Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Méditations sur le Cantique de Salomon



CHAPITRE IV

Versets: 1, 8, 9 à 11, 10, 12 à 14, 16.

VERS. 8.
« Viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens du Liban avec moi; regarde du sommet de l'Amana, du sommet du Senir et de l'Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards. »

Nous pouvons quelquefois, dans nos égarements insensés, nous trouver bien plus près que nous le pensons de la « tanière des lions », et n'avoir pourtant nulle conscience de notre danger. Sous tout ce qui, dans l'ordre naturel, attire et charme le coeur, peuvent être cachés nos plus mortels ennemis. Le « Liban, » comme type, s'unit en nous à l'idée de l'exaltation terrestre la plus grande. Mais là, ce qui exerce sur l'oeil extérieur un tel pouvoir de fascination, ce qui est si enchanteur pour les sens, abrite le lion dévorant et le cruel léopard. La richesse même et la beauté du lieu sont un abri sûr pour l'ennemi. Charmé outre mesure par les scènes magnifiques que déroulent sous ses yeux le Liban et l'Hermon, le voyageur peut être tenté de s'arrêter jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour gagner la plaine en toute sécurité.

Tu feras bien, ô mon âme, de t'arrêter un peu ici. Souviens-toi que les scènes terrestres les plus belles sont infestées d'ennemis plus subtils et plus dangereux que les lions et les léopards du Liban. « Pèse le chemin de tes pieds et que toutes tes voies soient bien réglées. » Pourquoi cette disposition à errer, à t'arrêter au milieu des choses visibles? Apprends à connaître ta propre faiblesse, tes propres penchants. Quelques-uns des saints du Seigneur, tu peux l'avoir observé, sont détournés par la conformité au monde ; d'autres, par la lecture de livres qui fascinent l'esprit, mais dessèchent l'âme ; un grand nombre, hélas ! sont pris au piège en suivant leur propre volonté et la voie qui semble droite à leurs yeux, et tout cela mène également à la « tanière des lions, aux montagnes des léopards », ou à des expériences et des occupations d'un danger certain pour l'âme. Il n'y a qu'un oeil qui puisse découvrir le piège - qu'une seule voix qui puisse retirer le coeur du lieu de péril: « Du sommet de l'Amana, du sommet du Senir et de l'Hermon »,voulait dire l'amour divin, « regarde à moi ». De cette manière, le monde pour ainsi dire, disparu à tes yeux, sera sous tes pieds. « Amana,» remarque-le, signifie vérité, intégrité. Du point de vue de la vérité, considère toutes ces choses, et persévère à attendre la venue du Seigneur Jésus.

Rien de plus beau et de plus touchant que la manière dont le bien-aimé Sauveur cherche ici à appeler l'Épouse loin du théâtre du danger. « Viens avec moi, » tel est son langage d'incomparable tendresse. Il ne dit point : « Va ! dépêche-toi de fuir, le danger est proche, tu es sur le bord du repaire des lions. » Oh ! non, ce n'est pas ainsi qu'il parle. « Viens », dit-il, «viens du Liban, avec moi, ma fiancée, viens du Liban avec moi ». Il cherche à détacher son coeur du Liban, le lieu des joies terrestres, mais du danger spirituel. Quelle grâce ineffable respire dans ce mot, « Viens. » La phrase toute entière exhale les sympathies les plus tendres, la plus profonde sollicitude de son coeur. Comme « Viens » sonne infiniment plus doux à l'oreille que « Va ! » Le premier dit communion, l'autre parlerait de séparation.

« Viens, toi et toute ta maison dans l'arche, » dit l'Eternel à Noé. Il ne dit pas: « Va, toi », mais «viens, toi ». Dans sa grâce, le Seigneur, étant entré dans l'arche avant son serviteur, et se trouvant là, il pouvait dire «Viens ! » et de cette manière l'homme de foi était assuré que le Seigneur était avec, lui dans l'arche du salut. Quelle consolation de savoir que le Seigneur se trouve avec nous dans la nacelle, quelque battue qu'elle puisse être par les eaux agitées ! Mais de plus, voici dans quels termes il s'adresse à la maison rebelle d'Israël: « Venez et plaidons ensemble, dit l'Eternel. » (Es. I, 18.) Remarquez aussi le ton plein de grâce de son raisonnement. Israël, ayant obéi à son invitation de venir, il ne leur fait point de reproche, mais leur dit avec douceur : « Quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige ; et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine. » Oh ! l'heureuse manière de parler à un pécheur coupable ! Le Seigneur seul peut agir ainsi. Béni soit son nom, nous trouvons cette même grâce déployée pour le monde entier dans cette invitation de la portée la plus large: «Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos. » Cette parole n'est pas plus tôt l'objet de la foi, que le repos est assuré. « Moi, je vous donnerai du repos, repos du fardeau du péché, repos de vos propres stériles efforts, repos avec Jésus dans le paradis de Dieu. Adorable Sauveur, puisse cette invitation si précieuse « venez » être davantage appréciée par ceux qui sont encore loin! Mais à toi la gloire et la louange de la grâce. Un mot encore. Qui n'a pas admiré ce qu'a de ravissant la dernière page de l'Écriture sainte avec ses nombreux «Viens?» «Et l'Esprit et l'épouse disent : Viens, et que celui qui entend dise : Viens, et que celui qui a soif, vienne, que celui qui veut, prenne gratuitement de l'eau de la vie.» (Apoc. XXII, 17.)

Mais il y a dans le tendre appel de l'époux deux autres mots qui peuvent être pour le coeur la source de la joie la plus profonde : « Avec moi. » « Viens à moi. » Pourrait-on trouver deux mots plus propres à éloigner toute crainte et à remplir le coeur de confiance, quelles que soient les circonstances ? Impossible. Si le rugissement du lion a retenti à nos oreilles et que nous sachions qu'il est proche, nous pourrions bien être remplis d'effroi, vu que nous ne possédons en nous mêmes aucune force pour lui résister? Mais ces trois mots d'une grâce sans pareille: «Viens à moi » répondent, à tout ce dont le coeur à besoin. Avec Lui elle est parfaitement en sûreté, quelque étendue que soit la chaîne de montagnes qu'elle a à franchir, et quelle qu'en puisse être le danger. Mais la grâce d'échapper au repaire des lions, est la plus petite des bénédictions comprises dans ces trois mots. Ils expriment l'extrême plaisir qu'il prend dans sa compagnie. La présence de l'épouse est sa joie. Vérité merveilleuse, bénie ! De toutes les pensées, c'est la plus riche: Il prend ses délices en nous, son désir est de nous avoir lui-même ! Non, sans doute, qu'il soit dépendant de la créature, ou qu'il lui soit redevable, pour sa suprême félicité, car il est Dieu aussi bien qu'il est homme et se suffit à lui-même. Il est le Dieu indépendant, le Dieu éternel, le Dieu vivant, il est Jésus, Jéhovah. Mais, comme Fils de l'Homme, dans sa merveilleuse grâce et son amour infini, il a voulu que nous fussions nécessaires à la pleine manifestation de sa gloire et à ses éternelles délices. L'église, qui est son corps, est sa plénitude. (Eph. I, 22-23.) Et quant à la fille de Sion, Il lui dit aussi: « Écoute, fille ! et vois; et incline ton oreille; et oublie ton peuple et la maison de ton père; et le Roi désirera ta beauté ; car il est ton Seigneur; adore-le. » (Ps. XLV, 10, 11.)

Ce beau passage sera appliqué avec une puissance divine au coeur de l'épouse, le résidu juif, quand le Seigneur reviendra. Il cherche là à détourner leurs pensées et leurs sympathies de l'ancien ordre de choses juif, et leur parle de «la maison du Père», afin qu'ils soient entièrement formés pour le nouvel ordre de choses sous le Messie dans sa gloire milléniale. C'est sur la terre dans le pays d'Emmanuel, que la bénédiction d'Israël aura lien.

L'Esprit de Dieu a pris de tels soins pour la révélation de cette grande vérité, « avec Christ », que tu peux bien, ô mon âme, en faire quelques instants le sujet de tes méditations. Elle a son fondement dans le conseil immuable de Dieu, et court comme un fil d'or à travers toutes les circonstances qui se déroulent. «Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui. » (Rom. VIII, 32.) Quelle pensée ! «Toutes choses... Christ» - en communion avec lui. Santé ou maladie - pauvreté ou richesse, dans chacun de ces états, je suis avec lui: je le possède dans tous ces états. Selon le raisonnement de l'apôtre, le plus grand renferme le moindre, et le moindre est possédé avec le plus grand.

Le chrétien se trouvât-il tellement réduit à l'étroit par les circonstances, qu'un morceau de pain sec et un verre d'eau froide fussent son plus riche repas, qu'il pourrait encore dire triomphalement, tout pauvre qu'est ce repas: Je l'ai avec Christ, et j'ai Christ avec lui. Depuis la plus humble condition sur la terre jusqu'au faîte le plus élevé dans la gloire, nous avons tout avec Christ, et notre bénédiction la plus riche consiste en ce que nous sommes un avec Lui. Notre unité avec Christ, chef de l'église, est si merveilleuse, si réelle, si parfaite, que l'apôtre dit: «Je suis crucifié avec Christ », et de tous les chrétiens: « Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui.» Et en diverses parties de l'écriture, il parle de cela sous sept aspects distincts, ce qui nous donne l'idée de quelque chose de divinement complet:

1° Nous sommes crucifiés ensemble;
2° vivifiés ensemble;
3°, ressuscités ensemble;
4° assis ensemble ;
5°héritiers ensemble ;
6° souffrants ensemble ;
7° glorifiés ensemble.

Et cette unité, cette identité de l'église avec lui-même est tellement précieuse au coeur de Jésus que, dans tous les endroits où il est parlé dans l'écriture de notre état futur, il est précisé comme étant avec Christ. « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » «Absent du corps, présent avec le Seigneur. » « Ayant le désir de déloger et d'être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur.» Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. » « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit. Je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. » C'est là le repos, le parfait repos pour le coeur à jamais. Rafraîchie, comme tu l'es, retourne à tes méditations sur le beau Cantique des Cantiques, toutefois pour sonder encore plus attentivement le livre de son coeur, qui seul sait aimer.

«Ton meilleur repos sur la terre est encore interrompu; des ennemis vigilants, le léopard tacheté, le lion rugissant en quête de sa proie, envahissent et troublent ton «Liban». mais viens avec moi dans des entretiens divins, et je te conduirai En des lieux dont ne peuvent approcher les animaux destructeurs, ni aucun adversaire ; où mes rachetés, dans la joie triomphale des cantiques éternels, agitent autour de ton trône, dans une félicité ineffable, leurs palmes victorieuses; où il n'y a plus ni péché, ni mort, ni vicissitude, ni aucune chose semblable, mais où tout est joie. Mon épouse, toi que je me suis acquise au prix de mon sang, regarde de l'Amana, du Senir et de l'Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards, regarde au loin ! Établie sur la base des promesses, contemple toujours ton glorieux repos. »

VERS. 9 à 11.
« Tu m'as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée; tu m'as ravi le coeur par l'un de tes yeux, par l'un des colliers de ton cou, que de charme ont tes amours, ma soeur, ma fiancée ! Que tes amours sont meilleures que le vin, et l'odeur de tes parfums plus que tous les aromates ! Tes lèvres, ma fiancée, distillent le miel, le miel et le lait sont sous ta langue, et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban. »

Quelque incomparables que soient les perspectives diverses qui du Liban se déploient aux regards du voyageur, quelque splendides et ravissants pour l'oeil que soient ces glorieux sites de la nature, tout embaumées des plus suaves parfums que, soient ces montagnes si fertiles en aromates, l'oeil et le coeur de l'époux se détournent de tout cela pour être entièrement à l'admiration de l'amie qui est là à côté de lui. Il voit en elle ce qu'il ne peut voir autre part ailleurs.- les sentiments et les affections de son propre coeur qui se réfléchissent sur lui-même du coeur de l'épouse. Les beautés de la scène qui se déroulent autour d'eux peuvent symboliser les choses que les hommes du monde estiment comme très précieuses, exquises et distinguées ; mais c'est dans la beauté et l'amour de l'épouse que le royal époux trouve ses délices et sa satisfaction. Il voit en elle les heureux fruits de son propre inextinguible amour, les fruits du travail de son âme, et il en est satisfait. (Es. LIII, 11.) Vérité. précieuse pour le coeur de tout croyant ! -

Un homme peut posséder une fort belle position et l'apprécier beaucoup, mais jamais il ne saurait avoir pour elle les mêmes sentiments qu'il a pour sa femme et pour ses enfants. Ceux-ci font partie de lui-même, et non pas sa position. Qu'étaient Pour le premier Adam tous les plaisirs du paradis auprès des délices qu'il prenait en Eve sa chère et belle compagne? Elle était une partie de lui-même, et non pas la création. Il avait été plongé dans un profond sommeil, et de son côté ouvert il lui avait été formé une compagne. Lorsque l'Eternel Dieu lui amena cette aide qui lui correspondait, l'homme s'écria: « Cette fois, celle-ci est os de mes os, et chair de ma chair. » Celle fois la lacune était remplie. Jusqu'à maintenant il n'avait rien vu qui fut approprié à son coeur. La création avec tout son éclat, les beautés d'Eden, n'avaient été, pour ainsi dire, qu'un blanc pour le premier homme jusqu'au moment où il posséda le fruit béni de la bonté de l'Eternel Dieu à son égard, savoir une aide qui lui corresponde.

Ce qui n'a existé simplement qu'en type dans le premier homme, s'est accompli réellement dans le second homme, le dernier Adam. Il a été certes plongé dans un profond sommeil, le sommeil de la mort; et, comme fruit de son côté ouvert, une seconde Eve, pour ainsi dire, a été formée toute belle et sans tache à ses yeux, qui bientôt partagera avec lui les joies et l'empire de la nouvelle création, de la création rachetée, et là, au milieu de ses gloires, réfléchira son amour fort comme la mort, et se réchauffera éternellement aux rayons de sa faveur sans nuages. Pouvons-nous donc nous étonner qu'il admire avec transports la ressemblance qu'elle a avec lui-même? La toute-puissance pouvait créer un monde; il n'y a que l'amour divin qui fût capable, par les souffrances et la mort, de sauver un perdu. Qui saurait le comprendre cet amour, cet amour pour un pauvre vil pécheur? Mais s'il faisait plus habituellement, ô mon âme, le sujet de tes méditations, tu t'étonnerais moins de ces paroles : « Tu m'as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée. » Et pourtant, malgré tout ce que tu connais maintenant, ou ce que tu pourras connaître dans la suite, ces paroles seront à jamais des plus merveilleuses. «Tu m'as ravi le coeur. » Vérité étonnante ! Le coeur de Christ ravi, emporté ! et par quoi, par qui? Par les attraits d'un pécheur sauvé par grâce, par quelqu'un qui a été lavé de ses péchés dans Son sang précieux, et qu'Il a lui-même orné de ses perfections, de ses beautés sans pareilles.

Cette expression de l'amour du Sauveur se trouve au centre du volume sacré, et, sous quelques rapports, elle est la plus remarquable que nous lisions dans l'écriture. Mais tout le chapitre dont elle fait partie est, en quelque sorte, une manifestation plus merveilleuse de son amour qu'aucune de celle que nous présente ailleurs le livre de Dieu. Pour ce qui regarde les détails, il n'y a rien qui ressemble au Cantique des Cantiques dans quelque autre partie que ce soit de la Bible. « Tu m'as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée. » Il prend ici la place de frère aussi bien que celle d'époux. « Ma soeur, mon épouse. » Relation bénie ! Heureuse union! bien connue et fort appréciée par lui, quoique encore comparativement peu connue par elle ! Mais ce dont il s'agit surtout là, c'est du coeur, des sentiments, de l'amour du Sauveur, non pas pour les Juifs seulement, mais pour tous ceux qui croient en son nom. Son association avec le résidu dont il parle comme de sa soeur, sa fiancée, est pour lui l'occasion de déployer pleinement son amour dans tout son éclat. Au milieu de toutes les magnificences, l'épouse seule attire ses regards; elle fait contraste avec tout ce qu'on peut trouver sur la terre Qu parmi les anges du ciel. Nous ne lisons nulle part que les beautés de la création ravissent le coeur du Créateur. Ce mystère des mystères était réservé pour le Rédempteur et les rachetés.

Ici s'élève tout naturellement une question qui en a exercé plusieurs. Comment se fait-il que nous ayons dans le Cantique des Cantiques une expression de l'amour de Christ pour le résidu, aussi complète et aussi détaillée en comparaison de ce que nous présentent les épîtres qui sont adressées à l'église de Dieu, « l'épouse, la femme de l'Agneau ? »

En premier lieu, on peut considérer le Cantique des Cantiques comme la révélation du coeur de Christ à tous les saints juifs ou chrétiens, terrestres ou célestes. L'amour de Christ est parfait, et toujours parfaitement développé selon la relation dans laquelle nous le connaissons. C'est sous l'allégorie de l'amour de l'épouse et de l'époux, que les sentiments et les affections de son coeur sont exprimés ici, et dans une harmonie parfaite avec cette position. Le roi Salomon, eu son jour fut comme une lueur passagère de la gloire milléniale, et le vaisseau choisi et approprié pour représenter ces réalités bénies. Les paroles de Christ dans le Cantique des Cantiques, ont une application morale qui est ineffablement précieuse au chrétien. Heureux ceux qui sont en état de boire à une pareille source !

Les remarques suivantes de la plume d'un autre peuvent être utiles dans l'étude de ce précieux livre, pour faire comprendre le caractère des affections qui y sont développées par les Juifs, comparées avec celles des chrétiens, et aussi la manière dont le Seigneur y exprime son amour.

«Le Cantique des Cantiques prend l'homme dans ses rapports avec Dieu, c'est-à-dire, le Juif, au moins le résidu sous un autre point de vue que dans le livre de l'Ecclésiaste, et montre les affections que le roi sait créer en lui, et par lesquelles il l'attire à soi. Quelle qu'en soit la force, ces affections ne sont pas développées dans la position dans laquelle se forment les affections chrétiennes proprement dites. En voici la différence. Elles n'ont ni le calme, ni la douceur profonde d'une affection découlant d'une relation déjà formée, déjà connue et pleinement appréciée; d'une affection dont le lien est formé et reconnu, et qui compte sur la pleine et constante reconnaissance de cette relation; d'une affection dont chaque partie jouit comme d'une chose certaine dans le coeur de l'autre. Le désir de quelqu'un qui aime et qui veut le coeur de celui qui est aimé, n'est pas l'affection parfaite, l'affection douce et formée d'une épouse avec laquelle le mariage a formé un lien indissoluble. Dans l'un des cas, la relation est la conséquence de l'état du coeur; dans l'autre, l'état du coeur est la conséquence de la relation elle-même. Or, quoique les noces de l'Agneau ne soient pas encore arrivées, néanmoins à cause de la révélation qui nous a été faite de l'accomplissement de notre salut, ce dernier caractère d'affection est ce qui, grâces et gloire en soient rendues à Dieu, est propre à l'Église. Nous savons en qui nous avons cru» (1).

En second lieu, il y a une grande différence entre la position du Juif relativement à Christ dans les cantiques et celle du chrétien dans les épîtres. Or il est nécessaire de connaître cette différence, ou bien nous manquerons, tant dans nos pensées que dans nos affections à ce qui est dei au Seigneur, et nous appliquerons à l'église ce qui se rapporte à Israël, et à Israël, ce qui se rapporte à l'église. Nous connaissons la vérité bénie de notre unité avec Christ, comme ressuscité et glorifié. «Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec Lui. » (1 Cor. VI, 17.) L'union en vie et en position avec Christ glorifié, va bien au delà de ce que l'apôtre appelle « la religion des Juifs ». Nous savons même, maintenant, aujourd'hui, que nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ ; et quoique ici-bas sur la terre, pauvres, coupables de bien des fautes, manquant en bien des points, nous savons que nous sommes scellés du Saint-Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage jusqu'à la rédemption de la possession acquise. (Eph. I.) Mais, ce qui est infiniment plus doux que tout le reste, c'est que nous connaissons la grandeur de son amour, selon le sacrifice par lequel il nous a introduits dans cette position céleste, et dans une association éternelle avec lui-même. Nous savons, en conséquence, que la question du péché a été complètement réglée, et que nous sommes pleinement et pour toujours pardonnés, justifiés parfaitement et agréables dans le bien-aimé. Christ a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification. (Luc VII, 48; Jean V, 24; Act. XIII, 38, 39; Rom. IV, 25.) Notre rédemption est accomplie, notre relation est déjà formée; nous n'attendons plus que la gloire, les noces de l'Agneau. Nous comptons sur sa promesse : « Oui, je viens bientôt. » « Car encore très peu de temps et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas.» Mais tout en attendant sa venue, nous connaissons et nous goûtons, par la puissance du Saint-Esprit, quoique bien faiblement, les affections de son coeur qui appartiennent proprement à cette relation ineffablement bénie, et établie pour l'éternité.

La position d'Israël, tel que l'esprit de prophétie la révèle dans les Cantiques, est bien inférieure à celle-là. En tout cas, il n'y est point question de la purification de la conscience ; le pardon et la justification n'y sont point touchés: il s'agit davantage du coeur, de créer, de former les affections pour la personne du bien-aimé, et de les faire se produire.

Le résidu n'est pas encore. entré pleinement dans la connaissance personnelle de Christ, dans la certitude de sa relation avec lui, et n'en jouit point; or, c'est là précisément ce que le coeur qui aime avec tant d'ardeur désire voir réalisé, c'est de cela qu'il se préoccupe. Naturellement, l'époux sait dans quelle relation il est avec celle qu'il appelle « ma soeur, ma fiancée». De là cette merveilleuse révélation qu'il lui fait, à elle-même directement, de son coeur, afin qu'elle puisse connaître les desseins de son amour. Il l'assure, avec insistance, de la beauté, de la valeur, du prix qu'elle possède à ses yeux. Et même après qu'elle a failli, en l'oubliant lui et son amour, il vient à elle avec une affection qui ne saurait être détournée de son objet. De cette manière, le coeur de l'épousé est exercé par la manifestation de l'amour, de la tendresse et de la bonté de Christ; ses affections deviennent par là plus profondes, et à ses yeux le bien-aimé est exalté au-dessus de tous les autres, et apprécié comme « le premier entre dix mille... tout en lui est aimable». Son coeur est ainsi graduellement formé pour l'époux lui-même, et cela par la révélation de son coeur à lui. Le psaume quarante-cinquième est la révélation de ce résultat béni. Là, les Juifs - le résidu - sont salués comme les «compagnons» du roi, et Jérusalem comme « la reine parée d'or d'Ophir». Maintenant les nations lui font honneur avec leurs présents et sollicitent sa faveur: désormais elle est dans la relation la plus intime avec le roi, et se voit introduite dans les palais d'ivoire.

Mais revenons à notre texte.

« Tu m'as ravi le coeur par l'un de tes yeux, et par l'un des colliers de ton cou. » Ce peut être difficile de déterminer ce que le Seigneur entend par les mots « l'un de tes yeux, l'un des colliers de ton cou ». Il se peut que ce soit une allusion à l'appréciation qu'il fait de chacune de ses grâces, de chaque ornement spirituel que possède le croyant, ou des délices qu'il prend dans chaque croyant en particulier aussi bien qu'en tout son peuple collectivement. Jamais, ni dans le temps ni dans l'éternité, le moindre de tous les saints ne saurait être inaperçu de lui, ou ne pas être distingué des autres. C'est comme individus que nous sommes aimés, sauvés et glorifiés. Cette vérité est clairement enseignée en Luc XV, et Jean parle beaucoup aussi de notre bénédiction individuelle, la famille de Dieu étant son thème principal, comme l'église est celui de Paul, et le voyage à travers le désert, celui de Pierre; pourtant c'est Paul qui dit, «qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi». Paul parle ici comme s'il était le seul que Christ ait aimé et pour lequel il soit mort. La foi s'approprie ce que la grâce révèle, et ce n'est que de cette manière que le coeur jouit des révélations de la grâce. Comprends-tu cela, ô mon âme? C'est de toute importance, et c'est du ressort de la foi seulement. Quelque grande que soit la bénédiction, la foi en fait une bénédiction personnelle. N'importe ce que la grâce révèle en Christ comme la portion des enfants de Dieu, la foi dit avec certitude «c'est à moi».

Mais dans notre heureuse demeure d'En-Haut, ce n'est pas seulement du Seigneur que nous serons connus personnellement: nous le serons aussi les uns des autres. Pierre semble ne pas avoir eu de difficultés à reconnaître, sur la montagne de la transfiguration, qui était Moïse, et qui était Elie. Ainsi en doit-il être dans l'état de résurrection où tout est parfait. La distinction des personnes sera entière et manifeste. Paul ne sera jamais pris pour Pierre, non plus que Pierre pour Paul, et chacun aura sa propre couronne et sa propre gloire. Pensée bénie et aussi solennelle ! chaque saint aura sa propre couronne: tous seront connus là pour ce qu'ils sont dans l'appréciation du Seigneur. Toutefois, ils seront tous parfaits, tous heureux, dans la pleine joie du Seigneur, et ils brilleront tous avec éclat dans sa glorieuse image, qu'il porteront tous alors parfaitement.


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(1) Études sur la Parole, tom. II, p. 373.

 

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