Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE IV
VERS.
1.
Voici
tu es belle, mon amie: voici tu es belle!
Tes yeux sont des colombes derrière
ton voile; tes cheveux sont comme un
troupeau de chèvres, sur les pentes
de la montagne de Galaad.
|
Dès que la femme eut touché le
bord du vêtement de Jésus, la
puissance qui était en lui déploya
son efficace en elle
(Marc
V). Le doigt de la foi ne
toucha pas seulement le bord du vêtement de
Christ, il toucha aussi le ressort secret de son
coeur que la foi seule pouvait atteindre : et tous
les trésors de ce coeur furent ouverts
à la foi. L'effet fut immédiat et
parfait. « Et aussitôt son flux de sang
tarit ; et elle connut en son corps qu'elle
était guérie du fléau. »
Elle était néanmoins sans la paix et
le repos de l'âme, pour ne rien dire de la
joie. Elle tomba aux pieds de Jésus «
effrayée et toute tremblante ».
Arrête-toi ici un peu, ô mon âme,
et médite dans la solitude du sanctuaire,
sur cette scène pleine
d'instruction.
Est-il possible, je le demande,
qu'un croyant possède toute la vertu qui se
trouve dans le Seigneur et que pourtant il soit
étranger à la paix? Il en fut ainsi
de la chère femme qui nous occupe et dont la
foi était grande. Et il en est ainsi,
hélas ! de milliers d'enfants de Dieu en nos
jours. Pour beaucoup il y a là dedans un
mystère : comment faut-il l'expliquer ? Dans
le cas de la femme, la chose est assez claire; et
nous y trouvons aussi
l'explication de tous les autres
cas. Quoiqu'elle eût éprouvé
relativement à son besoin extrême
l'efficace de la puissance qui était en
Christ, elle était encore
étrangère aux pensées de son
coeur envers elle. Ce qui lui manquait,
c'était la connaissance de ce que le
Seigneur pensait à son sujet : et c'est
là ce dont a besoin tout pécheur,
aussi bien que la femme. Christ ne refuse rien
à la foi. La foi assure premièrement
à l'âme ce qu'il est lui-même,
et ce qu'il a à donner; mais le parfait
repos de l'âme ne se trouve que dans la
connaissance du coeur qui a fait l'abandon de tout
afin de nous gagner à lui-même. C'est
alors, et pas avant, que nous sommes dans le plein
repos de son amour. Oh ! quel bonheur de
connaître ses propres pensées à
noire égard, de connaître son amour
pour nous ! « Il m'a aimé et s'est
donné lui-même pour moi !» C'est
bien le chant le plus sublime dont nous ferons
jamais retentir les »cieux.
Mais un coup d'oeil encore, ô
mon âme, avant de la quitter, sur cette
scène bénie. Arrête-toi, ne
serait-ce qu'un instant, aux effusions de l'amour
du Sauveur pour cette pauvre femme. Qui saurait le
comprendre, l'amour qui brille dans ces Paroles :
« Et il regardait à l'entour pour voir
celle qui avait fait cela? » Quel amour ! Son
coeur tressaille de joie ! Il a remporté le
prix ! De toute éternité ses regards
se portaient en avant sur ce moment bienheureux.
Les oeuvres de Satan sont détruites, Dieu
est glorifié; la grâce brille et la
foi triomphe. Mais il faut que ses yeux
s'arrêtent sur « celle
qui a fait cela ? » Avec
quel intérêt ses yeux la contemplent !
Et maintenant il se révèle
lui-même à son coeur, et remplit son
âme de la paix et de la joie de sa
délivrance. « Ma fille » -
expression de la relation la plus intime et la plus
chère - le plus tendre des liens humains :
« Ma fille, ta foi t'a guérie; va en
paix, et sois guérie de ton fléau.
»
(Marc
V, 34.)
Ces réflexions nous ont
été suggérées par la
méditation des sept premiers versets de ce
merveilleux chapitre. Ici, le bien-aimé
révèle d'une manière
remarquable à celle qu'il aime, les
pensées de son coeur à son sujet, au
sujet de la beauté sans égale dont
elle resplendit à ses yeux. Oh !
puissions-nous être réellement
circoncis de coeur et d'oreilles pour recevoir et
retenir à toujours les paroles que
l'époux a choisies pour exprimer
l'admiration que lui inspire son épouse ! Il
s'assied, pour ainsi dire, et contemple avec
ravissement et délices, chacun des traits de
sa belle fiancée. Ensuite il lui dit
ouvertement à elle-même son amour et
son admiration. « Tu m'as ravi le coeur, ma
soeur, mon épouse. » De pareilles
louanges de la part de l'homme seraient
extrêmement pernicieuses, mais sortant des
lèvres de Christ, elles ne font que donner
plus de profondeur à notre humilité
et nous rendre plus semblables à lui. Elles
inondent l'âme d'une joie calme et pleine de
paix ; elles nous unissent plus étroitement
à son coeur, et nous transforment davantage
a sa ressemblance. Elles sont le fondement
béni de la plus intime communion,
Après avoir, en termes
généraux, donné au coeur de
l'épouse l'assurance qu'elle est
«belle» à ses yeux, Christ
énumère sept traits particuliers
qu'il a contemplés séparément
et minutieusement avec de grandes délices :
ses yeux, ses cheveux, ses dents, ses
lèvres, sa joue, son cou, ses seins. Chaque
trait étant parfait en lui-même, il
voit en elle réunies la perfection et la
beauté : « Tu es toute belle, mon amie,
et en toi il n'y a point de tache. » Le soin
minutieux qu'il met à la considérer
manifeste l'intérêt et les
délices sans bornes qu'il prend en elle. Le
nombre sept aussi, suggère l'idée de
quelque chose d'accompli, de parfait. Mais
devons-nous nous en étonner, puisque la
gratuité de l'Eternel notre Dieu est sur
nous » ?
(Ps.
XC, 17.) Le croyant est parfait
selon la perfection de Christ. On ne peut rien
ôter à un croyant que sa mort avec
Christ ne lui ait ôté et l'on ne peut
rien lui donner qu'il ne possède en Christ,
c'est pourquoi nous avons «
dépouillé le vieil homme, et
revêtu le nouvel homme qui est
créé selon Dieu en justice et
sainteté de la vérité. »
(Eph.
IV, 22-24.) Maintenant
considérons rapidement chacun des sept
traits à part.
« Tes yeux sont comme des
colombes derrière ton voile. » Selon la
loi cérémonielle, la colombe
était un oiseau pur; c'était le seul
de tous les animaux ailés qui fût
offert en sacrifice sur l'autel de Dieu (voir la
méditation sur le chapitre
1, 14) ; elle
est l'emblème bien connu de
l'humilité, de la chasteté, de
l'innocence et d'un attachement extraordinaire
à son colombier.
« Tes yeux sont comme des
colombes. » L'oeil est un terme souvent
employé dans l'Écriture pour
désigner la lumière et l'intelligence
spirituelles. «Si donc ton oeil est simple,
tout ton corps sera éclairé. »
Mais il y a dans les yeux de la colombe une
particularité qu'il peut être dans
l'intention du Saint-Esprit de faire servir
à donner au croyant une leçon bien
nécessaire: je veux dire son
étonnante faculté pour voir de loin.
On suppose qu'elle voit son colombier d'une
distance immense. Emportée loin du lieu
où il se trouve, on peut la voir,
lorsqu'elle a été
délivrée de sa cage, s'élever
très haut, se tenir fermement dans l'air,
jusqu'à ce qu'elle ait découvert son
chemin pour retourner à sa demeure vers
laquelle elle prend alors son vol d'une
manière aussi directe que rapide. Oh ! que
n'avons-nous cette puissance de vision lointaine et
céleste, afin de pouvoir oublier les choses
qui sont derrière et tendre avec effort vers
celles qui sont devant, après avoir vu par
la foi Jésus ressuscité. Christ est
lui-même, personnellement, le but du
chrétien, mais il faut que nous voyions
« le but » avant de pouvoir prendre notre
essor vers lui. Fixe d'abord tes yeux, ô mon
âme, sur Jésus, l'homme
ressuscité, exalté en gloire.
Ensuite, tends avec effort au but, vers le prix de
la céleste vocation de Dieu dans le Christ
Jésus. »
(Phil.
III.) La comparaison est
facile à comprendre; est-elle vraie de toi,
ô mon âme? C'est ici la question,
à quoi vises-tu? Que poursuis-tu dans ta
course? Quelle direction suis-tu? Remarquez-le
bien, les yeux rayonnants de
l'épouse, regardent comme des colombes
derrière son voile les yeux du
bien-aimé remplis d'admiration, et ravissent
son coeur: (des yeux sont comme des colombes
derrière ton voile. »
« Tes cheveux sont comme un
troupeau de chèvres sur les pentes de la
montagne de Galaad. » Il se peut qu'ici les
termes de comparaison soient le poil long et
luisant des chèvres qui broutent sur la
montagne de Galaad, et la circonstance qu'elles
apparaissent comme un troupeau, dans l'unité
d'urne troupe paissant dans les riches
pâturages des lieux élevés.
L'effet, pour l'oeil, doit avoir été
un sentiment de profusion dans chacune en
particulier, et un sentiment d'unité dans
l'ensemble. « Une longue chevelure »,
nous dit l'Apôtre, « est un voile, et
une gloire pour la femme. »
(1
Cor, XI, 15.)
Mais ne pouvons-nous pas voir aussi
dans cette comparaison une allusion aux longs
cheveux du nazaréen, type de la puissance
dans l'Esprit ? La grande force de Samson gît
dans ses sept tresses. Elles étaient le
symbole de sa fidélité à son
voeu, sa consécration à
Dieu.
Tout croyant est un nazaréen
pour Dieu, en Christ, et devrait l'être dans
la pratique. «Je vous dis que je ne boirai
plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le
royaume de Dieu soit venir. »
(Luc
XXII, 18.) Tel est le voeu de
nazaréat de notre bien-aimé Sauveur,
et tout croyant, par cela même qu'il est un
avec Christ, est placé sous son voeu. C'est
là que gît la force
du croyant, savoir, dans une sainte
séparation conformément à la
loi du nazaréat. Tout le temps que les sept
tresses de Samson restaient non rasées,
l'ennemi ne pouvait gagner aucun avantage sur lui.
L'Esprit demeurait en lui avec puissance aussi
longtemps qu'il gardait le secret de la communion
avec Dieu. Mais, hélas! hélas! qu'il
est difficile à un nazaréen de
conserver ses tresses dans le sein d'une
Délila ! Comment est-il possible,
hélas ! que les doigts impurs d'une
prostituée touchent jamais les tresses d'un
nazaréen de Dieu ! Mets donc tous tes soins,
ô mon âme, par la vigilance et la
prière, à vivre et à marcher
en séparation d'avec le monde, dans la
communion avec Christ et dans la puissance de
l'Esprit, pour que tes tresses ne soient pas
rasées, et que tu ne trahisses jamais le
secret de la communion.
« Tes dents sont comme un
troupeau de brebis tondues, qui montent du lavoir,
qui toutes ont des jumeaux, et pas une d'elles
n'est stérile. » Ici, la comparaison
est d'une exactitude et d'une appropriation
parfaites pour tous les points. Dans les brebis
tondues, nous voyons la délivrance des
entraves du coeur naturel, la
régularité, l'égalité;
« qui remontent du lavoir », la
pureté, la blancheur. Elles ont
été lavées à la source
qui ôte toutes les souillures.
L'épouse peut maintenant manger le pain de
vie, le vieux blé du pays, elle est dans la
force de l'âge, et c'est du Messie
ressuscité, exalté, glorifié,
et qui vient, que son âme
se nourrit. Aux yeux du' Seigneur il y a dans celle
qu'il aime égalité, pureté,
fécondité, rien n'y manque. Quelle
bonté qu'il en soit ainsi, et qu'Il daigne
nous dire lui-même qu'il en est ainsi !
« Mon âme, bénis l'Eternel, et
que tout ce qui est au-dedans de moi bénisse
le nom de sa sainteté. »
« Tes lèvres sont comme
un fil écarlate, et ta bouche est
agréable. » Comme le fleuve de la
grâce de Dieu qui coule à travers ce
monde provient du sacrifice de Christ à la
Croix, il en devrait être ainsi de la
conversation du croyant: « Je n'ai pas
jugé bon », dit Paul, « de savoir
autre chose parmi vous, que Jésus-Christ, et
Jésus-Christ crucifié», et
encore, « qu'il ne m'arrive pas à moi
de me glorifier, sinon en la croix de notre
Seigneur Jésus-Christ. »
(1
Cor. II, 2;
Gal.
VI, 14.) Remarque
soigneusement, ô mon âme, toute la
force de ce trait dans la Sainte-Écriture,
et puisses-tu présenter le cordon de fil
écarlate, étant profondément
pénétré dans toute la
conversation de l'efficace du sang de Christ. De
cette manière, ton « parler sera
agréable» à ton
bien-aimé, de même qu'aux
pécheurs accessibles à la grâce
de Dieu.
Rien ne saurait être plus
dégoûtant pour l'oeil que les
lèvres d'un lépreux; et telles sont
pour Dieu les lèvres de l'homme naturel dans
le péché. Sa lèpre est le type
de l'état de péché de notre
nature. Le lépreux devait « se couvrir
la lèvre de dessus, et crier: Impur ! Impur
! Il demeurera seul, et sa demeure sera hors du
camp. »
(Lév.
XIII.) Telle est,
hélas ! la
représentation
fidèle de la triste condition morale de
l'homme devant Dieu, quelque embaumées que
soient les lèvres, ou gracieux le parler,
pour notre commune nature. Mais quel changement
lorsque nous sommes lavés dans le sang de
l'Agneau ! À la place des lèvres
blanches et écailleuses du lépreux,
c'est la pure et profonde couleur écarlate
du croyant pardonné, guéri et
purifié. « Et quelques-uns de vous,
vous étiez tels; mais vous avez
été lavés, mais vous avez
été sanctifiés, mais vous avez
été justifiés au nom du
Seigneur Jésus et par l'Esprit de notre
Dieu.
(1
Cor. VI, 11.)
Lorsque, dans une vision, Esaïe
vit la gloire du Seigneur, il fut amené
à se voir lui-même moralement comme un
lépreux, et il s'écria: «
Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi
je suis un homme aux lèvres impures, et je
demeure au milieu d'un peuple aux lèvres
impures; car, mes yeux ont vu le Roi, l'Eternel des
armées. Et l'un des séraphins vola
vers moi; et il avait en sa main un charbon ardent
qu'il avait pris de dessus l'autel avec des
pincettes; et il en toucha ma bouche et dit: Voici,
ceci a touché tes lèvres, et ton
iniquité est ôtée, et
propitiation est faite pour ton
péché. »
(Es.
VI.)
L'éclatant cordon
écarlate qui était attaché
à la fenêtre de Rahab appelle tes
méditations. Il parle avec force et
distinctement de l'efficace du sang de Christ; mais
pour le moment nous pouvons le laisser. Plus que
jamais, ô mon âme, garde tes
lèvres de tout ce qui gâterait
leur vive fraîcheur aux
yeux de Jésus, et aussi aux yeux des hommes.
« Que votre parole », dit l'apôtre,
«soit toujours dans un esprit de grâce
assaisonnée de sel, afin que vous sachiez
comment vous devez répondre à chacun.
»
(Col.
IV, 6.)
« Ta joue est comme un quartier
de grenade derrière ton voile. » Le
quartier de grenade est choisi pour
représenter les joues de l'épouse. On
dit que ce fruit est délicieux au
goût, et que lorsqu'il est ainsi rompu, il
présente l'aspect d'une belle couleur rouge
mélangée de blanc. Cette comparaison,
je suppose, nous suggère l'idée de la
modestie d'un coeur prompt à rougir de
timidité et de pudeur.
Précieux changement pour la
maison de Jacob qui représente
l'épouse ! Il fut un temps où le
Seigneur devait dire de son ancien
peuple.
« Parce que je savais que tu es
obstiné, et que ton cou est une barre de
fer, et ton front, d'airain. »
(Es.
XLVIII, 4.) Quel changement
opéré par la grâce !
Aujourd'hui, le Seigneur voit dans celle qu'il
aime, la débonnaireté parfaite et un
esprit de grâce plein d'humilité. La
rougeur de ses joues est même cachée
derrière son voile. « Ta joue est comme
un quartier de grenade derrière ton
voile.» Que dis-tu de ce trait, ô mon
âme? Médite-le, et prie pour que ta
parure « soit l'homme caché du coeur,
dans l'incorruptibilité d'un esprit doux et
paisible, qui est d'un grand prix devant Dieu.
»
(1
Pierre III, 3, 4.)
« Ton cou est comme la tour de
David bâtie pour y
suspendre des armures, mille boucliers' y sont
suspendus, tous les pavois des vaillants hommes.
» L'arsenal de David était orné
des trophées de ses victoires. L'Eternel
l'avait délivré de la main de tous
ses ennemis et de la main de Saül. Il soumit
ses ennemis de tous côtés, et
prépara le chemin pour le règne de la
paix sous Salomon son fils. Mais qu'étaient
ces victoires comparées à celles de
Christ? Tout le livre de Dieu peut être
considéré comme les annales des
victoires de Christ. Mais le cou de
l'épouse, pareil à une tour,
entouré de nombreux joyaux, symbolise les
trophées qu'Il a remportés au-dedans
du pays de Juda. Il est parlé d'Israël
comme d'un peuple de cou raide, ayant le joug de la
transgression sur son cou, et marchant avec
impudence, la gorge découverte. Des figures
pareilles représentent un triste état
moral. Mais à présent, par la
grâce du Seigneur, le changement est complet;
parfaits sont les triomphes de son amour. Le joug
de la transgression est brisé de dessus le
cou de la fille de Sion. Au lieu d'être
obstinée, et comme une barre de fer, elle
est gracieuse, belle et imposante comme la tour de
David. « Réveille-toi,
réveille-toi, revêts-toi de ta force,
Sion ! Revêts-toi de tes vêtements de
parure, Jérusalem, ville sainte ! Secoue de
toi la poussière, lève-toi,
assieds-toi, Jérusalem; délivre-toi
des chaînes de ton cou, captive, fille de
Sion ! Le Seigneur prend plaisir à
contempler le cou si beau de son épouse -
tout chargé de colliers glorieux - «
faits pour le cou de ceux qui
partagent le butin. » La sainte liberté
et le parfait bonheur de son peuple rappelleront
à jamais les victoires de son amour. (Voir
Esaïe
LII, 1 et 2.)
« Tes deux seins sont comme
deux faons Jumeaux d'une gazelle, qui paissent
parmi les lis. » Ce trait gracieux, le
septième, symbolise d'abord le
développement moral et normal, la formation
du coeur pour Christ, l'accroissement de l'amour
dont il est l'objet; et, en second lieu, la
nourriture fournie aux autres, le moyen par lequel
on contribue à leur existence et à
leur bénédiction. Le contraste entre
l'épouse et « la petite soeur » du
chap. VIII, 8, est remarquable et instructif.
« Nous avons une petite soeur qui n'a pas
encore de seins.» Quelques-uns pensent que le
parfait développement de l'épouse, et
l'absence de ce développement dans « la
petite soeur » représentent la
condition morale respective de Juda et
d'Ephraïm, ou des deux tribus et des dix. La
différence sera manifeste, quand les douze
tribus seront rétablies. Mais les dix tribus
n'en jouiront pas moins des résultats
bénis de l'oeuvre accomplie, quoique
Ephraïm doive demeurer étranger aux
profonds exercices de coeur par lesquels Juda aura
passé en rapport avec le Messie, et aussi,
par conséquent, au développement
moral et normal, fruit de ses expériences.
C'est durant l'état de la captivité
des dix tribus, que Christ a paru, et a
été rejeté et crucifié;
et c'est avant qu'elles soient assemblées de
tous les pays et ramenées dans leur terre,
qu'Il se fera connaître
à Juda, comme venant de nouveau en puissance
et en gloire. Au retour du Messie, le résidu
sera composé principalement de ceux de la
tribu de Juda. Les deux faons jumeaux d'une gazelle
représentent l'unité d'esprit et de
coeur qui désormais prévaut parmi
tout Israël relativement à leur Messie
si longtemps attendu. En paissant « parmi les
lis», ils trouvent maintenant leurs
délices là où ils trouvent les
siennes. « Il paît parmi les lis. »
Ce qui attire le coeur, ce qui forme nos affections
pour Christ, c'est la manifestation qu'Il nous fait
de Lui-même par le Saint-Esprit. Oh !
puissions-nous désirer de plus en plus un
plus parfait développement de son amour dans
nos coeurs !
Juda deviendra ainsi l'instrument de
la nourriture et de la bénédiction,
pour toutes les nations de la terre.
«Réjouissez-vous avec Jérusalem,
et égayez-vous à cause d'elle, vous
tous qui l'aimez; tressaillez de joie avec elle,
vous tous qui menez deuil sur elle; parce que vous
téterez et serez rassasiés du sein de
ses consolations; parce que vous sucerez et que
vous vous délecterez de l'abondance de sa
gloire. Car ainsi dit l'Eternel: Voici,
j'étends sur elle la paix comme une
rivière, et la gloire des nations comme un
torrent qui se déborde; et vous
téterez, vous serez portés sur les
bras et caressés sur les genoux. Comme
quelqu'un que sa mère console, ainsi moi je
vous consolerai; et vous serez consolés dans
Jérusalem. »
(Es.
LXVI, 10-13.)
En attendant le développement
parfait de toutes les beautés de
l'épouse, l'époux se retire dans les
conseils de Dieu, la montagne de la myrrhe et la
colline de l'encens ! C'est de là qu'il
laisse tomber dans le coeur de l'épouse
cette précieuse parole: «Tu es toute
belle, mon amie, et en toi il n'y a point de
défaut. »
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