Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE IV
VERS. 10.
« Que de charme ont
les amours, ma soeur, ma fiancée !
»
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Si nos méditations sur
l'appréciation que le Seigneur fait de notre
amour étaient plus profondes, plus
sérieuses et plus simples, nos coeurs
seraient plus entièrement pour lui; l'amour
engendre l'amour. C'est le feu près duquel
je suis assis qui me réchauffe. Plus je suis
près du coeur de Christ, plus le mien sera
ardent et plus sera vive la flamme de mon amour
pour lui. Je ferais tout aussi bien de m'imaginer
que je me réchaufferai en
sortant au jardin et en regardant la neige, que de
chercher à accroître mon amour pour
Christ cil regardant à moi, en m'occupant de
moi, en m'efforçant de l'aimer davantage.
Mais, quoi qu'il en soit, disent plusieurs, je ne
fais pas de progrès dans l'amour pour
Christ, et dans le sentiment de son amour pour moi,
et je désire éprouver plus d'amour
pour lui. À la bonne heure ! mais si c'est
le feu auquel je suis assis qui me
réchauffe, c'est aussi la nourriture que je
mange qui me rassasie: Que ton âme donc se
nourrisse de Christ. Tu trouveras un riche repas
dans ce merveilleux chapitre. Médite-le
attentivement, étudie-le parole après
parole, et pense au coeur de qui toutes ces paroles
découlent.
L'incrédulité tient
pour rien les paroles de Christ, la foi s'en
nourrit. Sois ferme, et élève-toi
dans tes méditations jusqu'au coeur de
Christ. Étudie toujours ses paroles, en
communion avec lui-même; et garde-toi bien de
séparer la parole de Christ de sa personne.
C'est ainsi que ton amour pour lui
s'accroîtra, et que la ressemblance avec lui
s'accroîtra extrêmement. La
connaissance de tout le cas qu'il fait de notre
amour nous conduirait à la contemplation de
ce qui entretient notre amour et le fortifie.
« Que de charme ont tes amours, ma soeur, ma
fiancée! Tes amours sont meilleures que le
vin, et l'odeur de tes parfums plus que tous les
aromates. » Si de pareilles
révélations de son amour ne nous
gagnent pas, qu'est-ce qui nous gagnera? Il n'y a
pas de vin, pas de joie terrestre, qui
lui soit agréable comme
l'amour de sa fiancée; pas de senteur, qui
lui soit aussi douce que l'odeur de ses parfums. Il
lui déclare qu'ils surpassent tous les
aromates. Toute l'hospitalité du Juif
à propre justice n'était rien pour
Christ en comparaison de l'amour de celle qui
était prosternée à ses pieds.
Mais un tel fruit de l'Esprit ne peut grandir que
dans la lumière de Sa présence. Les
plantes ne croissent jamais bien dans les
ténèbres. Elles peuvent bien produire
quelques feuilles pâles et maladives, mais ce
sera tout. Le fruit et le parfum ne se trouvent que
sur les plantes qui sont exposées au soleil.
«Je suis la lumière du monde», dit
Christ. «Celui qui me suit ne marchera point
dans les ténèbres, mais il aura la
lumière de la vie.» « Celui qui
demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de
fruits; car, hors de moi, vous ne pouvez rien
faire. »
(Jean VIII, 12 ;
XV, 5.)
Il faut d'abord que le rayon de miel
soit rempli avec une patiente industrie, avant que
rien en distille. Le miel est recueilli de toutes
les fleurs. Telle devrait être l'habitude du
chrétien : apprendre quelque chose presque
de toute chose. Mais, hélas ! nous
ressemblons trop au papillon, et pas assez à
l'abeille. On peut voir le premier voltiger un
instant sur la fleur, et s'enfuir ensuite sans en
avoir goûté la douceur, tandis que la
dernière s'attache fortement à elle
et en suce le miel. Et de cette manière, son
magasin se remplit peu à peu. Il faut
étudier soigneusement la parole et par
elle enrichir le coeur, avant
d'avoir facilement sous la langue le mot
approprié à l'occasion. Le Seigneur
est tout heureux de trouver dans l'épouse ce
fruit de l'Esprit. « Tes lèvres, ma
fiancée, distillent le miel; sous ta langue,
il y a du miel et du lait, et l'odeur de tes
vêtements est comme l'odeur du Liban. »
Les gouttes qui distillent du rayon de miel peuvent
suggérer l'idée d'un choix attentif,
en contraste avec « la multitude de
paroles» dont parle les Proverbes. Il en est
des paroles comme des semences, elles germent et
fructifient, que ce soient des paroles piquantes et
amères ou de bonnes et salutaires paroles.
Si nous semons de l'ivraie, nous ne
saurions moissonner du froment; et si nous semons
du froment, nous ne risquerons jamais de moissonner
de l'ivraie: « Car et que l'homme sème,
il le moissonnera aussi.» Oh ! puissions-nous
distiller toujours des paroles de bonté, de
douceur, de débonnaireté, de
vérité, de foi, d'espérance et
de charité ! Qu'y a-t-il de plus pur que le
lait ? Qu'y a-t-il de plus doux que le miel? Quoi
de plus nourrissant que l'un? Quoi de plus
salutaire que l'autre? Notre bien-aimé
Sauveur nous voit et nous reconnaît dans
l'Esprit, et non dans la chair, et il parle ici des
fruits précieux de l'Esprit qui lui sont si
agréables. C'est sur ses propres
lèvres que «la grâce est
répandue»; ce sont tous « ses
vêtements qui sont parfumés de myrrhe,
d'aloès et de casse, quand il sort des
palais d'ivoire » ; et, il trouve, à sa
joie suprême, dans son épouse
bien-aimée, la parfaite
réponse à ce qu'il est
lui-même. Lorsque les montagnes et les
vallées de Canaan, embaumées du
parfum de tous les aromates et
«découlant de lait et de miel»,
auront disparu pour toujours, la bien-aimée
demeurera en la présence du Seigneur,
qu'elle réjouira durant toute
l'éternité par la vue de sa
fraîcheur toujours nouvelle, et de l'odeur
toujours suave du parfum de son adoration et de son
amour.
«Puissent s'élever
toujours plus purs dans ton église les
cantiques de louange, ainsi que les voeux ardents
pour plus de sainteté, les pleurs d'une
humble confession, et les soupirs après ta
venue, après toi-même, ô
Seigneur ! Mais, hélas! quelle faiblesse
dans nos accents ! Seigneur, magnifie la
grâce, et donne-nous d'être davantage
ce que ta grâce nous a faits ! Fais-nous
trouver plus de douceur à ta parole au fond
de nos âmes ! Ouvre nos lèvres, et
,qu'elles proclament ta Parole, pour que tous te
connaissent, t'aiment et t'adorent ! Sois pour les
liens comme la rosée de l'Hermon.
Revêts les saints de vêtements pareils
aux tiens, propres et parfumés du parfum du
ciel ! Que nul ne puisse s'approcher d'eux, sans
reconnaître que tous les saints ont
été avec toi et ont reçu, de
tes palais de cèdre, des odeurs
particulières à ces hauteurs
sacrées ! »
VERS. 12-14.
«Ma soeur, ma
fiancée, tu es un jardin clos, une
source fermée, et une fontaine
scellée. Tes plants sont un paradis
de grenadiers et de fruits exquis, de
henné et de nard, de nard et de
safran, de roseau odorant et de
cinnamoine, avec tous
les arbres à encens : de myrrhe et
d'aloès, avec lotis les principaux
aromates. »
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Quelques moments de méditation sur la
position et la nature physiques du pays
d'Israël nous aideront extrêmement
à comprendre ces belles et instructives
comparaisons. On dit que la terre promise est
située au centre du monde habitable : pays
de noblesse d'une grande beauté et d'une
grande fertilité naturelles. Il importe
aussi d'observer que c'est en vertu d'un
arrangement divin, et par suite de circonstances
accidentelles qu'a été
déterminé le lieu assigné pour
pays aux Juifs. Des centaines d'années avant
qu'Israël eût une existence nationale
quelconque, « le Souverain », en
établissant les limites des diverses nations
de la terre, réservait cette place centrale
pour son peuple élu.
Le passage qui suit, établit
avez clarté ce point important. « Quand
le Très-Haut partageait l'héritage
aux nations, quand il séparait les fils
d'Adam, il établit les limites des peuples
selon le nombre des fils d'Israël. Car la
portion de l'Eternel, c'est son peuple; Jacob est
le lot de son héritage.
(Deut. XXXII, 8-9.) On peut
recueillir beaucoup de lumière de cette
intéressante vérité,
relativement à la place qu'occupe
Israël dans les pensées et les desseins
de Dieu. Ce lieu central a été
déjà le théâtre
d'événements qui surpassent de
beaucoup tous les autres par leur importance et
leurs résultats ; et il sera encore le
théâtre d'événements que
les cieux et la terre attendent
et que l'Écriture
annonce. La prédiction qui n'apparaît
qu'en germe en Eden s'épanouira pleinement
dans toutes ses gloires, dans la terre
promise.
À cause de la chute
d'Israël, le pays, comme nous le savons, est
maintenant dans un état de
désolation. Il ne rappelle rien moins que
l'idée d'un centre; il est foulé sous
le pied des Gentils; mais quoiqu'il ait
été longtemps comme un désert
et comme l'ombre de la mort, il ne sera pas
toujours ainsi. Le Seigneur du pays est absent,
à présent; il s'en est allé
dans le «pays éloigné» ;
mais il reviendra, et prendra possession du sien.
(Luc XIX.) «La terre est
à moi», dit le Seigneur; et
conformément à son intention
première, ce pays deviendra, au temps
convenable, le centre de toutes les nations, la
gloire de tous les pays, la louange de toute la
terre ; Jérusalem bien-aimée sera la
métropole de toute la terre et le centre de
bénédiction pour tous ceux qui y
habiteront. La bannière de l'amour flottera
alors sur ses remparts, comme le signe certain que
« l'homme noble » est revenu, et qu'il a
pris possession de son royaume.
Moïse eut le privilège
avant de mourir de contempler ce beau pays du
sommet du Pisga: l'Eternel lui-même le montra
à son serviteur. Quelle grâce ! quelle
condescendance ! Quel honneur accordé
à Moïse! « Je te l'ai fait voir de
tes yeux, mais tu n'y passeras point.
(Deut. XXXIV.) Il lui fut permis,
avant de s'endormir de considérer la future
demeure des rachetés de
l'Eternel, de voir ses fertiles vallées, ses
belles montagnes et ses plaines bien
arrosées partout. Voici dans quels termes,
sous la direction du Saint-Esprit, il en fait la
description. « Car l'Eternel ton Dieu te fait
entrer dans un bon pays, un pays de ruisseaux
d'eau, de sources et d'eaux profondes qui sourdent
dans les vallées et dans les montagnes; un
pays de froment et d'orge, et de vignes, et de
figuiers et de grenadiers; un pays d'oliviers
à huile, et un pays de miel; un pays
où tu ne mangeras pas ton pain dans la
pauvreté, où tu ne manqueras de rien
; un pays dont les pierres sont du fer, et des
montagnes duquel tu tailleras l'airain. »
(Deut. VIII, 7-9.)
Ne semble-t-il pas que les
comparaisons de notre texte (chap.
IV, 12-14) sont empruntées
aux productions riches et variées de la
Terre Sainte? L'épouse du Seigneur est ici
comparée à un «jardin »,
à un «parc », à une «
fontaine »; tant elle est remplie de tout ce
qui lui est agréable, de ce qui fructifie
pour lui ; tant sont variées les
grâces dit Saint-Esprit en elle : il y a
abondance pour le coeur de son Seigneur. « Le
nard et le safran, le roseau odorant et le
cinnamome, avec tous les arbres à encens, la
myrrhe et l'aloès avec tous les principaux
aromates.» Quelle vérité pour
tes méditations, ô mon âme,
pèse-la bien ! considère-la dans ses
différentes parties. Le «jardin»
peut être renommé pour son exquise
collection de fleurs, pour ses arbustes
aromatiques, pour toutes ses plantes
agréables. le « verger»
pour toute espèce
d'arbres portant des fruits précieux, et
quant à la « fontaine », elle
arrose tout l'ensemble. Quelles vastes et profondes
pensées cela devrait nous donner de ce que
le peuple de Dieu doit être pour Christ dans
ce monde ! Ce qu'est le jardin le plus
délicieux, comparé au stérile
« et aride désert », les saints du
Seigneur le sont, comparés au monde. Eh
bien, ô mon âme, qu'en est-il de toi? Y
a-t-il en toi fraîcheur, croissance,
fertilité, dans les choses de Dieu? Le
Seigneur peut-il venir dans le jardin de ton coeur
et manger ses fruits délicieux? Il
connaît toutes tes pensées et toutes
tes voies.
Mais, remarque de plus, que le coeur
charmé de l'époux décrit son
épouse comme « un jardin clos »,
une source fermée, une fontaine
scellée. » Elle est toute pour lui et
pour lui seulement. Ses yeux ne s'égarent
point après un autre. Elle est parfaitement
satisfaite de sa portion, dans son cher
bien-aimé. Christ lui suffit. Il est
à ses yeux, un abri parfait, la satisfaction
parfaite de tout son coeur. Nul regard pour un
autre. Le contentement remplit son âme:
«Je suis à mon bien-aimé, et mon
bien-aimé est à moi; il paît
parmi les lis.» La fleur, le parfum, le fruit,
sont pour lui, pour lui seul. Son jardin est clos
à tous les autres; le sceau royal est
apposé sur la fontaine du roi; les eaux
vives n'en jaillissent que pour lui seul.
«Sachez que l'Eternel s'est choisi un
bien-aimé. »
(Ps. IV, 3.) Il n'est permis à
aucun étranger de toucher à ce qui
porte l'empreinte du sceau du
roi. «Toutefois le solide fondement de Dieu
demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît
ceux qui sont siens ; et : Qu'il se retire de
l'iniquité quiconque prononce le nom du
Seigneur. »
(2 Tim. II, 19.) « Mon fils,
donne-moi ton coeur, » est une demande
solennelle. Oh ! prête l'oreille, mon
âme, à la voix de la sagesse. Quand
nous avons satisfait à cette demande, nous
ne pouvons plus avoir de coeur pour le monde. Nul
homme ne possède deux coeurs; quoique
hélas ! nous semblions quelquefois en avoir
deux. Que je veille contre cela. Si Christ
possède mon coeur, je ne puis en avoir un
pour le monde. Christ ne peut accepter un coeur
partagé. Que e dise plutôt, en
eussé-je deux, il les aurait tous les
deux.
Les expressions «clos»,
«fermée»
«scellée» suggèrent avec
force la pensée de l'entière et nette
séparation du croyant d'avec le monde pour
Christ. Quoique dans le monde, le chrétien
n'est pas du monde. Ainsi que Christ le
déclare lui-même, « ils ne sont
pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde.
» Il y est comme serviteur de Christ, et
devrait apprendre à faire toute chose pour
lui. « Et quelque chose que vous fassiez en
parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur
Jésus, rendant grâces par lui à
Dieu le Père.»
(Col. III, 17.) La question qui se
pose est donc celle-ci: Peux-tu faire cela au nom
du Seigneur et en rendre grâce à Dieu
? Est-ce là un service pour Christ? telle
est la question à se poser,
et non se demander simplement,
quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela? et
alors, faire notre volonté au lieu de celle
du Maître.
L'apôtre Paul pouvait dire:
« Pour moi vivre, c'est Christ. «
C'était comme s'il eût dit: «
Pour moi vivre, c'est avoir Christ comme mon motif,
Christ comme mon but, Christ comme ma force, et
Christ comme ma récompense. » On serait
ainsi séparé du monde, et l'ont
ferait pourtant dans le monde le meilleur service
possible. Lorsque l'oeil est tenu fermement
attaché sur la personne du bien-aimé,
le coeur continue d'être plein de lui - la
conscience est nette - le jugement sain, et notre
service fructueux. Plus nous sommes
nous-mêmes tout près de la source,
plus nous sommes sûrs de devenir pour
d'autres des canaux de bénédictions,
de même que la source dans le désert,
et le fleuve dans la vallée, qui profitent
à la contrée environnante. « Si
quelqu'un a soif, dit Jésus, qu'il vienne
à moi et qu'il boive. » « Celui
qui croit en moi, selon ce qu'a dit
l'écriture, des fleuves d'eau vive couleront
de son ventre. (Or, il disait cela de l'Esprit
qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui -,
car l'Esprit n'était pas encore, parce que
Jésus n'avait pas encore été
glorifié. »)
Jean VII, 37-39.)
Le coeur ainsi rempli de Christ par
la demeure en lui du Saint-Esprit, rendra un
témoignage béni à Jésus
ressuscité et glorifié; « des
fleuves d'eau vive couleront de son ventre».
Le croyant est responsable de ce témoignage
vis-à-vis de son Seigneur absent. «
Celui qui dit demeurer en lui,
doit lui-même aussi marcher comme lui
à marché. »
(1 Jean II, 6.) Nous entrons ici sur
le terrain de la responsabilité
chrétienne. Chrétien, je suis
placé sous la responsabilité de
marcher en chrétien, non pas, le Seigneur en
soit béni, afin de le devenir, mais parce
que je le suis. Quelle grâce ! nous ne sommes
plus sous la responsabilité de gagner une
place dans la faveur divine: cela, notre
Jésus l'a accompli; mais étant d'ores
et déjà, par l'efficace de son sang
précieux, dans la position d'une faveur
parfaite, d'une paix, d'une joie, d'une
acceptation, parfaites, nous devons marcher selon
la position dans laquelle la grâce nous a
placés. Étant enfant de Dieu je dois
marcher comme un enfant de Dieu, et, serviteur,
comme un serviteur.
Notre bien-aimé Sauveur, en
mourant pour nous, a parfaitement satisfait
à notre responsabilité comme hommes,
comme enfants du premier Adam, et maintenant toute
notre responsabilité découle de notre
relation avec Christ; le dernier Adam,
ressuscité et glorifié. « Comme
mon Père m'a envoyé, ainsi moi je
vous envoie. »
(Jean XX, 21.) Ce mandat,
remarquez-le, fut donné par Jésus
ressuscité aux disciples, et non pas
seulement aux apôtres : et nous aurons
à lui en rendre compte à la fin.
Vérité extrêmement solennelle,
mais salutaire à connaître et à
conserver dans le coeur. « Chacun de nous
rendra compte pour soi-même à Dieu.
»
(Rom. XIV, 10-12.) Comme nous avons
rencontré bien des âmes peu au
clair et en perplexité
sur ce point, il sera bon peut-être de
présenter ici deux ou trois remarques,
relativement au tribunal de Christ.
En premier lieu, aucun croyant ne
peut jamais venir en jugement. « Il est
passé de la mort à la vie. »
(Jean V, 24.) Il est
«justifié de toutes choses».
Christ a été livré pour nos
offenses; elles ont toutes disparu, et disparu pour
toujours. Loué soit son nom ! Il a
été ressuscité pour notre
justification. Étant ressuscité avec
lui, le croyant est associé avec le Christ
ressuscité; il a la vie éternelle et
son acceptation est parfaite devant Dieu: « Il
n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux
qui sont dans le Christ Jésus. »
(Rom, IV,
V,
VIII.) Le croyant lui-même, ne
peut donc jamais être mis en jugement.
D'ailleurs, quand il comparaîtra devant le
tribunal de Christ, il sera dans son corps de
gloire ; il sera alors semblable au
bien-aimé Sauveur lui-même, «qui
transformera le corps de notre abaissement, en la
conformité du corps de sa gloire, selon
l'opération de ce pouvoir, qu'il a de
s'assujettir même toutes choses. »
(Phil. III, 21.) Je n'ai pas besoin
de dire combien cette glorieuse
vérité rejette au loin, bien loin,
toute idée de jugement pour le croyant. Il
est glorifié avant d'être
manifesté devant le tribunal, et sait fort
bien qu'il est cohéritier de Christ, et dans
une même gloire avec Lui.
Secondement. - Les
péchés et les iniquités du
chrétien ne peuvent jamais être
amenés en jugement. Christ en a
déjà fait l'expiation par
Son sang sur la croix. C'en est
complètement et absolument fini de tous les
péchés, selon qu'il est écrit:
(Héb. IX ; 1
Jean I, 9.) Christ lui-même a
porté nos péchés en son corps
sur le bois, afin qu'étant morts au
péché, nous vivions à la
justice; « par la meurtrissure duquel vous
avez été guéris. »
(1 Pierre Il, 24.) L'oeuvre de Christ
sur la croix, comme le représentant des
siens, est complète, absolument. Toute
question fut close pour toujours, lorsqu'il
s'écria. « C'est accompli. »
L'amour divin peut rencontrer le premier des
pécheurs, dans toutes les richesses de la
grâce de Dieu, sur le fondement de cette
oeuvre si glorieusement accomplie. Cet amour envers
le pécheur, qui fait valoir devant Dieu le
nom de Jésus et se confie uniquement en son
sang précieux, est tellement grand, que non
seulement tous ses péchés et toutes
ses iniquités sont pardonnés, mais
oubliés. « Car par une seule offrande,
il a rendu parfaits à
perpétuité ceux qui sont
sanctifiés. Et l'Esprit Saint en rend aussi
témoignage. ... il dit: et je ne me
souviendrai plus jamais de leurs
péchés, ni de leurs
iniquités.»
Troisièmement. - Si quant
à ses péchés, le croyant ne
vient point en jugement, ses oeuvres, comme
serviteur du Seigneur, doivent toutes être
relevées devant le tribunal de Christ. De
là la fidèle parole de
l'avertissement de l'apôtre : «Ainsi,
mes frères bien-aimés, soyez fermes,
inébranlables, abondant toujours dans
l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail
n'est pas vain dans le Seigneur.»
(1 Cor. XV, 58.)
Après s'être
arrêté longuement sur la doctrine de
la résurrection des morts, l'apôtre
parle de l'oeuvre de chacun. «L'ouvrage de
chacun sera rendu manifeste, car le jour le fera
connaître, parce qu'il est
révélé en feu ; et quel est
l'ouvrage de chacun le feu l'éprouvera.
»
(1 Cor. III, 13.) Mais cette
épreuve de la qualité de nos oeuvres,
ne devrait pas être envisagée comme un
sujet d'effroi, mais plutôt comme l'un de nos
plus grands privilèges; car alors nous
connaîtrons à fond comme aussi nous
avons été connus, et chacun' recevra
sa louange de la part de Dieu.
Dieu est lumière, Dieu est
amour, Il est amour pour les siens qui marchent
dans la lumière, comme lui-même est
dans la lumière. De ce fait, il
résulte une grande responsabilité,
savoir: de marcher comme lui aussi a marché.
Oui, Dieu est lumière, et il n'y a en lui
aucunes ténèbres. Les
ténèbres les plus faibles seraient
pour le nouvel homme une souffrance insupportable.
Être dans la lumière, c'est être
manifesté, car la lumière est ce qui
manifeste tout. Là, rien ne peut être
caché. Et, béni soit le nom du
Seigneur, nous ne voudrions pas qu'un seul moment
de notre histoire et des voies du Seigneur à
notre égard, si tendres, si
miséricordieuses, fussent laissés
dans l'ombre. Le coeur en repousse même la
pensée, nonobstant toute notre faiblesse, et
notre méchanceté, et qu'il nous
faille être « tous manifestés
devant le tribunal de Christ, afin que chacun
reçoive les choses accomplies dans le corps,
selon ce qu'il aura fait, soit
bien, soit mal. »
(2 Cor. V, 10.) Quand tout le cours
de ma vie sera manifesté dans la parfaite
lumière de Dieu en Christ, «alors je
connaîtrai à fond, comme aussi j'ai
été connu.» Mon jugement de tout
ce qu'il y avait de bien ou de mal, dans cette vie,
sera conforme au parfait jugement de
Dieu.
Tout ce qui aura été
fait pour Christ, comme fruit de sa grâce en
nous, sera approuvé et récompense par
Lui. Tout ce qui aura été fait
simplement dans l'énergie naturelle, ne
saurait être reconnu, et j'en ferai la perte.
Tout ce qui aura été produit par
l'Esprit de Christ en nous, demeurera à
toujours, comme de l'or, « de l'argent, des
pierres précieuses. »
(1 Cor. III, 10-13 ;
IV, 1-5.) Bien des services
accomplis dans un grand esprit de renoncement, sous
la croix, pour les motifs les plus excellents, mais
avec des moyens que l'écriture ne sanctionne
pas, seront alors analysés avec une
exactitude divine. Tout ce qu'il pourra
reconnaître comme bon, le Seigneur le
reconnaîtra et le récompensera
abondamment : et bon nombre de saintes
pensées du coeur, de pieux desseins qui
avaient pour but la gloire du Seigneur, mais qui
n'ont jamais été accomplis, seront
amenés alors en lumière, et recevront
leur pleine récompense. Le plus humble
service fait pour lui sur la terre, ne sera point
passé sous silence en ce jour-là.
« Car quiconque vous donnera à boire
une coupe d'eau en mon nom, parce que vous
êtes de Christ, en vérité je
vous dis qu'il ne perdra point sa
récompense. »
(Marc IX, 41.) Il sera aussi
manifesté en ce jour-là ce qui nous a
empêchés de faire plus de bien, vu la
lumière que nous possédions, les
occasions favorables qui se présentaient
à nous pour faire le bien, la grâce
qui nous était accordée, et les
opérations du Saint-Esprit en nous.
Néanmoins, chacun
possédera la place préparée de
la part du Père. Mais nous ne saurons jamais
jusqu'à ce moment-là, combien nous
sommes redevables à notre Seigneur et
Sauveur bien-aimé. Nous ne saurons qu'alors
tout ce qu'il a été pour nous, et
tout ce qu'il eut à supporter de notre part.
On verra alors, dans la vraie lumière de sa
présence, l'amour de ce coeur qui toujours
s'éleva au-dessus de toute notre
indignité et se manifestera par sa patiente
grâce dans tout son tendre amour, et dans
toute son inépuisable bonté. Et alors
aussi on verra ces mille et mille cas dans lesquels
nous avons cherché, dans l'orgueil de nos
coeurs, à nous complaire à
nous-mêmes, à nous exalter
nous-mêmes, à devenir nous-mêmes
quelque chose, au lieu de servir le Seigneur
Jésus, de l'exalter, de faire de lui notre
tout.
Nous connaîtrons alors et nous
comprendrons dans leur perfection bénie la
longanimité, la patience, la tendresse, la
sagesse avec lesquelles Jésus nous a ainsi
supportés durant tant d'années, et
les doux souvenirs d'un amour qui surpasse de si
loin tous les autres amours en tendresse,
rempliront alors nos âmes de l'admiration la
plus parfaite, de la plus fervente adoration, et
des transports les plus sublimes
de la louange pour toute
l'éternité.
Et les nombreuses, les miraculeuses
interventions de notre Dieu en notre faveur, et ses
merveilleuses délivrances durant les jours
de notre inconversion, ne seront pas non plus
ignorées ou oubliées en ce
jour-là. Que de fois, lorsque Satan nous
avait amenés par ses séductions et
par ses mensonges à deux doigts de
l'abîme et qu'il pensait nous y
précipiter, le puissant, le tendre,
l'adorable Jésus jeta ses bras autour de
nous, lui que nous méprisions, et nous sauva
du gouffre béant! Oh! avec quels coeurs
débordant de reconnaissance, d'amour et,
d'adoration, nous sortirons du tribunal de Christ!
Que de motifs il aura fournis à tous les
saints pour les louanges du ciel, durant
l'éternité! Désormais nous
saurons à quoi employer nos harpes d'or. Et
la source de joie qui nous aura été
ouverte là, coulera avec une abondance
profonde et une fraîcheur toujours nouvelle,
à travers toute la longue, la brillante, la
bienheureuse éternité !
Il est fait mention dans
l'écriture de deux autres sessions
distinctes de jugement, qu'il peut être bon
de signaler ici pour prévenir toute
confusion :
1° le jugement des vivants
« quand le Fils de l'Homme viendra dans sa
gloire. »
(Math. XXV, 31-46.) Celui-ci a lieu
au commencement du Millénium;
2° le jugement des morts devant
le « grand trône blanc »,
après que le ciel et la terre se sont
enfuis.
(Apoc. XX, 11-15.) Celui-ci a lieu
à la fin du Millénium; il est tout
à fait distinct du
jugement des vivants, et de la
manifestation des saints dans le ciel devant le
tribunal de Christ. La notion d'un jugement
général des justes et des
méchants n'est aucunement sanctionnée
par l'écriture.
Maintenant, en ce temps-ci, nous
devons marcher par la foi, dans la lumière
de ce jour à venir. Le triple effet de cette
vérité sur l'esprit de l'apôtre
est digne d'une attention toute particulière
de notre part. « Connaissant donc combien le
Seigneur doit être craint, nous persuadons
les hommes, mais nous avons été
manifestés à Dieu, et j'espère
aussi que nous avons été
manifestés dans vos consciences. »
(2 Cor. V, 11.) -
1° Connaissant quelle chose
terrible, c'est pour un pécheur d'être
manifesté devant Dieu, dans ses
péchés, l'apôtre est
poussé à prêcher
l'évangile avec beaucoup d'ardeur. «
Nous persuadons les hommes. » Il cherche
à avertir, à convaincre les autres de
la pressante et inexprimable importance du salut.
Quelle chose redoutable pour un incrédule de
répondre personnellement du rejet qu'il a
fait de Christ et du salut ! Une
réalité aussi redoutable pour le
pécheur est propre à remplir le coeur
de zèle et d'ardeur saisissante dans la
prédication de l'évangile.
2°. L'apôtre était
déjà dans la lumière,
déjà manifesté à Dieu.
« Mais nous avons été
manifestés à Dieu. » La
pensée du tribunal ne lui causait pas de
terreur; elle le poussait seulement à un
plus grand zèle pour le salut des autres.
3° Marchant ainsi dans la
lumière, l'homme de Dieu, le serviteur de
Christ. poursuit son oeuvre; sa conscience,
réfléchissant la lumière et
l'amour de Dieu, il se recommande lui-même
aux consciences de ceux parmi lesquels il
travaille. «Et j'espère aussi que nous
avons été manifestés à
vos consciences. » Oh ! que tels puissent
être, ô mon âme, pour toi et pour
beaucoup d'autres, les résultats
bénis, précieux, et pratiques, de tes
méditations sur le tribunal de Christ ! Et
à cette fin puisse l'amour du Christ
étreindre nos coeurs comme il
étreignait le coeur de Paul, et pour les
mêmes raisons.
(2 Cor. V, 14. )
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