En ce
temps-là, la Bible
No
48 pages I-II.
Joseph DHEILLY
professeur à
l'institut catholique de Paris
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La communauté d'Israël
vit dans l'oeuvre de ses psalmistes
Le Psautier n'est pas un recueil de
prières abstraites, coupées de l'existence
quotidienne. Les auteurs sacrés font partie d'une
communauté, et en épousent les
préoccupations. On discerne en filigrane, dans leurs
poèmes, la situation politique, sociale et
économique du peuple juif, en même temps que
les grands traits de sa vie spirituelle et religieuse.
Quelques exemples glanés à travers tout le
recueil, dont ce numéro présente les
dernières pages, fourniront les repères utiles
à une vue d'ensemble sur l'Israël des
psalmistes.
Les événements
politiques fournissent assez fréquemment aux chants
de triomphe ou de détresse, qui deviendront
prières de louange ou de supplication, le tremplin ou
la forme de leur inspiration. Ainsi le psaume 44 (45 de
l'hébreu) qu'on devait interpréter plus tard
dans un sens messianique, fait sans doute allusion d'abord
au mariage d'un roi - Jéroboam II ou Achab? - avec
une princesse de Tyr. Les détails donnés sont
ceux du cérémonial de cour usité en
pareille circonstance. Les psaumes 1 3 (héb. 14) et
105 (héb. 106) parlent du rapatriement des captifs
:
Les soucis de la
paix
Les hasards de la guerre
Les mystères de la foi
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En ce
temps-là, la Bible
No
54 page IV.
Dom J. GOLDSTAIN
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La génération
éternelle de la sagesse
L'idée que la sagesse
appartient à Dieu seul est très ancienne en
Israël. Dès les premières pages de la
Bible, « la science du bien et du mal »
apparaît comme une prérogative que Yahvé
se réserve, et qu'il n'accepte pas de laisser
dérober impunément par les hommes (GENESE,
chap. 2, vers. 17; chap. 3, vers. 22). Prétendre
s'approprier cette science de son propre chef, sans
l'attendre et la tenir de Dieu, c'est attenter à la
majesté divine (JOB, chap. 15, vers. 8).
Ézéchiel encore (chap. 28, vers. 1 )
reprochera plus tard au roi de Tyr de s'être
enorgueilli d'une sagesse qui lui aura sans doute valu
puissance et richesse mais qui l'a aussi
entraîné à « se faire un cour comme
celui d'un dieu », c'est-à-dire à se
croire sage, alors qu'il n'est qu'un homme, Mais voici
qu'à son heure l'inspiration d'En-Haut visite «
les sages d'Israël » : Ils apprennent que le don
est accordé aux hommes; la sagesse réside
parmi eux. Elle est alors pensée comme un être
divin qui subsiste près de Dieu et en lui. Et cette
personnification permet de concevoir que l'Eternel demeure
dans la transcendance de son unité, tout en devenant
immanent, tout proche de cette humanité à qui
il a donné cette «compagne» de toutes ses
oeuvres.
Conseillère du
Créateur puis de sa créature
Sous les mêmes images: le Verbe
et la Sagesse
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En ce
temps-là, la Bible
No
49 page I.
Jean-Pierre Charlier o.p
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LE LIVRE SACRÉ de la vie
quotidienne
« Celui amasse au moment de la
récolte est un garçon avisé celui qui
dort à la belle saison est fils du désordre
» (chap. 1 0, vers. 5). « Un anneau d'or au groin
d'un pourceau, telle est une jolie femme dépourvue de
raison » (chap. 11, vers. 22). « Mauvais, mauvais!
dit tout acheteur, mais une fois parti, il se
félicite » (chap. 20, vers. 14). Il est ainsi
près d'un millier de sentences, enfilées comme
les perles d'un collier, qui remplissent le livre des
Proverbes. Dans cette masse, moins de soixante-dix citent le
nom même de Dieu. Que cette étonnante et
malicieuse littérature, souvent terre-à-terre,
ait trouvé place dans le recueil des Écritures
tenues pour inspirées par juifs et chrétiens
(elles sont admises au « canon»), voilà qui
peut surprendre. Mais le sage vit, quoi qu'il fasse, sous le
regard de Dieu, et les maximes du bon sens
n'appartiennent-elles pas elles aussi aux
vérités éternelles?
C'est au séculaire bon sens
populaire et paysan qu'il faut demander le plus ancien fond
du livre des Proverbes. Sagesse qui vient de la terre et y
découvre des règles de vie : la manière
de tracer un sillon, le triste épilogue de la
fainéantise, les moeurs des animaux, l'importance des
bornes qui délimitent le champ, rien de tout cela
n'échappe à l'oeil perspicace de ces La
Fontaine de l'Antiquité biblique.
La théologie des
« dicte du roy »
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En ce
temps-là, la Bible
No
49 page IV.
J. DHEILLY
Professeur à
l'Institut catholique de Paris
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L'inventaire de la maison où
s'exprime la sagesse
Le terme de « Proverbes»
(mashal, en hébreu) recouvre une
réalité fort complexe : on trouvera certes,
dans le livre qu'on va lire, des proverbes au sens
français du terme, mais aussi des formules où
l'auteur recourt à des comparaisons qui orientent
vers la parabole. Qu'on lise, au chapitre 6, le petit
passage plein d'humour sur « la fourmi et le paresseux
» ! Ajoutons enfin, au genre ici cultivé,
l'allégorie et l'énigme.
Ce sont les parties les plus anciennes
(chap. 10-22 et 25-29) qui présentent des sentences
courtes et bien frappées. Dans les parties plus
récentes, on rencontre des développements plus
amples qui sont parfois de véritables exhortations.
Le prologue (chap.1-9) expose les avantages de la sagesse et
les moyens de l'acquérir. Vers la fin de l'ouvrage on
trouve enfin des proverbes numériques (« Il y a
trois choses qui me dépassent et une quatrième
dont je ne sais rien »), mélange
d'allégorie et d'énigme, et un poème
acrostiche ou alphabétique, comme le sont certains
psaumes (la première lettre de chaque vers est
choisie dans l'ordre de l'alphabet), sur la femme
idéale.
Dans «la
tradition» de Salomon
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En ce
temps-là, la Bible
No
50 pages I-II.
Henry CAZELLES, p.s.s.
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Sagesse de scribe, sagesse royale,
sagesse biblique
Qu'est-ce que la Sagesse? Si la a
Bible nous donne une doctrine de sagesse
élaborée au cours de la vie d'Israël par
des hommes de réflexion attentifs à la vie de
leur peuple et à la vie de l'homme, il s'en faut que
cette doctrine recouvre toute cette sagesse de l'Orient
à laquelle, aux dires du livre des Rois (chap. 5,
vers. 10), Salomon fit concurrence. Avant d'être une
doctrine, la sagesse fut une terminologie, la sagesse fut
une littérature. Ce fut même une
littérature d'école. Ce qu'on appelle
écrits de sagesse égyptiens avait alors pour
titre « enseignement » d'un tel à un tel.
Un certain Ptah-hotep qui fut vizir du pharaon Isési
vers 2400 av. J. C. raconte comment, devenu âgé
et souffreteux, il demanda « un bâton de
vieillesse » et souhaita transmettre ses fonctions
à son fils. Le pharaon accepta à la condition
qu'il couche par écrit au profit de ce fils le
résultat de son expérience.
La clef du succès
écouter et obéir
Le livre des Proverbes sauve
l'héritage des scribes
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En ce
temps-là, la Bible
No 49 page II.
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Le temps de la
maturité
Les neuf premiers chapitres du livre
des Proverbes sont, de toute évidence, d'une autre
veine que les maximes recueillies sans ordre dans la suite
de l'ouvrage. Ils datent de l'époque de la
maturité des Sages, après le retour d'Exil,
vers le Ve siècle finissant. Pour aborder cette
littérature nouvelle, qui prélude en fait
à des oeuvres telles que Job, l'Ecclésiastique
(dit aussi « le Siracide », du nom de son auteur
-. Jésus ben Sirach) ou la Sagesse, un bref rappel du
contexte historique est utile.
Les 50 années d'exil en
Babylone ont apparemment tout ruiné. Le Temple est
détruit, la liturgie a cessé, la dynastie de
David en laquelle reposait l'espérance messianique a
disparu, du moins de la scène officielle. Mais
l'épreuve est purificatrice. Les prophètes
l'ont interprétée comme un nouvel Exode
préparant une Terre promise réduite, certes,
mais plus sainte. Le temps fut propice à la
méditation des Écritures qui se sont
gonflées de gloses nuançant l'expression de la
foi d'Israël. Le retour s'est enfin
opéré, dans l'allégresse d'abord, la
mise à l'ouvrage, souvent pénible, ensuite.
Puis, le Temple rebâti, la vie a repris.
Cléricalisation des
sages
Et la Sagesse devint femme
Du poème à la
réalité
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En ce
temps-là, la Bible
No
45 page II.
J. DHEILLY Professeur
à l'institut catholique de Paris
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Le chant des sacrifices, des
fêtes, des saisons...
Si les psaumes constituent ' ainsi que
nous l'avons dit, le principal recueil de prières de
l'Ancien Testament, il y a certes d'autres «
prières » dans la Bible : nous avons vu Abraham,
Jacob, Moïse, Salomon s'adresser à Dieu, et nous
trouverons de semblables adresses chez les prophètes.
Mais c'est bien dans le psautier qu'on rencontre la
prière qu'on pourrait appeler à l'état
pur, hors du contexte historique si l'on tient compte de
toutes les transpositions nécessaires
précédemment évoquées.
Il s'agit avant tout d'un recueil dont
les différentes pièces ont servi à la
liturgie d'Israël : le chant des psaumes accompagnait
l'offrande des sacrifices au Temple de Jérusalem, ou
soulignait certaines cérémonies
particulières lors des grandes fêtes du peuple
de Dieu.
Au temps de la saison des pluies, le
psaume 64 (65 de l'hébreu) était une
prière de remerciement que l'on adressait au Ciel :
faute d'eau la terre eût été
improductive; les ondées étaient au contraire
comme une visite bienfaisante du Tout-Puissant : «
Visite la terre, arrose-la, donne lui [l'opulence, le
ruisseau de Dieu est plein d'eau ... baigne-la d'averse et
bénis sa germination
Le Psaume 66 (67 de l'hébreu)
était utilisé par la liturgie lorsque la
récolte était faite : ... La terre a
donné ses fruits, que Dieu, notre Dieu, nous
bénisse »
Psaumes du «
Hallèl » et psaumes « des montées
»
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En ce
temps-là, la Bible
No
44 page IV
J. DHEILLY
Professeur à
l'Institut catholique de Paris
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Du livre des louanges à
l'actuel psautier
Le psautier comprend 150 psaumes aussi
bien dans le recueil de la Bible hébraïque,
appelé « livre des louanges », que dans les
textes grecs (Septante) et latin (Vulgate). Mais la
séparation entre les différents psaumes
n'étant pas apparente dans les anciens manuscrits
hébreux, les coupures de l'un à l'autre ont
été faites parfois de manière
arbitraire : l'absence de titre en bien des cas laissait
place à l'initiative des copistes. En sorte que
l'hébreu d'une part, la Septante et la Vulgate de
l'autre ont adopté des coupes différentes, ce
qui entraîne des numérotations
différentes elles aussi -. seuls les huit premiers
psaumes et les trois derniers portent les mêmes
numéros d'ordre dans l'hébreu et dans les
versions grecque et latine. Nos lecteurs trouveront donc, en
tête des autres, à la fois la numéro
qu'a retenu la Vulgate et le numéro que
l'hébreu lui attribue; retenons qu'en
général, celui-ci l'emporte d'une unité
sur celui-là.
Saint Jérôme
a traduit trois fois les psaumes
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En ce
temps-là, la Bible
No
45 page IV. No 46 page IV.
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Les genres littéraires du
psautier
Dire que les psaumes constituent un
remarquable monument de la poésie d'Israël est
exact. Mais la « Poésie » est un monde, et
l'art des poètes s'y exprime sur des sujets forts
divers, avec des techniques variées et bien des
nuances : « les Nuits » de Musset ne ressemblent
guère au « Cid » de Corneille, et pas
davantage aux poèmes de Prévert. Le recueil
d'oeuvres poétiques qu'est le psautier n'est pas fait
non plus d'éléments rigoureusement
homogènes. On discerne parmi les 150 morceaux qui le
composent des caractères littéraires relevant
de plusieurs « genres », sur lesquels nos lecteurs
trouveront dans ce numéro et le suivant les quelques
indications utiles à la bonne intelligence des
textes.
Les psaumes
lithurgiques
Les psaumes de louanges
Les psaumes d'espérance
Les psaumes de remerciement
Les psaumes de souffrance
Les psaumes d'enseignement et de
méditation
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