En ce temps-là, la Bible

No 39 pages I-II.
Dom J. GOLDSTAIN

 

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LES MACCABEES DANS LES DEUX TRADITIONS, juive et chrétienne

On sait que Judas, le plus prestigieux des chefs qui conduisirent la lutte des Juifs fidèles pour la défense de la Loi, de la foi, et de la liberté, mérita le surnom de « Maccabée ». La signification du terme est probablement « marteau », parce que ce rude soldat frappait durement et à coups sûrs, comme le Charles « Martel » de notre histoire de France. Ce « titre » désignera ensuite toute la famille à laquelle appartenait « Judas Maccabée », mais aussi tous ceux qui se sont ralliés à la cause qu'il servit : celle de la Loi mosaïque d'abord, puis de l'indépendance nationale qui permettait sa stricte observance. On trouve donc parmi les « Maccabées » des martyrs et des héros. De ceux-ci la tradition juive est seule juge. De ceux-là la tradition chrétienne aussi s'est éprise.

La place tenue par le souvenir des Maccabées dans la tradition juive est quelque peu ambiguë.

Certes le recul inattendu du tyran païen devant ces héros de la foi fut toujours un encouragement, pour les hommes pieux, à mettre leur confiance d'avenir dans une action directe du Seigneur.

Pour tous : des héros.Pour certains : des rois « illégitimes »

Un lien d'un Testament à l'autre

... Des « saints »


En ce temps-là, la Bible

No 38 page IV.

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Le premier livre UNE HISTOIRE VÉRIDIQUE

Le premier livre des Maccabées, écrit en hébreu vers l'an 100 avant notre ère, par un Juif de Jérusalem favorable aux Asmonéens, raconte le début de la révolte juive avec les trois fils de Matathias Judas, Jonathan et Simon.

On peut dire sans arrière-pensée que l'ensemble de cette histoire est véridique, cependant elle est de caractère apologétique. En effet, la lutte des maquisards est considérée comme une « guerre sainte » par l'auteur,mais, porté par son sujet, celui-ci est d'une sévérité parfois injuste envers le gouvernement des Séleucides, et passe sous silence les agissements lamentables de certains grands prêtres de l'époque. Le texte hébreu est perdu, nous possédons le grec. Il s'y reflète telle habitude religieuse du moment : ainsi l'auteur évite d'écrire le nom de Dieu, et le remplace par celui de « Ciel ». Voilà l'indication d'un respect scrupuleux à l'égard de ce Dieu qui se fait plus distant, parce que perçu comme très différent de sa créature. On notera également l'attachement à la Loi, qui se confond pratiquement avec l'Alliance. Sans doute l'aspect juridique qui domine-t-il, mais c'est à partir l'observation de cette Loi, que se fait le clivage entre les rénégats et les martyrs.


En ce temps-là, la Bible

No 40 pages VII- VIII.

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Riche d'affirmations doctrinales

Tandis que les quatre livres de Samuel, et des Rois, ainsi que les deux livres des Chroniques faisaient entre eux un ensemble suivi, les deux livres des Maccabées doivent se lire par contre séparément. La période envisagée, les idées mises en valeur et le traitement littéraire du sujet sont tout à fait différents.

Le second livre se donne lui-même Pour l'abrégé d'un ouvrage ancien. Beaucoup plus développé, comportant cinq tomes rédigés par un certain Jason, Juif de Cyrène, vers 160 av. J.-C. L'abréviateur, composa son oeuvre, en grec (ce fut probablement la langue de ce Jason), aux alentours de 120 av. J.-C. Dans la matière ainsi offerte, on notera un certain décalage des événements. Tandis que le premier livre des Maccabées donnait le détail des événements depuis la révolte de Matathias jusqu'à la mort de Simon, le second expose les préliminaires du soulèvement à la fin du règne de Séleucus IV, mais ne conduit pas son récit au-delà de la mort de Nikanor, alors que Judas Maccabée est encore en pleine activité.

Le lecteur s'apercevra très vite que, si bien des points sont communs avec le premier livre, un grand nombre d'informations restent sans contrepartie. On peut dire que les deux ouvrages sont indépendants, ce qui implique des appréciations différentes de leur valeur historique. Celle-ci n'est certainement pas aussi sûre ici que là.

Les justes ressusciteront corps et âmes


En ce temps-là, la Bible

No 52 pages I-II.
Robert Aron

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Deux sagesses qui n'en font qu'une

Le livre de la Sagesse a été inscrit tardivement au canon romain, c'est-à-dire sur la liste des textes reconnus officiellement comme inspirée. Il est à cet égard à mettre sur le même pied que l'Ecclésiastique, Baruch, Judith, Tobie, les deux livres des Maccabées et les sections grecques des livres d'Esther et de Daniel. Ces écrits ont été jugés trop récents pour figurer dans le canon juif tel qu'il est aujourd'hui généralement admis. Mais le livre de la Sagesse éclaire un moment essentiel de l'histoire religieuse : le passage du Judaïsme au christianisme.

Composé en grec, ainsi qu'on le sait (1), par un juif d'Alexandrie fidèle à sa religion mais nourri de culture hellénique, l'ouvrage d'abord appelé « Sagesse de Salomon » traduit un effort pour concilier la tradition biblique avec la philosophie grecque , c'est également dans cette voie que s'engageront successivement l'Ecclésiastique, Philon le juif et Jean l'évangéliste, C'est dans ce mouvement de pensée que naîtra le christianisme,

En quoi consiste, historiquement parlant, le rôle du « livre de la Sagesse » dans un semblable processus?

Le Dieu des patriarches et non des philosophes


En ce temps-là, la Bible

No 52 page IV.
Dom J. GOLDSTAIN

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L'auteur de "la Sagesse" parle grec mais pense en fils d'Israël

L'Égypte du pharaon est présente à l'esprit de l'auteur de ce livre dont nos lecteurs connaissent déjà les cinq premiers chapitres et que complète l'apport de ce numéro. Une« question juive » pèse sur l'oeuvre : sensiblement la même que du temps des Maccabées en Palestine; les fidèles du Dieu d'Israël établis sur le Nil sont menacés par l'assimilation, qui mène facilement à l'apostasie. Dans l'évocation du passé, on sent une constante transposition par rapport à la crise présente. On comprend alors l'insistance sur l'inhospitalité des Égyptiens de jadis : les difficultés présentes la rappellent (SAGESSE, chap. 19, vers. 13 et suivants). Revenue au pays sauvé par Joseph (GENESE, chap, 41-47) et où l'hellénisme l'a maintenant surprise, l'importante communauté israélite reçoit en retour l'empreinte de ses hôtes désormais acquis à la pensée grecque.

Philon (13, av., 54 ap. J.-C.) reste l'exemple-type de la tentative extrême de conciliation entre les deux courants de pensée qui se rencontrèrent chez les Juifs d Égypte, bien que ses écrits ne figurent pas parmi ceux qui constituent le patrimoine de l'Israël post-biblique, englobés qu'ils furent dans la méfiance généralisée à l'égard de tout oeuvre écrite en grec. s aux patriarches.

Le « sage » assimile aussi la science profane


Appel de Minuit

Janvier 1998

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Quand la croix nous gêne

Une croix encombrante La croix rouge sur fond blanc n'a pas seulement donné son nom à toute une organisation, mais c'est aussi un symbole de l'inspiration chrétienne qui animait le concept et le travail de l'oeuvre humanitaire universelle fondée par Henri Dunant. A présent, on voudrait remplacer cette croix symbolique (source: T.A., 23.9.97). Et pour cause, car ce symbole religieux a valu beaucoup de problèmes au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). C'est du reste le même argument que le pendant musulman invoque pour supprimer le Croissant-Rouge. Les deux organisations voudraient remplacer leurs symboles respectifs par un diamant rouge.

(factum n° 11 / 12/ 1997)

1. La croix a toujours causé des problèmes, car elle nous a été donnée comme jugement, mais un jugement qui nous permet d'échapper à celui, final, de Dieu. La croix montre toute la tragédie du péché:

2. La croix nous montre qu'il n' y a qu'un seul moyen de salut pour l'humanité

3. Ainsi, la croix est un scandale auquel on s'oppose.


En ce temps-là la Bible

No 25
Noël BOMPOIS
Texte intégral

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666

Salomon, selon le Premier livre des Rois (chap. 4, vers. 26). dans les textes hébreu, grec et latin, aurait eu 40 000 écuries pour les chevaux de ses chars. La Vulgate, dans le second livre des Chroniques (chap. 9, vers. 25), lui attribue 40 000 chevaux. Nous accordons les deux textes en traduisant « écuries » par « stalles », chaque cheval ayant sa stalle particulière. Le texte grec du second livre des Chroniques (chap. 9, vers. 26) indique, selon les éditions, 40 000 (4 myriades = 40 000) ou 4 000. Le texte hébreu actuels , en tient, lui, au nombre de 4 000... La plupart des exégètes également, en le jugeant seul vraisemblable.

Qu'on admette ou non les « 40 000 chevaux », on a peine à imaginer l'importance, la richesse des civilisations disparues. La règne de Salomon est l'apogée agricole et commercial d'Israël, enfin en paix avec ses voisins; la Population paraît dense, même si le chiffre du recensement de David vaut ce que valent ceux des précédents; on sacrifie sur le territoire d'Israël, lors de la dédicace du Temple, 22 000 boeufs et 120 000 moutons, ce qui veut dire au moins un nombre jusque-là incroyable. L'or ruisselle à Jérusalem; les recettes de l'État, selon le premier livre des Rois (chap. 10, vers. 14) font entrer chaque année dans le Trésor 666 talents d'or (23 tonnes). 666 : ce chiffre, évidemment «arrondi » de façon symbolique, signifie sans doute la plénitude de richesse et de puissance temporelle. Nous ne le retrouverons que dans l'Apocalypse (chap. 13, vers. 18)... C'est le chiffre de la Bête qu'adorent les hommes, image inversés de l'Agneau divin. Et voici qu'en effet les richesses, la puissance politique (et les femmes : les nations païennes) pourrissent le coeur de Salomon. La gloire, l'argent, la chair détournent de Dieu l'homme le plus sage. Les dons de Dieu cachent Dieu lui-même. La royauté triomphante d'Israël, hélas! n'est pas loin de sa décadence.


En ce temps-là, la Bible

No 13 page IV.
Texte intégral

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La surprenante loi de l'anathème

L'anathème est présenté à plusieurs reprises comme une consécration totale à Dieu de tout le butin saisi dans la victoire (NOMBRES, chap. 21, vers. 1-3: JOSUE, chap. 6:

JUGES, chap. l, vers. 17: ter SAMUEL, chap. 15) : le vainqueur doit massacrer la population, raser les villes, détruire tout butin possible, de façon à rentrer chez lui les mains vides. Ce qui n'était pas toujours facile à obtenir, nous le verrons (JOSUE, chap. 7, vers. l : ter SAMUEL, chap. 15).

Le texte biblique montre Dieu intraitable lorsqu'on transige et qu'on épargne ce ou ceux qu'on devrait anéantir. Saul, le premier roi d'Israël, semble avoir été rapidement rejeté pour la seule raison qu'il avait épargné Agag, roi des Amalécites. Les sacrifices généreux qu'il offre en compensation ne servent à rien, et c'est dans ce curieux contexte que se situe la parole si souvent citée : « Mieux vaut obéir à Dieu qu'offrir des sacrifices » (l er Samuel, chap. 15, vers. 22). En vain Saul implorera son pardon.

Il est évident que, dans l'exemple choisi, le but de l'auteur n'est pas de condamner la clémence de Saul à l'égard du roi vaincu. C'est condamner de sa désobéissance à une volonté divine clairement exprimée.

Les desseins de Dieu sont insondables pour le jugement de l'homme on peut cependant imaginer les opérations en vue desquelles est prescrit l'anathème comme des interventions chirurgicales où il convient de supprimer sans en rien laisser tout ce qui pourrait à l'avenir faire renaître le mal. Or le mal, autant que l'opposition à l'installation d'Israël en Canaan, c'est l'idolâtrie et les moeurs païennes dans le cas des Amalécites.

Le Deutéronome (chap. 7, vers. 1-5; chap. 20, vers. 16-18) précise bien que cette loi de l'anathème voue à l'extermination tous les peuples de Canaan pour éviter au peuple élu les risques d'une corruption de cette nature.

Pas de profit personnel pour le combattant Malgré sa cruauté, reflet des usages religieux et guerriers d'une haute époque et qu'on voit malheureusement renaître parfois après vingt siècles de « civilisation chrétienne » greffée sur le meilleur des sagesses antiques,l'anathème avait un autre effet : celui de frustrer les combattants de tout avantage personnel en cas de victoire. On se battait alors parce qu'il le fallait pour le bien de la communauté à laquelle on appartenait. Pas pour s'enrichir du bien des autres. Quoi qu'il en soit, il semble que le sacrifice absolu de tout ce qui est ou touche l'ennemi ait disparu, au moins comme pratique systématique, avec l'affinement progressif de la conscience morale : après l'épisode de Saul un seul cas se rencontre, au 1er Livre des Rois (chap. 20, vers. 42), où un prophète anonyme exige l'application de l'anathème et condamne Achab pour y avoir manqué.

Une justification a posteriori

Rien n'empêche d'ailleurs de penser que les massacres ayant été...

ce que les avaient faits les guerres menées à la manière du temps, ils aient reçu après coup une justification théologique. Elle était utile pour tirer, même de ces sanglants récits, des enseignements sur la soumission à Dieu, et le danger des mauvaises fréquentations ; mais maintenant elle nous satisfait mal, parce que nous jugeons le tout en référence à la morale idéale de l'homme civilisé du XXe siècle à qui a été prêchée la bonté du Père du ciel « qui fait tomber sa pluie sur les bons et les mauvais ».

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