LA PALESTINE AU TEMPS DE
JÉSUS-CHRIST
LIVRE SECOND - LA VIE
RELIGIEUSE
CHAPITRE
IX
LES PURIFICATIONS. - LES JEUNES. - LES
AUMÔNES
Les lois sur la pureté
dans le Pentateuque. - Comment les
Pharisiens les avaient modifiées -
Ordonnances diverses. - L'origine du
baptême. - Les six espèces
d'eaux purificatrices. - L'opinion de R.
Aquiba.
Le jeûne dans l'Ancien
Testament. - Les jeûnes prescrits
par le Sanhédrin. - Les
jeûnes facultatifs deux fois par
semaine.
L'aumône
méritoire. - La charité chez
les Juifs. - Citations de Maimonide, - La
dîme. - Les diverses sortes
d'aumônes.
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LES PURIFICATIONS
Les peuples orientaux, qui vivent sous un climat
brûlant, ont compris, de temps
immémorial, la nécessité de
fréquentes ablutions. La santé, la
vie même en dépendent; et, de bonne
heure, ces purifications prirent un
caractère religieux. Elles turent inscrites
par les législateurs dans leurs codes, et,
dans les constitutions théocratiques,
considérées comme des ordres divins.
Aussi toutes les religions de l'Orient font-elles
aux ablutions une part importante dans leurs
pratiques obligatoires.
Dans le mahométisme, par exemple,
elles jouent un rôle de premier ordre, et le
mosaïsme, sur ce point, n'a pas
échappé à la loi commune
(1).
Il semble, au premier abord, qu'il soit
difficile d'être plus exact et plus minutieux
que Moïse dans ses ordonnances sur cette
question des purifications. Il entre dans tous les
détails, il n'oublie aucun des cas qui
peuvent se présenter. Eh bien, tout cela ne
semble rien lorsqu'on connaît, les traditions
que nous a transmises la
Mischna. Elle ne renferme pas moins de douze
volumineux traites sur ce sujet, à commencer
par le traité Kelim, qui distingue les
diverses espèces d'impureté et
commente les passages du Pentateuque que nous
venons de rappeler
(2). Chaque cas
particulier donne lui-même naissance à
une foule de cas plus spéciaux encore et
ceux-ci à leur tour sont l'origine de
nouveaux détails. Ici comme partout c'est,
le même principe judaïque qui est
appliqué : la Loi est commentée et ce
commentaire est expliqué à son tour,
en. attendant que l'explication donnée ait
elle-même besoin d'être
développée et précisée,
et ainsi de suite à l'infini. L'origine de
toutes ces prescriptions est le désir de
faire ce que la Loi ordonne. Peu importe le bien ou
le mal considérés en eux-mêmes;
la question est toujours : Qu'est-il permis?
Qu'est-il défendu?
Ou pouvait contracter l'impureté
de plusieurs manières celles-là
avaient été indiquées dans la
Thorah.
Tel animal était interdit, tel
autre ne l'était pas ; une femme devait,
après ses couches, se considérer
comme impure pendant un certain temps. Les lois sur
la lèpre étaient également
très rigoureuses. Le contact d'un cadavre
entraînait aussi une souillure dont il
fallait se garder avec soin, et, si on la
contractait, il fallait s'en purifier. Ces lois *se
comprennent admirablement dans une
législation donnée à un peuple
encore enfant et vivant sous un climat
exceptionnellement chaud. L'usage de telle viande
était malsain, la contagion de la
lèpre paraissait redoutable et, après
un décès, il fallait naturellement
éviter tout ce qui pouvait provoquer une
épidémie. Mais, au premier
siècle, le caractère purement
hygiénique de ces ordonnances n'était
plus compris.
Ce n'était plus telle viande qui
était interdite, mais toute chair qui
n'avait pas été par l'acquittement de
la dîme ; c'étaient les aliments
vendus par un « Gentil » qui
étaient souillés.
Le vin, l'huile, le froment, le pain de provenance
païenne étaient interdits; on ne
pouvait être certain, en effet, de la
pureté de ces aliments. Les
Esséniens, poussant à l'extrême
ces principes, avaient dû se retirer dit
monde; à ce prix seul ils étaient
sûrs d'éviter toute souillure. Quant
aux Pharisiens ordinaires, ils étaient
astreints à une vigilance extrême et
chaque fois qu'ils avaient touché un
vêtement, un meuble, un objet quelconque dont
la pureté n'était pas
évidente, ils ne s'en tiraient qu'à
l'aide d'ablutions et de purifications
répétées. Les Saducéens
étaient fort sceptiques sur cette question.
lis représentaient, ici comme ailleurs, le
bon sens, la largeur et J'esprit. Ils raillaient
les Pharisiens de leurs sottes minuties. Nous avons
cité ailleurs cette plaisanterie : Ils
finiront, disaient-ils, par vouloir « purifier
le globe du soleil. »
Le fait est que rarement la passion du
détail inutile, de la minutie oiseuse n'a
été poussée aussi loin. Les
casuistes attachaient une importance capitale
à la matière dont un objet
était fait, à sa forme, à son
état de conservation. Si un vase de terre
était creux, l'intérieur seul
contractait la souillure, il suffisait alors d'en
casser un petit morceau pour lui rendre sa
pureté primitive; mais il fallait savoir de
quelle grandeur serait la cassure
(3). La Mischna
nous donne les listes de ces vases creux; elle les
classe, elle les nomme sans en oublier un seul et
elle décrit chacun d'eux sans omettre un
détail
(4). Quant aux
objets plats de bois, de cuir, d'os, de verre, ils
ne peuvent contracter de souillure. Cependant, sous
les Macchabées, José ben Joeser et
José ben Jochanan de Jérusalem
avaient déclaré impurs les vases en
verre avec autant de gravité que lorsqu'ils
déclaraient souillés les pays
habités par des païens. Rabbi
Eliézer, un peu plus large que ses
confrères, disait qu'il fallait surtout
tenir compte de la destination de l'objet. Et puis,
pour les vases qui étaient creux, il fallait
faire grande attention à la
manière dont on les
saisissait. Si les mains sont pures, mais que
l'extérieur d'une coupe soit impur, on peut
contracter une souillure en la prenant
(5).
N'insistons pas davantage sur de si
singulières aberrations.
Les purifications étaient de deux
sortes, ou prenait un bain on bien on se contentait
de se laver les mains « jusqu'au poignet
» (6).
L'immersion totale du corps n'était
nécessaire que dans les cas graves : le
contact d'un reptile, d'un cadavre ou d'un
lépreux
(7). Au retour de
la place publique ou du marché, on se
bornait à se laver les mains, mais on
purifiait avec soin la vaisselle dont on se servait
à table et les lits sur lesquels on
s'étendait pour prendre son repas.
Le contact d'un païen
nécessitait aussi probablement un bain
complet, et nous croyons deviner ici l'origine du
baptême. On s'est demandé souvent si
les Juifs avaient l'habitude de baptiser les
prosélytes païens, cela nous semble
évident. Peut-on citer un texte à
l'appui? nous l'ignorons, mais puisqu'un Juif qui
avait été en contact avec un
païen devait prendre un bain pour se purifier,
à bien plus forte raison un païen qui
se convertissait an Judaïsme devait-il se
purifier par une immersion totale du corps entier.
Ce n'est pas tout. Si l'eau purifie,
disait-on, quelle eau purifie le mieux? et ne
faut-il pas une eau spéciale pour les bains
entiers, une autre pour l'ablution des mains, une
autre pour le lavage des objets? La Mischna
distingue alors six espèces d'eaux formant
une hiérarchie :
- 1° l'eau des étangs ou des
citernes qui est stagnante ; cette
première espèce d'eau ne peut
servir que pour les mains.
2° l'eau de montagne qui coule
encore; elle ne peut aussi être
utilisée que pour les
mains.
3° l'eau puisée en
quantité supérieure à
quarante mesures; elle est suffisante pour un
bain entier de purification et pour le lavage de
tel ou tel objet;
4° l'eau de source peu
abondante; elle sert aussi pour les bains,
même si elle est stagnante;
5° l'eau courante
minérale ou thermale, et enfin
6° l'eau de source pure.
Cette dernière espèce
d'eau, la meilleure de toutes, doit seule
être employée dans les cas
où la souillure est très grave,
pour les plaies purulentes, pour les bains des
lépreux.
Ce n'est pas tout encore. Chacune de ces six
sortes d'eaux fournissait la matière de
discussions nouvelles : par exemple celle qui porte
le No 3 (quarante mesures d'eau), ne faut-il pas se
demander d'où elle vient? si ces quarante
mesures ont été rassemblées
par des tuyaux, des conduits et qu'elles ne
viennent pas toutes d'une rivière, d'une
source, est-il permis de s'en servir? Et la neige
ou la glace fondue, peut-on les utiliser ? Pour le
lavage des mains, d'autres questions
s'élevaient. On déterminait dans
quels vases ce lavage pouvait se faire, quelle eau
il fallait employer, et jusqu'où il fallait
plonger les mains
(8). Jamais une
personne pieuse ne commençait son repas sans
avoir rempli cette formalité. Jésus
est blâmé de se mettre à table
sans s'être lavé les mains
(9). La Mischna
nous raconte
(10) que
lorsque Rabbi Aquiba était en prison, on ne
lui donnait qu'une quantité d'eau assez
limitée. Un jour son geôlier, trouvant
qu'il en avait encore trop, lui dit : « Tu as
trop d'eau ; » et il en répandit la
moitié. Or, ce jour-là, Rabbi Josua
entra dans la prison après le geôlier
et R. Aquiba lui dit : « Donne-moi l'eau pour
que je me lave les mains; » et R. Josua lui
dit: « Il en reste à peine assez pour
que tu boives, comment veux-tu te laver les mains ?
» et R. Aquiba répondit : «
J'aimerais mieux mourir de soif que de transgresser
les prescriptions sur le lavage des mains. »
Nous savons par maints détails
des évangiles
(11) que, au
temps de Jésus-Christ, chacun Pensait comme
Rabbi Aquiba.
.
LE JEUNE ET L'AUMÔNE
La loi de Moïse s'est montrée
très réservée sur la question
du jeûne. Elle ne l'ordonne qu'une seule fois
par an au grand jour des expiations
(12).
L'Ancien Testament parle ailleurs de
jeûnes facultatifs et individuels
(13). Ils
pouvaient être un moyen de pénitence
(14).
Après l'exil, des jeûnes
réguliers furent organisés au
cinquième mois (Ab), soit en mémoire
de la ruine de Jérusalem et du Temple, soit
pour rappeler d'autres faits du passé
(15).
Ils étaient extrêmement
rigoureux ; on s'abstenait entièrement de
nourriture et cette abstinence durait souvent d'un
soir à l'autre, c'est-à-dire
vingt-quatre heures consécutives.
Cependant, d'après certains
Rabbins, la nuit ne comptait pas. R. Chasda dit :
« Le jeûne que le soleil
n'éclaire pas (c'est-à-dire la nuit)
n'est pas un jeune. » On pouvait alors manger
et boire pendant la nuit qui
précédait. « Il est permis de
manger et de boire jusqu'à ce que l'Orient
soit éclairé
(16). Il faut
dire aussi que l'ardeur du climat rendait plus
facile qu'elles ne le seraient sous le nôtre
ces abstinences prolongées.
Au premier siècle, leur pratique
était tout à fait entrée dans
les moeurs religieuses de la nation. On peut
distinguer les jeûnes nationaux
décrétés par le
Sanhédrin soit à
des époques fixes, soit
dans des circonstances extraordinaires et les
jeûnes individuels, laissés à
l'initiative privée et que chacun s'imposait
dans telle ou telle occasion. Les uns ou les autres
ne tombaient jamais le jour du Sabbat.
Le jeûne d'automne, prescrit par
Moïse lui-même, était le plus
important des jeûnes nationaux et d'autant
plus rigoureux que la pluie tardait davantage
à venir. Cette pluie, appelée «
de la dernière saison
(17), »
était indispensable à la culture des
terres. Si l'on arrivait au 17 Marcheschvan sans
qu'il eut encore plu., le Sanhédrin
ordonnait trois jours de jeûne. Si, à
la nouvelle lune de Kisleu, la pluie n'était
pas encore tombée, trois nouveaux jours
étaient décrétés. Si
tout le mois de Kisleu se passait et qu'il ne
tombât point d'eau, le Sanhédrin
imposait encore trois jours de jeûne et,
après ceux-là, une semaine
entière pour obtenir cette pluie si
ardemment désirée.
Il faut aussi distinguer les
jeûnes des synagogues, ils étaient
provoqués, comme, ceux des particuliers, par
telle ou telle épreuve. « Il y a des
afflictions dans les congrégations
(18),
voilà pourquoi on jeûne; les attaques
des ennemis, le glaive, la peste, les animaux
nuisibles. » Quant aux jeûnes
privés il est dit : « Si un homme a
quelqu'un des siens malade, ou errant dans un
désert, ou enchaîné dans une
prison, il est tenu de jeûner pour lui.
»
Ces abstinences soit de la synagogue
entière, soit d'une seule famille, ou
même d'une seule personne, se pratiquaient
surtout le lundi et le jeudi, le deuxième et
le cinquième jour de la semaine, et les
Pharisiens pieux allaient jusqu'à
jeûner régulièrement toute
l'année ces deux jours-là sans autre
motif que leur dévotion
(19). Il est
bien entendu que ce jeûne du. deuxième
et du cinquième jour était
facultatif. Il passait cependant pour avoir
été institué par Esdras.
« Il a établi, disait-on,
la lecture publique de la Loi,
le deuxième et le cinquième joui de
la semaine, parce que Moïse monta sur la
montagne pour recevoir les tables de la Loi le
cinquième jour et en redescendit le
deuxième et, de plus, on jeûne ces
deux jours-là
(20)
».
Parfois on jeûnait pour les motifs
les plus bizarres : se procurer des rêves
agréables, trouver l'explication d'un songe,
détourner un présage. Il y avait
aussi des jeûnes de divers degrés. Le
moins rigoureux de tous était celui
où l'on pouvait encore s'oindre la
tête et se laver le visage. Ensuite venait
celui où l'on s'interdisait ces deux actes
(21), et enfin
lorsqu'on pratiquait le jeûne dans toute sa
rigueur on devait s'abstenir même de saluer
ses amis quand on les rencontrait
(22). Si
Jésus recommande celui du premier
degré
(23), c'est
afin qu'il reste secret et qu'on ne soit pas
tenté de s'en faire un mérite. Du
reste, ses disciples ne jeûnaient point,
tandis que ceux de Jean-Baptiste jeûnaient
(24). Lorsque
le Christ parle des Pharisiens qui ont le visage
défait quand ils jeûnent
(25), il fait
probablement allusion à l'habitude
pharisienne de se mettre de la cendre sur la
tête et sur le visage. « Dans les jours
de jeûne, disent les Talmuds, chacun prend de
la cendre et se la met sur la tête
(26). » On
disait de Rabbi Joshua, fils d'Ananias : «
Tous les jours de sa vie sa face a
été noire à cause de ses
jeûnes. »
Si le jeûne était
méritoire, l'aumône l'était
davantage encore.
Il est certain que les enfants
d'Israël la pratiquaient. Le souci des pauvres
était une de leurs préoccupations et
l'usage de recueillir des offrandes pour eux a
existé chez les Juifs avant de s'introduire
dans l'Eglise chrétienne ; cependant un
abîme sépare les
deux pratiques. Celle des chrétiens
n'était pas méritoire et surtout elle
s'étendait indistinctement à tous les
hommes. Saint Paul a collecté parmi les
Grecs de l'argent destiné aux
Judaeo-chrétiens pauvres de
Jérusalem, fait unique dans l'histoire, acte
entièrement nouveau, consécration de
l'universalisme apporté au monde par
l'Evangile. Le Juif n'était charitable
qu'envers le Juif, lui seul était « son
prochain », et il est singulièrement
instructif de mettre en regard de la parabole du
bon Samaritain certaines paroles implacables de
Maimonide, celles-ci par exemple : « Les
Israélites hérétiques,
c'est-à-dire ceux qui adorent des idoles et
ceux qui nient la Loi et les Prophètes,
doivent être tués, si possible
publiquement, sinon en secret
(27). »
Ces mots désignent certainement les
Samaritains et nous savons par l'histoire de la
guerre de 66-70 que les zélotes n'ont pas
hésité à pratiquer ce
précepte. «
Quant aux païens, dit le même
auteur, qui ne sont pas en guerre avec nous, il
n'est pas ordonné de les tuer, mais il est
défendu de les arracher à la mort. Si
un Juif en voit tomber un à la mer, il ne
doit pas l'en retirer. Il est bien écrit: Tu
ne te lèveras pas dans le sang de ton
prochain, mais celui-ci n'est pas ton prochain
(28). »
Tacite était donc bien fondé à
dire des Juifs : « Ils sont
célèbres par leur haine du genre
humain. » Le sentiment de la charité
était absent de ces coeurs
desséchés et le mot de Jésus :
« Tu aimeras ton ennemi
(29), »
était absolument nouveau quand il fut
prononcé. L'hymne de saint Paul à la
charité
(30) ne
pouvait, être comprise d'un Juif; ce que
celui-ci appelait « l'exercice de la
miséricorde » ne comprenait que deux
devoirs : « assister l'Israélite pauvre
ou prisonnier de son argent ou l'assister de sa
personne en le consolant dans ses afflictions
(31). »
L'aumône principale était
la dîme ; on ne la donnait pas toujours dans
un sentiment de charité, mais souvent dans
un sentiment de crainte car « celui qui mange
des aliments non dîmés a
mérité la mort
(32) » et
c'est bien dans cet esprit que le Pharisien de la
parabole dîmait tout ce qu'il
possédait
(33). Quant
à Zacchée, s'il donnait « la
moitié de sa fortune aux pauvres
(34), » il
s'agissait évidemment du bien mal acquis.
Ces dîmes prélevées sur tous
les aliments étaient si
généralement usitées que
Jésus-Christ lui-même les a
approuvées, celles de la. menthe, de l'anet
et du cumin comme les autres
(35) : En
effet, « tout ce qui fait partie de la
nourriture, tout ce qui est une
propriété privée, tout ce qui
naît de la terre est dîmé
(36).
»
L'aumône, méritoire aux
yeux de Dieu, l'était davantage encore si
elle restait ignorée des hommes, et les
Juifs approuvaient beaucoup les aumônes
secrètes : « Celui qui fait
l'aumône en cachette est plus grand que
Moïse notre maître
(37) ».
Aussi Jésus-Christ n'a-t-il
été sans doute que l'écho de
plusieurs de ses contemporains quand il s'est
écrié : « Ne sonne pas la
trompette devant toi quand tu fais l'aumône
(38). » Il
ne faut probablement voir dans cette expression
qu'une image. Nous avons bien parlé de la
trompe conservée dans l'armoire de la
Synagogue et, comme on collectait de banc en banc
pendant le service, on pourrait supposer (lue les
Pharisiens faisaient annoncer au son de cette
trompe le chiffre de leurs dons; mais les Talmuds
ne font nulle part allusion à cet usage qui
nous semble fort douteux
(39).
Les aumônes proprement dites
étaient de trois sortes :
- 1° Celles que l'on mettait dans les
troncs publics; trois diacres
les recueillaient et les
distribuaient aux indigents ;
2° la collecte faite à la
synagogue plus spécialement
affectée aux pauvres de la ville ou du
village. Saint Paul conseille aux
chrétiens d'imiter cette pratique et de
mettre à part chaque premier jour de la
semaine les sommes qu'ils réservent aux
pauvres
(40).
L'argent ainsi recueilli dans les synagogues
était distribué le soir
même;
3° l'aumône du champ,
c'est-à-dire le coin du champ qui
n'était pas mesuré, les gerbes
laissées par les moissonneurs
intentionnellement ou non, et les restes de la
vendange
(41).
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