Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE VI
VERS. 9.
« Ma colombe, ma
parfaite, est UNIQUE; elle est l'unique de
sa mère, la choisie de celle qui
l'a enfantée. Les filles l'ont vue,
et l'ont dite bienheureuse; les reines
aussi et les concubines, et elles l'ont
louée. »
|
Quelle place elle occupe dans le coeur de Christ
! Elle est unique à ses yeux: aucune ne peut
lui être comparée. «Ma colombe,
ma parfaite, est unique, elle est unique de sa
mère. » Dans les premières
scènes il parle de ses qualités, et
fait la description de sa beauté
personnelle; mais à présent c'est
d'elle-même qu'il parle, et de ce qu'elle est
pour lui. «Unique à celle qui l'a
enfantée. » Là nation est
envisagée ici sous l'aspect d'une
mère, et la tribu de Juda sous celui d'une
épouse. Tel est, ô mon âme,
l'amour de Jésus comme époux !
Voilà ce qu'il sera au dernier jour pour le
résidu fidèle de Juda, voilà
ce qu'il est maintenant, oui maintenant, pour nous
en esprit. Abreuve-toi, oh ! abreuve-toi à
longs traits à cet amour d'époux de
ton Seigneur. La source est profonde, elle est
inépuisable, intarissable, gratuite; elle
est ouverte à la foi jusqu'au jour des noces
de l'Agneau.
Il fut un temps où la fille
de Sion, dans l'orgueil et la
méchanceté de son coeur, repoussa son
amour: il n'en resta pas moins le même pour
elle; mais c'est dans l'affliction que cet amour se
montra alors. Méprisé par elle, il
s'en alla; elle devint alors la proie de ses
ennemis cruels, qui lui infligèrent de dures
souffrances. Cependant, à travers tous ses
égarements, l'époux la suivait de ses
regards d'amour : rien ne peut altérer les
sentiments de son coeur pour elle; aussi, au temps
convenable, la visite-t-il dans son état de
dégradation. Il la trouve dans la condition
d'une pauvre esclave, repoussée, toute
brûlée par le soleil, réduite
à garder les vignes d'autrui; son coeur
s'enflamme pour elle. Dans son amour et sa
compassion, il dit qu'elle «a reçu de
la main de l'Eternel le double pour tous ses
péchés. » Et maintenant «
son temps marqué est accompli, son
iniquité est pardonnée » ; elle
est consolée par son Seigneur, plein de
grâce et de pardon. Mais,
vérité bénie, l'amour de son
Seigneur ne se donne pas de repos jusqu'à ce
qu'il ait accompli toutes les pensées
d'amour de son coeur envers elle. Et maintenant,
remarque-le, ô mon âme, où
est-elle? qu'est-elle? sinon la belle et radieuse
fiancée du vrai roi Salomon, l'aide qui lui
correspond? Et remarque-le encore, elle n'est pas
seulement l'objet des suprêmes délices
du roi, mais elle est l'objet de l'admiration
universelle. « Les filles l'ont vue et l'ont
dite bienheureuse; les reines et les concubines
l'ont louée. » «Et la fille de Tyr
(type des Gentils) et les plus riches des peuples
« rechercheront sa faveur».
(Ps. XLV.)
Elle reflète la gloire et la
beauté du roi, et c'est la beauté du
roi que toutes les nations admirent en elle.
«Et ta renommée se répandit
parmi les nations à cause de ta
beauté; car elle était parfaite par
ma magnificence que j'avais mise sur toi, dit le
Seigneur, l'Eternel. »
(Ezéch. XVI, 14.)
VERS. 10.
« Qui est celle-ci
qui apparaît comme l'aurore, belle
comme la lune, pure comme le soleil,
redoutable comme des troupes sous leurs
bannières ?»
|
Il semble que ce verset nous fasse entendre les
admirateurs de l'épouse, et qu'il
intervienne dans le Cantique comme un choeur. Tout
a une voix pour la célébrer.
L'affreuse nuit est passée; le jour se
lève. « Qui est celle-ci qui
paraît comme l'aurore ?» Elle se
dégage au moment voulu, des
ténèbres de la longue nuit, par
laquelle elle a passé ! Mais à
présent elle est toute derrière celle
qui s'avance maintenant dans la fraîcheur, la
beauté et l'espérance d'un matin
radieux, pour apparaître bientôt dans
la splendeur du plein jour, revêtue des
rayons du «Soleil de Justice
».
As-tu observé, ô mon
âme, dans tes méditations, que la
lumière, la gloire et la dignité
futures d'Israël sont fréquemment
représentées par les corps
célestes, le soleil, la lune et les
étoiles ? Nous trouvons cela figuré
dans les songes de Joseph. Toute la nation est
représentée dans la famille de Jacob,
et préfigurée par le soleil, la lune
et les étoiles.
(Gen. XXXVII.) Dans le chap. XII de
l'Apoc., nous voyons la tribu de Juda, de laquelle
notre Seigneur est issu,
revêtue de la même lumière et de
la même gloire. La figure est «une femme
revêtue du soleil, et ayant la lune sous ses
pieds, et sur sa tête une couronne de douze
étoiles. » La gloire des douze tribus
semble se concentrer dans la tribu royale et
l'avoir pour représentant. Ces luminaires
célestes impliquent aussi l'idée de
la stabilité. « J'ai une fois
juré par ma sainteté, 'si jamais je
mens à David, sa semence sera à
toujours, et son trône comme le soleil devant
moi. - Comme la lune, il sera affermi pour
toujours; et le témoin dans les nues en est
ferme. Sélah. »
(Ps. LXXXIX, 35-37.)
Arrête-toi ici un moment,
ô mon âme, et médite sur la
parole ferme de la prophétie touchant la
gloire future d'Israël. Quel changement pour
le Juif tant méprisé, si longtemps
foulé ! Les vierges, les reines, les
concubines, ravies d'admiration, contemplent la
royale tribu de Juda, «paraissant comme
l'aurore du jour, belle comme la lune, brillante
comme le soleil, redoutable comme des troupes sous
leurs bannières. » Revêtue de
lumière, de gloire et de dignité,
comme la belle épouse du Fils de David, elle
devient le grand objet des délices de la
terre et de l'universelle admiration. Salut,
bienheureux matin ! les ténèbres sont
passées, «le soleil de justice se
lève avec la santé dans ses ailes.
» Déjà ils dorent les sombres
montagnes de la Terre Sainte et réjouissent
ses vallées. Tous les coeurs tressaillent.
Hosanna au Fils de David! la promesse est
accomplie: «Lève-toi, resplendis; car
ta lumière est venue, et
la gloire de l'Eternel s'est levée sur
toi... Et les nations marcheront à ta
lumière, et les rois, à la splendeur
de ton lever. »
(Es. LX, 1, 3.)
«Prenez les rameaux des jours
d'allégresse, la palme joyeuse, le saule du
ruisseau, et célébrez la fête;
l'huile et le baume ont été
versés sur les blessures de la pauvre
affligée et les ont guéries; la
captive a vu sécher ses larmes, ses maux
prendre fin ; réjouissez-vous, entonnez les
chants de louange ; que la harpe et la cymbale
redisent: « Que tes tabernacles sont beaux,
« ô Jacob, et tes pavillons, ô
Israël ! »
Comme les saules croissent sur les
bords du ruisseau sinueux, ainsi. désormais
fleuriront les enfants de tes enfants; ta longue
captivité n'est plus qu'un songe; cette
branche de saule est un doux mémorial de
toutes tes douleurs, de ce pain mouillé de
larmes dont ton âme fut nourrie sur le fleuve
de Chébar.
« Plantée dans le sol
fertile de Canaan, ses fleuves nourriront ta racine
étendue au loin ; jamais il ne se trouvera
sur toi de feuille jaunie, car la rosée
d'Hermon entretiendra tes rameaux toujours verts.
« Qu'est-ce que Jéhovah a fait ! »
s'écrient les nations: « De grandes
choses en notre faveur!» répliquent les
tribus « rachetées ».
VERS. 11 - 12.
« Je suis descendu au
jardin des noisettes, pour voir la verdure
de la vallée, pour voir si la vigne
bourgeonne, si les grenadiers
s'épanouissent. Sans que je m'en
aperçusse, mon âme m'a
transporté sur les chars de mon
peuple de franche
volonté. »
|
Qu'il est rare que le maître de la vigne
ait à exprimer sa surprise de l'abondance et
de la qualité des fruits de sa vigne ! C'est
trop fréquemment, hélas ! le
contraire qui a lieu, et au lieu d'une douce et
rayonnante satisfaction, il ne recueille pour tout
fruit de son travail que des espérances
déçues. Il en a été
constamment ainsi d'Israël, nous pouvons bien
le dire, comme vigne du Seigneur, jusqu'à
maintenant. Mais, heureusement, voilà que
tout est changé ! La grâce brille, la
foi triomphe, le Seigneur a le dessus, le peuple
regarde vers lui, et ne compte que sur lui seul.
Tout est mûr en Juda pour la victoire et pour
la gloire.
Jour béni ! le Seigneur voit
maintenant en son peuple les fruits mûrs de
sa grâce: son coeur déborde de joie;
il semble qu'un pareil spectacle est trop pour lui.
Ce ne sont plus les scènes du désert,
ni les relations qu'il y soutenait avec son peuple,
mais le verger fertile, avec ses grenadiers qui
poussent leurs bourgeons, ses vignes en fleur, et
les fruits de la vallée. Tous ces fruits de
sa riche, de sa patiente grâce' le touchent
profondément. Son amour l'emporte avec la
rapidité des chariots de Haminadab vers son
peuple, maintenant. changé et devenu un
peuple de franche volonté. «Je ne me
suis point aperçu que mon affection m'a
rendu semblable aux chariots de Haminadab. »
«Ton peuple sera un peuple de franche
volonté, au jour de ta puissance, en sainte
magnificence. »
(Ps. CX, 3.) Merveilleuse
scène, que le coeur du
Seigneur soit tellement ému, tellement
entraîné par la promptitude de son
peuple à le recevoir ! N'y a-t-il pas,
ô mon âme, dans cet aspect de l'amour
du Seigneur, quelque chose qui veut être
d'une manière spéciale
profondément médité? Combien
merveilleux, n'est-ce pas 1 mais aussi combien
heureux et béni, que Celui qui est le
Seigneur de tous soit ainsi transporté de
délices eu voyant les coeurs regarder
à lui et le désirer ardemment ! Oh !
puissent toutes les âmes inquiètes,
toutes les âmes qui pleurent sur leurs
péchés, croire cette
vérité précieuse ! Quand la
fille de Sion arrosera les pieds du Seigneur de ses
larmes, il laissera tout le reste et s'empressera
de la consoler. Les larmes de son épouse
seront son chariot rapide: la plénitude de
son coeur s'épanchera pour elle, et il se
réjouira, son oreille attentive, de la
bienheureuse nouvelle d'un plein pardon, d'un plein
salut, d'une pleine paix.
Nous pouvons contempler ce tableau
dans bien des pages du Nouveau-Testament. Il est
vrai que c'est toujours de cette manière que
Dieu en a agi avec l'âme repentante, mais
nous trouvons dans le Nouveau-Testament des
scènes nombreuses où sont pleinement
décrits l'amour et la grâce du
Seigneur personnellement. Et quelle est celle
où Il n'apparaisse pas plus ravi de joie que
le pécheur sauvé ? Ne se tourna-t-il
pas dans la foule et ne regardait-il pas tout
à l'alentour pour voir celle qui avait
touché le bord de son vêtement ?
Délivrée, la femme avait obtenu ce
qu'elle désirait; mais, il faut
pour la satisfaction du coeur de
Jésus que cette femme entende de sa bouche
ces paroles bénies : « Ma fille, ta foi
ta guérie; va en paix, et sois guérie
de ton fléau. »
(Marc V, 25 à 34.) Oui, cette
femme avait touché, par la foi, le coeur de
Jésus, et la vertu qui y était, avait
coulé pour elle. Mais le Seigneur a besoin
de la voir elle-même, et d'entendre de ses
propres lèvres l'expérience de son
âme. C'est pour cela qu'il ne peut pas la
laisser s'en aller jusqu'à ce qu'il l'ait.
établie dans la relation qui existe entre
elle et lui, et dans les bénédictions
qui en découlent
« Ma fille, ta foi t'a
guérie, va-t-en en paix, et sois
guérie de ton fléau. »
(Marc V, 25 à 34.)
Et le cri par lequel le pauvre
aveugle mendiant implore sa compassion, lui
cause-t-il moins de délices, ou a-t-il moins
d'empire sur son coeur? (Luc XVIII.) En aucune
manière.
Il est en marche pour un voyage
important; faut-il que tout le cortège
s'arrête pour le cri d'un pauvre mendiant qui
élève la voix du bord du chemin
où il était assis. Aussitôt que
l'appel à sa miséricorde arrive
à l'oreille du Fils de David, celui-ci
s'arrête. Il ne fait pas un pas de plus.
« Et Jésus s'étant
arrêté, commanda qu'on le lui
amenât; et comme il s'approchait, il
l'interrogea, disant : Que veux-tu que je fasse ?
»
Quel spectacle ! Oh !
considère encore un pauvre aveugle mendiant
assis dans la poussière, et Jésus qui
l'appelle et l'attend, lui dit: «Que veux-tu
que je fasse ? » Il ne cherche pas à,
en finir précipitamment avec son oeuvre de
miséricorde ; il s'arrête sur cette
scène bénie et
sainte; elle remplit et
émeut son âme: seul, il en
connaît la portée merveilleuse. Mais
quelle position pour une âme qui se trouve
dans un dénûment absolu ! Qu'aurais-tu
demandé, ô mon âme, si tu eusses
été à la place de ce pauvre
aveugle ? C'est comme si le Seigneur avait dit:
« Demande ce que tu voudras, je suis là
pour te servir, pour t'accorder ta demande. »
Pauvre âme, que demandera-t-elle? Seulement
ce dont elle sent le besoin: « Seigneur, que
je recouvre la vue. » Mais le bon et
miséricordieux Seigneur daigne ajouter
à sa requête bien davantage. « Et
Jésus lui dit: Recouvre la vue, ta foi t'a
sauvé. » Qu'elle est glorieuse, l'issue
de cette scène ! Il suit Jésus, il
glorifie Dieu, et tout le peuple donne aussi
louange à Dieu. Quel tableau anticipé
du siècle millénial !
Mais de toutes les scènes du
Nouveau-Testament, c'est la parabole du fils
prodigue qui ressemble le plus complètement,
croyons-nous, à celle que nous
présente ici le Cantique des Cantiques. La
repentance et la misère du pauvre prodigue
emportent le Père vers lui comme sur un
chariot rapide. « Et comme il était
encore loin, son père le vit et fut
ému de compassion, et courant à lui,
se jeta à son cou à le couvrit de
baisers. » L'amour qui brûle dans le
coeur du Père, et le désir que le
fils éprouve de retourner vers Lui, forment,
pour ainsi dire, un rapide chariot de tendresse.
Mais comme c'est le Père qui en dirige la
course, ils atteignent promptement leur
éternelle et bienheureuse demeure.
C'est ainsi qu'il en sera du
bien-aimé du Cantique. Les profondes et
pieuses souffrances de son peuple dans le dernier
jour, et particulièrement celles de sa
propre tribu, et le désir ardent
qu'éprouve tout le résidu
fidèle de voir arriver le Messie, agissent
sur son affection, et l'amènent rapidement
sur la scène. « Sans que je m'en
aperçusse mon âme m'a
transporté sur les chars de Haminadab.»
(1) Et
maintenant, prenant en main la direction de son
peuple, il accomplît sa pleine
délivrance, et le conduit promptement au
triomphe et à la gloire.
VERS. 13.
«Reviens, reviens,
Sulamithe ! reviens, reviens, et que nous
le voyions. - Que verriez-vous dans la
Sulamithe ? Comme la danse de deux bandes.
»
|
Ici encore les vierges font éclater en
choeur leur admiration. Elles expriment le
désir ardent de contempler une plus grande
mesure de la beauté, de la perfection et de
la gloire de l'épouse. Elle se
promène avec le roi dans le jardin des
noisettes.
Précieux privilège!
Elles l'appellent d'un nouveau nom. «Reviens,
reviens, ô Sulamithe ! » ce nom est la
forme féminine du mot Salomon, et son emploi
est significatif. L'union est désormais
accomplie: les relations interrompues sont
rétablies: la grâce a
opéré dans l'épouse une oeuvre
parfaite. Béni soit le nom du Seigneur ! Il
peut maintenant se faire connaître pleinement
à elle, elle reflète
véritablement les rayons de sa gloire:
«elle est belle comme la
lune, pure comme le soleil.
» Elle est établie dans la faveur du
roi, et dans la possession et la jouissance de ses
affections. C'est là le repos pour le coeur,
parfait, précieux repos ! rien ne saurait le
dépasser. 0 mon âme, dis, est-ce
là ton lieu de repos, la manifestation, la
jouissance des affections de ton bien-aimé?
Il s'est révélé, il s'est
donné lui-même; que peut-il faire de
plus? Nous ne saurions avoir dans le ciel une
expression de son amour pareille à celle que
nous avons sur la terre, à celle qu'il a
fait briller sur la croix. Le sang répandu
sur la croix est le repos parfait de la conscience;
l'amour qui s'est révélé
à la croix est le repos parfait du coeur; tu
possèdes tout à présent. Crois
seulement, « car nous qui avons cru, nous
entrons dans le repos »
(Héb. IV).
Maintenant d'autres vierges se
joignent au choeur, et demandent: «Que
verriez-vous dans la Sulamithe ? » La
réponse toute prête : « Comme la
danse de deux bandes. » En elle, on voit
réunies la belle Thirtsa et
l'agréable Jérusalem.
Oui, ces paroles expriment la
réunion, sous le Prince de Paix, de la
maison de Jacob si longtemps divisée : Juda
et Israël ne forment plus deux royaumes en
guerre l'un avec l'autre, mais une seule nation
dans un état de joie, de paix,
d'unité et de gloire : « Et la jalousie
d'Ephraïm. s'en ira, et les adversaires de
Juda seront retranchés ; Ephraïm ne
sera pas rempli d'envie contre Juda, et Juda ne
sera pas l'adversaire d'Ephraïm.
(Esaïe XI, 13.) Le Roi
de Salem règne; les douze
tribus sont rétablies, les nations leur sont
soumises : tout est paix maintenant. La trompette
des combats ne retentit plus, les
épées sont forgées en socs,
les lances en serpes, et les nations n'apprennent
plus la guerre.
(Esaïe II, 4.)
Mais indépendamment de
l'allégorie que nous avons là, les
écritures expriment-elles l'idée que
le combat du chrétien est entre la vieille
vie et la vie nouvelle ? Certainement non. Le
combat est entre la chair et l'esprit. « La
chair convoite contre l'esprit, et l'esprit contre
la chair. » Ce n'est point « la vieille
vie contre la Vie nouvelle, et la nouvelle contre
la vieille. » Il faut qu'il y ait une
sérieuse lacune dans la connaissance qu'on a
de la croix, là où on nourrit une
pensée semblable. L'apôtre
déclare formellement: « Que notre vieil
homme a été crucifié avec
Christ, afin que le corps du péché
soit annulé. »
(Rom. VI, 1 à 11.) Il est donc
parfaitement clair que, aux yeux de Dieu, et
maintenant pour la foi, notre vieil homme a
trouvé sa fin à la croix. Quelle
consolation pour nos coeurs! Nous savons, par une
pénible expérience, que la vieille
nature que nous avons en nous existe encore et
qu'elle est incurable. Elle n'est point une chose
faible: si nous ne sommes pas fidèles
à veiller sur elle et à la juger,
elle sera tant pour nous que pour les autres une
source de troubles sans fin. On peut dire que le
christianisme pratique consiste en deux choses:
1° à entretenir la vie
nouvelle en ayant le coeur et l'esprit
soigneusement occupés de
Christ;
2° à juger le vieux moi,
sur lequel Dieu a exécuté de la
manière la plus terrible la sentence de mort
à la croix. Mais il en est peut-être
qui diront: « Comment devons-nous veiller sur
la chair et la juger? Voici la réponse de
l'apôtre : « Marchez par l'Esprit, et
vous n'accomplirez pas la convoitise de la chair.
» Nous n'avons de puissance contre la chair
que par le Saint-Esprit, et dans la pleine
certitude par la foi, que la chair est une chose
jugée, et que le croyant en a fini avec elle
pour toujours. « Nous qui n'avons point de
confiance dans la chair. » Béni soit le
nom de Jésus qui en a porté la
condamnation à la croix pour nous. C'est
là que notre vieil homme a été
crucifié, qu'il est mort; là il en a
été fini à jamais avec lui.
Nous croyons cela, et devons marcher dans la
puissance et la liberté de cette grande
délivrance.
Es-tu entrée, ô mon
âme, dans la vraie intelligence de cette
vérité capitale ? Sache donc, pour,
ton parfait repos et ta parfaite consolation, que
du moment où nous avons la vie par la foi en
Christ mort et ressuscité, notre vieil homme
est présenté et traité dans
l'Écriture comme crucifié, mort avec
Christ. En effet, l'Écriture nous dit:
« Vous êtes morts », mais
grâce à Dieu, tout ne se borne pas
à cela, car elle ajoute: « et votre vie
est cachée avec le Christ en Dieu»
(Col. III, 3). Combien elle est
sûre, à l'abri de tout danger, «
avec le Christ en Dieu». On ne peut rien
ôter au croyant qui ne lui ait
été ôté en Christ mort;
on ne peut rien lui donner qu'il
ne possède en Christ
ressuscité.
Étant mort avec Christ, le
croyant est affranchi de tout ce qui constitue le
vieil homme; étant ressuscité avec
Christ, il est en possession de tout ce qui
appartient à Christ ressuscité,
« en sorte que, dit l'apôtre, si
quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle
création: les choses vieilles sont
passées; voici toutes choses sont faites
nouvelles »
(2 Cor. V, 17).
Reçue, cette
vérité est d'un effet pratique
immense. Le moi, le vieux moi, qui est le centre et
l'objet de l'homme naturel dans tout ce qu'il fait,
a disparu « et ce que je vis dans la chair, je
le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a
aimé et s'est livré lui-même
pour moi » et encore: «Pour moi, vivre
c'est Christ. » C'est avoir Christ, et non le
moi, pour mon but et pour mon objet ; Christ, et
non le moi, est désormais le mobile et le
centre de tout pour le nouvel homme; « afin
que ceux qui vivent ne vivent plus pour
eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est
mort et a été ressuscité
»
(2 Cor. V, 15).
Cette vérité
fondamentale est de la dernière importance,
aujourd'hui. Il faut que le croyant retienne de
toute sa force l'enseignement de l'apôtre,
sur ce sujet, ainsi qu'il le donne dans ses
épîtres. Il écrit aux Galates:
« Ceux qui sont du Christ ont crucifié
la chair avec les passions et les convoitises;
» non pas, remarque-le, qu'ils crucifient la
chair, mais qu'ils l'ont crucifiée.
Seraient-ce des chrétiens extrêmement
avancés? Non, mais tout
simplement de « ceux sont de Christ ».
C'est aussi vrai des jeunes enfants que des jeunes
gens ou des pères en Christ. Oh ! qu'il nous
soit donné de tenir le moi où Dieu
l'a mis et de marcher dans la liberté et la
puissance du Saint-Esprit, étant uniquement
et toujours occupés du Christ
ressuscité et glorifié ! « Mais
» écrit encore le fidèle et
bienheureux apôtre: «qu'il ne m'arrive
pas à moi de me glorifier, sinon en la croix
de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle
le monde m'est crucifié, et moi au monde.
»
(Galates VI, 14-15.) |