mon plaisir), mais « appelez-moi Mara», amertume, «car le Tout-Puissant m'a remplie d'amertume. » Son mari, Eli-Mélec (nom qui signifie: Mon Dieu est roi), et ses deux fils étaient morts au pays de Moab. Nahomi était maintenant veuve, abandonnée, sans enfants, et, naturellement, sans ressources. « Appelez-moi Mara... Je m'en allai comblée, et l'Eternel me ramène à vide. » Image frappante de la nation juive qui, ayant perdu Dieu comme son roi et son mari, est maintenant comme veuve et abandonnée; mais un faible résidu, dans la personne de l'humble et débonnaire Ruth, s'attache à Nahomi, et, virtuellement, s'abrite sous les ailes du Dieu d'Israël. «Bienheureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre.» Les champs dans lesquels elle entra d'abord comme une glaneuse, devinrent sa propriété; Mais le plus proche parent, qui a droit de rachat, refuse de racheter l'héritage s'il faut qu'en même temps il prenne pour femme Ruth: et cela est constaté en présence de dix témoins. Ces dix hommes de la ville peuvent représenter les dix commandements qui furent donnés avant la venue du Christ; mais il n'y eut pas de fruit pour Dieu sous la loi. (Voyez Rom. VII, 14.)

Désormais, Booz (ce nom signifie : en Lui est la force) épouse de tout son coeur la cause du faible résidu de la maison d'Eli-Mélec. Il est type de Christ ressuscité, qui a été « déterminé Fils de Dieu, en puissance, par la résurrection des morts ». (Rom. I, 4.) Une circonstance qui donne à ce tableau une si parfaite beauté, c'est que Ruth n'avait directement aucun droit sur Booz. Il n'était pas le plus proche de la parenté; ainsi ce n'était absolument que grâce. Il faut désormais que, tant Israël que les Gentils, parviennent à l'héritage sur le fondement de la grâce pure. «Et Ruth enfanta un fils... Alors Nahomi prit l'enfant, et le mit dans son sein, et elle lui tenait lieu de nourrice.» et les voisins dirent: «Un fils est né à Nahomi.» Scène touchante! Aimable esprit de grâce! Le coeur de la veuve est mis à même de chanter comme aux jours de sa jeunesse. La délaissée est devenue, pour ainsi dire, une mère d'enfants; le sein qui avait perdu tous ses enfants possède de nouveau un héritier: tout est joie et allégresse ! Quelle délicieuse image nous avons là du plein retour d'Israël à l'honneur, à la gloire et à sa haute position dans le pays ! Avant longtemps, le véritable Booz prendra en main la cause du résidu fidèle, et rétablira Israël dans sa terre sur un pied complètement nouveau. Tel est le radieux sujet de nombreux passages de l'Écriture.

En voici un exemple: «Et les nations verront ta justice, et tous les rois, ta gloire; et on t'appellera d'un nom nouveau que la bouche de l'Éternel désignera. Tu seras une couronne de beauté dans la main de l'Éternel, et une tiare royale dans la main de ton Dieu. On ne te dira plus la délaissée, et on n'appellera plus ta terre la désolée; car on t'appellera Hephtsi-bah (c'est-à-dire mon plaisir en elle), et ta terre; Beulah (c'est-à-dire, la mariée); car le plaisir de l'Éternel est en toi, et ton pays sera marié » (Es. LXII). Et encore: « C'est pourquoi voici ; moi, je l'attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur. Et là, je lui donnerai ses vignes, et la vallée d'Acor pour une porte d'espérance; et là elle chantera comme dans les jours de sa jeunesse et comme lorsqu'elle monta du pays d'Égypte... Et je te fiancerai à moi pour toujours; et je te fiancerai à moi, en justice et en jugement, et en bonté et en miséricorde. Et je te fiancerai à moi en vérité; et tu connaîtras l'Éternel. » (Osée II.) Merveilleuse, incomparable grâce ! La grâce de Dieu au premier des pécheurs ! L'amour est la source, la grâce coule, le perdu est retrouvé. L'amour est toujours le même, Le Seigneur aime Israël - Il aime l'église - Il aime individuellement le croyant - Il aime d'un amour parfait toute âme qui est attirée à Lui. L'amour le plus profond, c'est le sien, et ses joies sont les joies les plus profondes. Oh! amour sans pareil! - grâce illimitée, céleste joie et éternelles délices ! - « Le roi m'a introduite dans ses chambres!»


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